Rêve de fer de Norman Spinrad

Rêve de fer de Norman Spinrad
( The iron dream)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par CC.RIDER, le 12 juillet 2009 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (42 974ème position).
Visites : 4 083 

Fable politique uchronique

Après avoir participé à la première guerre mondiale, Adolf Hitler émigre en 1919 aux Etats-Unis où il fréquente un obscur groupuscule, appelé « Nationaux-Socialistes », qui disparaît aux alentours de 1923 peu de temps avant le grand coup de force communiste qui prend la domination totale de la planète. Il se consacre à l’écriture d’un roman de science-fiction « Le seigneur du svastika » qui raconte la montée au pouvoir d’un certain Féric, obsédé par la nécessité de purification de la race humaine laquelle a été atteinte de dégénérescence suite à une longue infestation par irradiation nucléaire. Des hordes de mutants, monstres divers et baveux, peaux-bleus, hommes-perroquets etc… menacent d’envahir Heldon, le dernier bastion des purhommes, grands, blonds, aux yeux bleus et supérieurement intelligents. Féric parviendra-t-il à éloigner la menace ?
Etonnante uchronie et terrifiante parodie, ce roman est surtout une fable politique qui permet à Spinrad d’exposer la plupart de ses thèmes favoris : le totalitarisme et tous ses avatars (Zind, le royaume des mutants et des métis, est une décalque caricaturale de l’Union Soviétique de l’époque stalinienne), l’eugénisme, l’euthanasie, le rejet de l’autre, la folie de la guerre et jusqu’aux dangers du clonage. On notera au passage que ce texte, visionnaire par cet aspect, parut en 1972. Roman troublant surtout, car biaisé par sa forme et sa présentation elles-mêmes. Qui parle ? Le présentateur du début, Roland C. Wagner, bien politiquement correct ou Hitler et sa paranoïa morbide (la montée au pouvoir aussi loufoque que fantaisiste est passionnante, la description des combats et batailles contre les monstres plutôt longuette) ou finalement Homer Whipple qui nous la joue hyper-freudienne avec ses symboles phalliques et homophiles dans une conclusion pseudo-psychanalytique ? Derrière ces trois faux-nez, se cache bien sûr notre malicieux auteur qui ne manque pas d’humour et de dérision et qui arrive à nous divertir avec les pires horreurs… Un chef d’œuvre qui n’a pas pris une ride.

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Troublant, détonnant

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 18 mars 2017

Juste une petite chose pour corriger une erreur de la chronique principale : Roland C. Wagner, l'auteur de la préface (laquelle ne date pas de la première publication du roman, mais d'une réédition française tardive) n'est pas un pseudonyme de Norman Spinrad (Homer Whipple, l'auteur de la postface, en revanche, en est bien un), mais un authentique écrivain français de SF, mort il y a quelques années.
Sinon, "Rêve De Fer" ? Un livre difficile, non pas à cause de son style (Spinrad, un des meilleurs auteurs de SF de sa génération, lisez "Jack Barron Et L'Eternité" pour vous en convaincre, a volontairement écrit ce roman dans un style basique, pour signifier que l'auteur du roman-dans-le-roman, Adolf Hitler, n'est pas un grand écrivain, euphémisme), mais de son sujet : le nazisme.
Le principe de ce roman est étonnant : il propose un roman du nom de "Le Seigneur Du Svastika", écrit dans le début des années 50 et publié en 1954, juste avant sa mort, par un certain Adolf Hitler, un Autrichien, petit caporal dans l'armée allemande pendant la Première Guerre Mondiale et ayant émigré, en 1930, vers les USA, où il est devenu un écrivain de SF. Ce roman, son dernier, a obtenu le Prix Hugo en 1954, et est considéré comme son chef d'œuvre, et un des plus grands romans de SF qui soient.

