La fortune des Boël : Un énorme patrimoine, une immense dette sociale de Marco Van Hees
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire
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Portrait d'une riche famille belge
Excepté Delphine Boël, cette riche famille belge est peu connue du grand public et se montre très discrète. Au départ de leur fortune, il y a Gustave Boël (1837-1912) qui est le directeur des Etablissements métallurgiques Ernest Boucquéau à La Louvière. En 1880, le patron lui lègue l'entreprise. Lors de son décès, Gustave Boël emploie 1.800 ouvriers et fait installer deux hauts fourneaux qui produisent 400 tonnes d'acier par jour (Son entreprise est la plus moderne de Belgique). Il a également été bourgmestre de La Louvière, sénateur et administrateur de plusieurs charbonnages. Ses biens comprennent notamment le château du Chenoy à Court-Saint-Etienne et le château Boël qu'il fait construire...rue Gustave Boël à La Louvière!
Durant la première guerre mondiale, les usines Boël arrêtent leur production et sont presque entièrement démantelées par les Allemands. Marthe de Kerchove de Denterghem, l'épouse de Pol-Clovis Boël (fils de Gustave), est condamnée à deux ans de prison pour avoir organisé un service de correspondance entre les soldats belges du front et leur famille. Son mari est envoyé en Allemagne. Marthe présidera ensuite le Conseil National des Femmes Belges et est parfois qualifiée de "féministe aristocrate".
Après la guerre, avec l'aide de son fils René, ingénieur diplômé de l'ULB, Pol-Clovis Boël (1868-1941) reconstruit et modernise l'entreprise familiale. Il est titré baron par le roi Albert Ier pour sa participation à la reconstruction économique du pays et devient vice-président du Sénat. Durant l'entre-deux guerres, les Boël entrent dans les principaux groupes financiers belges (Solvay, Banque de Bruxelles, Société Générale, p.ex.).
La troisième génération des Boël se répartit les tâches : le baron René Boël (1899-1990) veille aux intérêts financiers de la famille et est professeur à l'ULB, Lucien (1903-1999) s'occupe des usines de La Louvière qui fonctionnent normalement durant la deuxième guerre mondiale, tandis que Max (1901-1975), ingénieur agronome et forestier, gère leurs propriétés en Brabant wallon. Par leurs mariages, ils s'allient à d'autres riches familles belges : René Boël épouse Yvonne Solvay en premières noces, puis Mathilde de Jonghe d'Ardoye, tandis que leur soeur Marie-Anne Boël (1909-1996) se marie avec Charles-Emmanuel Janssen, dont la famille est le principal actionnaire d'UCB.
Le baron René Boël sera conseiller du gouvernement belge en exil à Londres durant la deuxième guerre mondiale, membre de la délégation belge à Bretton Woods, membre du comité de direction de la Fédération des Industries de Belgique. En 1971, il est titré comte. De ses deux mariages, René a eu cinq enfants : Pol, Antoinette, Yves, Michel (surnommé Mickey) et Jacqueline.
A la quatrième génération, c'est le comte Pol Boël (1923-2007) qui est le chef de la famille. Il a épousé Nicole Davignon (la soeur du vicomte Etienne Davignon, ministre d'Etat et ancien commissaire européen) avec qui il a eu trois enfants : Yvonne, Alec-Paul (décédé en 1988) et Nicolas. Membre du parti libéral, il a siégé au Sénat et au conseil communal de La Louvière. Au cours de sa carrière financière, le comte Pol a été, entre autres, président des Usines Gustave Boël et vice-président de la Fédération des Entreprises de Belgique, mais aussi administrateur de l'Union Wallone des Entreprises, de la Sofina, des Forges de Clabecq, de Cockerill Sambre, etc.
Les médias parlent aujourd'hui régulièrement de Jacques Boël (né en 1929), le cousin de Pol. Sa première épouse la baronne Sybille de Sélys Longchamps a été pendant plusieurs années la maîtresse du roi Albert II. De leur liaison naît en 1968 Delphine qui sera cependant reconnue par Jacques Boël. Le couple divorce en 1978. Outre sa fonction d'administrateur délégué des Usines Gustave Boël, Jacques Boël a été notamment administrateur des Glaces de Charleroi, des Ciments d'Obourg et de l'Union financière Boël. Il habite dans le domaine de Beauregard à Court-Saint-Etienne avec sa deuxième épouse, Diane de Woot de Trixhe de Jannée, une descendante de Philippe le Beau.
C'est dans les années 90 que les Boël (Pol était président du conseil d'administration et Jacques administrateur délégué) vont abandonner la sidérurgie dans le Hainaut : d'abord via un partenariat avec le groupe néerlandais Hoogovens en 1996, puis à travers la cession de l'usine au groupe italo-suisse Duferco en 1999. Désormais, ce sont les holdings financiers de la famille qui sont le moteur de leur fortune (estimée à 818.046.749 euros par le magazine Trends-Tendances en 2005). Avec les Lippens, ils sont également actionnaires d'une importante sucrerie au Congo.
Le passionné d'histoire que je suis a été moins intéressé par la troisième partie du livre intitulée "Pour un impôt sur la fortune". Cet énoncé démontre l'engagement de l'auteur au sein du Parti des Travailleurs de Belgique (PTB). Oui, bien entendu, les Boël ont, comme tous les patrons d'industrie, construit leur fortune au détriment des conditions de travail de leurs ouvriers. Lors de la crise sidérurgique, ils ont, sans scrupules, licencié du personnel, puis vendu leurs usines pour placer leur argent dans des holdings financiers plus intéressants. L'auteur a raison sur ces points, mais fallait-il consacrer 30 pages de ce livre d'histoire bien documenté à un plaidoyer pour un impôt sur la fortune?
Les éditions
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La fortune des Boël [Texte imprimé], un énorme patrimoine, une immense dette sociale Marco Van Hees
de Van Hees, Marco
Éd. Aden
ISBN : 9782930402352 ; 55,00 € ; 16/10/2006 ; 224 p. ; Broché
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