L'Union européenne, une nouvelle URSS ? de Vladimir Boukovsky, Pavel Stroilov

L'Union européenne, une nouvelle URSS ? de Vladimir Boukovsky, Pavel Stroilov

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Saule, le 3 février 2009 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 895ème position).
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Le grand méchant socialiste

L'auteur est un ancien dissident russe, qui fut emprisonné. Cela explique peut-être sa haine pour le socialisme et ce qui me semble être une certaine parano.

Sa thèse, c'est que l'union européenne est un nouveau monstre socialiste qui refait surface, sur les cendres de l'ancienne URSS. L'Europe serait donc un nouvel avatar de l'ancienne utopie communiste, mais habillée à l'occidentale (donc un peu plus civilisée, mais tout aussi perverse).

Il se base sur des extraits des politburo et sur des comptes-rendus entre les dirigeants socialistes de l'Ouest et Gorbatchev pour montrer que le grand projet de maison commune (un grand état socialiste, de l'Atlantique à l'Oural) a été très près de réussir. Gorbatchev aurait manipulé les européens, avec sa pérestroïka, mais sa tentative désespérée (désespérée car l'URSS était au bord du gouffre) a plus ou moins échoué grâce à Helmut Kohl et sa réunification de l'Allemagne à marche forcée. J'ai trouvé cette partie, à défaut d'être concluante, assez intéressante.

En fait j'avais toujours pensé que c'était la gauche qui s'était opposée à la construction européenne, mais ce n'est pas du tout le point de vue de l'auteur. Selon l'auteur, l'Europe est un projet socialiste, et c'est un projet qui est imposé non pas par des méthodes répressives et les goulags mais, et ça revient au même, par un politiquement correct et une pensée unique (ce qui est amusant avec cet argument de la pensée unique et du politiquement correct, c'est qu'il est utilisé dans les deux sens!). Il y a bien une exception avec la France, mais la France est un pays "structurellement socialiste" et la défense des droits acquis (dans la fonction publique par exemple) peuvent expliquer une certaine résistance contre l'Europe. Quant à Chirac, qui était quand même un artisan de l'Europe tout en étant de droite, il aurait souffert d'un syndrome bizarre (je vous renvoie au livre).

Le point de vue de l'auteur m'est tout à fait étranger et j'y vois une parano certaine. Par exemple, à propos des motivations des bâtisseurs : "Quoiqu'ils prétendent, la vérité est la suivante : leur projet tout entier n'est qu'une tentative intelligente mise en œuvre par une nomenklatura socialiste en déroute idéologique pour sauver de la faillite leur rêve utopique et leur position de pouvoir imméritée." Ou encore, l'auteur nous explique que le problème des socialistes c'est la disparition du prolétariat, et que donc il leur faut recréer des minorités, que ce soit les femmes, les sans-abris, les homosexuels, ou encore la recréation d'une caste de minoritaires en favorisant l'immigration.

La thèse de l'auteur ne convainc pas donc. Ceci dit cela pose quand même des questions : le projet européen est-il de gauche ou de droite ? L'expérience de l'URSS a montré que à vouloir réunir des peuples divers sous une grande bannière, on génère un retour de flamme en combats ethniques : est-ce que la construction européenne ne va pas susciter les mêmes conflits ? Et évidemment l'argument classique contre l'emprise bureaucratique de l'institution européenne, contre l'absence de transparence et de démocratie dans la prise de décision, ça semble être tout à fait vrai. Mais est-ce la marque de fabrique des empires socialistes ?

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Vladimir Boukovsky semble avoir de plus en plus raison !

8 étoiles

Critique de Anonyme11 (, Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans) - 20 août 2020

Une approche comparative intéressante entre l’ex-U.R.S.S. et l’Union Européenne. Mais pour une fois, je ne partage pas complètement l’analyse de Vladimir Boukovsky.

En effet, autant je suis d’accord avec lui sur le fait qu’il paraît malheureusement évident, que le peuple Russe risque de mettre plusieurs décennies pour se remettre économiquement, socialement et politiquement de : 74 années (de 1917 à 1991) de Totalitarisme Communiste.
Qui plus est le fait d’avoir alternativement comme « premier ou second » dirigeant de Russie : Vladimir Poutine, un ancien lieutenant-colonel du K.G.B., qui de surcroît a prétendu, entre autres, que : « La disparition de l’Union soviétique avait été la plus grande catastrophe de l’histoire russe. »
Tout ceci risque de mettre la Russie en difficulté pour longtemps, avant qu’elle ne puisse s’engager définitivement sur la voie d’une véritable Démocratie.

En revanche, et Vladimir Boukovsky le sait bien mieux que moi, puisqu’il l’a subi, je trouve « périlleux » de comparer le régime Totalitaire Soviétique avec cette, certes : « lourde machine » qu’est l’Union Européenne, mais qui me semble malgré tout, Démocratique… pour, je l’espère, le plus longtemps possible…

Pour conclure, je ne peux résister à la nécessité de citer l’excellente définition de l’Utopie, selon Vladimir Boukovsky, page 165 :

« Les utopistes accomplissent toujours exactement le contraire de ce qu’ils promettent. Cela s’explique facilement : ils sont toujours persuadés qu’ils vont parvenir à changer la nature humaine. Mais ils ont beau essayer de la transformer, de l’altérer, de la brimer, cette dernière finit toujours par reprendre le dessus en engendrant un choc en retour proportionnel aux forces déployées pour la briser. »

Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants de Vladimir Boukovsky :
– Cette lancinante douleur de la liberté ;
– Jugement à Moscou – un dissident dans les archives du Kremlin.

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