Dans cette uchronie (un monde alternatif au nôtre), Hitler n'est donc pas devenu chef du parti nazi, ni Grand Chancelier d'Allemagne, ni, donc, déclencheur de la Seconde Guerre Mondiale, et il n'est pas mort suicidé en 1945 dans son bunker berlinois. En lisant "Rêve De Fer" (Roland C. Wagner a raison de rappeler que Norman Spinrad est de confession juive : l'ironie, la provocation de ce roman signé Hitler n'en est que plus forte), c'est à dire en lisant "Le Seigneur Du Svastika", on lit un roman écrit par un écrivain quelque peu dérangé, ayant mis dans son livre ses obsessions eugéniques, racistes et belliqueuses qu'il n'a pas mises en pratique (contrairement au 'vrai' Hitler), qu'il se contente de fantasmer.
Ce roman se passe dans un monde similaire au nôtre, dans une époque probablement similaire à celle de la parution du roman (années 50, 60, 70 ? rien n'est dit). Feric Jaggar, un blond aux yeux bleus, athlétique, génétiquement parfait (bref, un Aryen...) dans un monde dirigé par des mutants qui menacent la pureté du sang terrien, arrive à Heldon (le nom de ce pays inspirera à Richard Pinhas, musicien français, un groupe de musique électronique crée en 1974) afin de fuir son pays, touché par la gangrène mutante. Après s'être fait enregistrer comme un authentique Terrien pur, il va, par un concours de circonstances (rencontre avec un leader d'un parti d'obédience nazie, même si le terme de nazisme est royalement absent du roman ; rencontre avec une horde de barbares au sang pur, chevauchant des motos et tous vêtus de cuir), devenir le leader de la rébellion anti-mutants (les Dominateurs), et prendre le pouvoir en Heldon.
Les Fils du Svastika (les barbares à moto) sont les S.A., les Soldats du Svastika (la garde rapprochée de Jaggar par la suite) sont les S.S., Jaggar est un Hitler déguisé et fantasmé... On s'en doute fortement, "Rêve De Fer" est un pastiche, c'est de toute façon indiqué sur le résumé de couverture. Mais il y a pastiche et pastiche. Des pastiches tels que les "Annales du Disque-Monde" de Pratchett, ou "Le Guide du Voyageur Intergalactique" d'Adams sont hilarants, comiques. Ce roman de Spinrad est, lui, terrifiant, il met mal à l'aise, et est surtout une violente diatribe, mise en garde contre les dangers du nazisme. Comme Roland C. Wagner le dit dans sa très bonne préface, impossible d'avoir une idée positive du nazisme après avoir lu ce roman (avoir une idée positive du nazisme me semble de toute façon des plus malsain et dangereux), CE N'EST PAS une apologie du nazisme contrairement à ce que certaines personnes ont pu dire ou écrire à son sujet à l'époque de sa publication (1972), mais une mise en garde.
Dans un autre sens, c'est quand même étrange de se dire, pendant sa lecture, qu'on est en train de lire un roman signé Hitler, même si c'est un faux. Et la courte présentation de l'auteur (agrémentée d'une liste de ses autres "romans") est délicieusement décalée, de même que la postface signée "Homer Whipple", dossier dans lequel l'auteur explique quelque peu le parcours de ce Hitler alternatif, au sujet duquel il se félicite qu'il n'ait pas fréquenté plus que ça (ayant quitté l'Europe pour les USA à l'époque) un certain parti nazi, groupuscule obscur n'ayant pas survécu plus de quelques années...
Ironie, quand tu nous tiens.
Je ne donne pas la note maximale au roman à cause de sa surabondance, surtout dans sa seconde partie (très violente et belliqueuse), d'idéologie nauséabonde, le Hitler alternatif s'y étant vraiment donné à cœur joie, et ça rend la lecture franchement douloureuse parfois, on se sent mal à l'aise. De plus, même si c'est volontaire, le style d'écriture est d'un basique...
Mais pour l'originalité et le culot de Spinrad, je donne un 6/5 sans hésiter.

Les chevaliers du Svatiska.

3 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 5 septembre 2010

J'attendais beaucoup de cette uchronie présentée comme la référence absolue en la matière. Au fond qu'en est-il ? Une mauvaise parodie de l'ascension du troisième Reich transposée ici dans un futur lointain. Les purhommes, galvanisés par le charisme de leur leader exterminent les mutants, les métis. Spinrad tourne en rond et nous fait tourner en bourrique. L'ascension politique de Jaggar est très rapide et elle manque de développement, son armée de SS livre non pas une mais trois batailles majeures qui m'ont essoufflé et ennuyé. Spinrad remet l'ouvrage sur le métier par trois fois dont deux de trop. Le final ne manque pas d'intérêt, mais c'est surtout la postface qui est la plus jubilatoire, pardonnez-moi de ne pas vous la révéler. Bref, un bouquin qui m'a ennuyé, et dont peut se passer à moins d'être fan. Je ne parle même pas du style littéraire qui manque totalement d'intérêt. Spinrad aurait pu faire un grand bouquin de SF s'il ne c'était pas contenté de reproduire les heures les plus sombres de notre histoire. Pour amateurs avertis.

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