Up from Slavery, Ascension d'un esclave émancipé de Booker Taliaferro Washington
( Up from slavery : an autobiography)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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Pédagogue et militant
"En compagnie de ma mère, de mon frère et de ma soeur, ainsi que d'un grand nombre d'autres esclaves, nous allâmes a la maison des maitres. (...) La chose la plus marquante dont je me souvienne alors est cet homme, un étranger ( un officier d'Etat, je suppose ) qui fit un petit discours puis nous lut un texte assez long -la Proclamation d'Emancipation, je crois. Après la lecture on nous dit que nous étions tous libres, et que l'on pouvait aller où et quand bon nous semblait. (...) Pendant quelques minutes il y eu de grandes réjouissances, des remerciements, et des scènes de bonheur intenses. (...) La joie exubérante des Noirs ne dura pourtant qu'un court instant, et je me souviens que lorsqu'ils retournèrent à leurs cases leur attitude avait profondément changé. L'immense responsabilité d'être libre, de devoir se prendre en charge, d'avoir à penser pour soi et ses enfants sembla les submerger. C'était comme de jeter brusquement un enfant de 10 ou 12 ans dans le monde en lui intimant de se débrouiller tout seul. Les grandes questions auxquelles les Anglo-Saxons avaient été confrontés pendant des siècles furent posées sur leurs épaules en l'espace de quelques heures. Questions relatives au logement, à l'emploi, au devenir des enfants, à l'éducation, la citoyenneté, l'établissement et le soutien d'églises."
1865. Fin de la Guerre de Sécession. Booker T. Washington, alors encore enfant, est par conséquent émancipé comme tous les esclaves du Sud. Une soudaine liberté qui est comme un poids difficile à porter, avec tous les défis qui attendent les anciens esclaves ! Pourtant, même s'il n'est encore qu'enfant, Booker T. Washington a compris quelque chose de capital : l'importance de l'éducation.
Sans éducation, on ne va nulle part dans la vie.
Commence alors son combat pour s'éduquer, et pour un Noir de l'époque c'est tout sauf simple !
Sa famille est pauvre. Son beau-père ( son vrai père était un Blanc qui, on s'en doute, ne s'est jamais soucié de lui ) a besoin de lui pour aider financièrement. Il travaille donc dans une mine de charbon. Le labeur est dur, harassant, prenant, mais malgré tout l'enfant trouve le temps d'aller à l'école -une de ces écoles pour Noirs qui fleurissent alors un peu partout dans le Sud et où l'enseignement -généralement donné par d'ex-soldats de l'armée Nordiste- est assez rudimentaire. Qu'importe ! Il apprend à lire, lit tout ce qu'il peut, se forge l'esprit et devient ambitieux : il veut savoir plus, mieux, aller dans une école sérieuse et être l'élève de vrais professeurs.
Soutenu par sa mère il va donc se parfaire à l'Université d'Hampton.
Un tournant clé dans sa vie.
Hampton. Première école fondée pour les Noirs. La plus prestigieuse, aussi.
Lorsque Booker T. Washington y entre le Principal en est le Général Samuel C. Armstrong, Blanc ayant combattu sous le drapeau de l'Union.
"La tête, le coeur et les mains" : voila l'idée qu'a le Général Armstrong de l'éducation. Apprendre un métier, se forger l'intellect et acquérir de solides valeurs morales.
Une vision qui va l'inspirer sa vie durant.
Élève brillant, lorsque Samuel C. Armstrong décide d'ouvrir une autre école dans l'Alabama il demande à Booker T. Washington, qui n'a même pas 25 ans, d'aller en devenir le Principal...
L'école en question ? L'Université de Tuskegee.
Le reste est de l'histoire.
D'abord parce qu'il est le premier Noir à diriger une Université, et on devine ce que cela implique :
"Je savais que, dans une large mesure, nous étions une expérience -pour savoir si les Noirs étaient capables de construire et gérer une institution éducative d'une telle envergure. Je savais que si nous échouions, les conséquences retomberaient sur la race entière."
Ensuite parce que l'élève dépassera le maitre.
A Tuskegee on va au-delà des connaissances livresques. Les filles apprennent les travaux domestiques, les garçons l'agriculture ou les métiers du bâtiment, tous l'importance de l'hygiène. Etrange école où les travaux manuels sont valorisés autant que les études ! Lorsque les élèves ne sont pas plongés dans les bouquins, ils travaillent à la construction des bâtiments du campus... !
L'école se fait vite un nom...
Booker T. Washington en utilisera d'ailleurs la renommée pour lever des fonds afin de soutenir sa cause.
Parce qu'il est en effet plus qu'un homme intelligent, plus qu'un directeur d'école, plus qu'un pédagogue : il est un militant, qui se bat pour la cause des Afro-Américains.
Le coeur de ses idées ? L'éducation.
Quand d'autres veulent se battre pour la reconnaissance politique et l'égalité des droits civiques, lui fait de tout cela des causes secondaires.
En éduquant les Noirs, en leur apprenant des métiers qui nécessitent des compétences, des qualités, on en fait des êtres qualifiés dont le savoir sera utile à l'ensemble de la communauté, de la société. Tout le monde, même les Blancs, bénéficiera de ce savoir; et alors, lorsque les Blancs comprendront que les Noirs sont utiles, indispensables, alors seulement ils les respecteront, leur accorderont l'égalité des droits et la reconnaissance politique.
D'abord : éduquer. Le reste coulera tout seul...
Si ses idées firent parfois scandale auprès des Noirs ( surtout après son célèbre discours d'Atlanta, qu'il reproduit dans ce livre ) il sera un pont jeté entre Noirs et Blancs à l'heure où le pays sort à peine du système esclavagiste.
Les éditions
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Up from slavery [Texte imprimé], ascension d'un esclave émancipé Booker T. Washington traduit de l'anglais (américain) par Jeanne-Marie Vazelle
de Washington, Booker Taliaferro Vazelle, Jeanne-Marie (Traducteur)
les Éditeurs libres
ISBN : 9782916399072 ; 34,49 € ; 15/09/2008 ; 256 p. ; Broché
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