L'Odyssée du prix : Vie chère, low-cost, gratuité, une phénoménologie du prix de Philippe Lentschener

L'Odyssée du prix : Vie chère, low-cost, gratuité, une phénoménologie du prix de Philippe Lentschener

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Shelton, le 10 août 2009 (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans)
La note : 8 étoiles
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Ayant trouvé, un peu par hasard, un ouvrage de Philippe Lentschener, L’Odyssée du prix, l’ayant trouvé passionnant, j’ai décidé de vous le présenter même si le sujet n’est pas si estival que cela… Quoi que… Passer des vacances, c’est aussi trouver le bon rapport qualité prix pour des activités, des séjours, des voyages, des loisirs… Or, cet auteur, alors président du réseau Publicis France, nous parle de low-cost, de hard-discount, de gratuité, du prix des choses, des façons de sortir de certaines logiques économiques…
La première surprise de cet ouvrage est le ton. En effet, je croyais que tout allait être compliqué, abscons, illisible… et voilà que je trouve un livre qui se dévore, qui est passionnant, que l’on a envie de lire d’un seul coup, sans faire de pose, ce que j’ai presque réussi (2 pauses)…
Une première question fondamentale : pourquoi faut-il un prix aux choses ? En fait, « les prix ne s’accrochent qu’à une part relativement restreinte des activités ou des sentiments humains : ils concernent tout ce qui peut s’échanger. Ils définissent les termes de l’échange : il y a une offre, une demande et, lorsqu’elles s’accordent entre elles, un prix se forme. »
Mais voilà, cette définition bien connue, même si bien formulée, est dépassée. En effet, nous avons, depuis quelques années, des acteurs qui ont cassé les prix (low-cost) par exemple dans le transport aérien et d’autres qui ont supprimé les prix (no-cost) par exemple dans la presse quotidienne… Comment expliquer au voyageur qui prend la direction de Dublin pour une poignée d’euros qu’il ne paye pas le prix du voyage ? En fait, celui qui bénéficie de cette « affaire » ne voit qu’une chose, il va bien passer ses vacances en Irlande. Le reste n’est pas son affaire. Que les frais fixes de la compagnie soient bien payés, que l’on engendre même des bénéfices en agissant ainsi… enfin, tout cela n’a pas d’intérêt pour lui, sauf si c’est au détriment de la qualité de l’entretien de l’avion… Malheureusement, quand il achète le billet, il n’y pense pas et quand l’avion s’écrase… il ne peut plus y penser…
Comment faire comprendre au lecteur d’un gratuit comme Métro, 20 minutes ou Direct 8 que l’information a un coût ? « Sa gratuité n’est qu’apparente. Car ces quelques instants fugitifs ont pour la marque qui s’affiche dans le journal gratuit une valeur tout à fait mesurable. Le résultat est que l’information paraît gratuite. Lorsque au kiosque à journaux vous devez sortir plus d’un euro de votre poche pour l’achat d’un quotidien plus classique, ce paiement doit désormais être justifié dans votre esprit par une évidente valeur ajoutée du contenu. Pour connaître la météo ou jeter un bref coup d’œil sur les deux ou trois principaux événement de la journée, le gratuit vous semble largement suffisant. »
Tout cela nous donne l’illusion du gratuit, une situation renforcée, que dis-je, surmultipliée par ce qui se passe sur Internet… D’ailleurs, quand vous arrivez sur votre site préféré, je veux dire www.critiqueslibres.com, vous l’aurez compris, pensez-vous à son coût ? Et pourtant, il en a un !
Mais, l’auteur montre, aussi, les conséquences du low-cost et du no-cost : en tirant sur la réalité des prix on délocalise, on diminue la qualité, on restreint les services… pour qu’une minorité en profite. Attention, Philippe Lentschener démontre que ceux qui en profitent sont avant tout des gens qui ont les moyens, qui sont cultivés, qui n’en avaient pas besoin… tandis que celui qui a perdu son travail après délocalisation de son usine, lui, le pauvre, ne bénéficie de rien du tout… Oui, si à court terme, cela peut sembler attrayant de casser les prix pour faire baisser le coût de la vie, à moyen terme, il y a beaucoup plus d’effets pervers…
Philippe Lentschener pense que nous ne sommes plus dans le capitalisme d’autrefois, celui où il y avait des produits, des marques et un marché, mais dans un nouveau capitalisme, il le nomme de son nom anglo-saxon design capitalism.
Un des aspects de ce capitalisme est perceptible quand vous choisissez votre service de téléphonie mobile. On ne parle pas téléphone, ou peu, mais d’esthétique de l’appareil, de services connexes à la téléphonie, d’appareil photo numérique, de radio… et pourquoi pas de machine à café, de photocopieurs ou de ce que vous voulez…
Mais ce nouveau capitalisme est surtout basé sur un concept d’interactivité qui rend les citoyens consommateurs plus acteurs… Les marques s’estompent, les produits rendent des services, on se les échange partout, y compris sur le Net, mais aussi dans la rue lors de vide-greniers (de plus en plus populaires)… Mais nous ne sommes qu’aux prémices de cette nouvelle économie… « Faut-il s’en alarmer ? Faut-il s’en réjouir ? Nouveau paradoxe : sans doute les deux. En même temps. »
Même s’il n’est plus depuis quelques mois à la tête de Publicis France, il n’est pas surprenant de voir que son ancienne entreprise vient de se lancer encore plus dans le monde de la communication et des échanges sur Internet… (:///www.lefigaro.fr/medias/…)

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