Dictionnaire raisonné de la littérature rock de Denis Roulleau

Dictionnaire raisonné de la littérature rock de Denis Roulleau

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique , Arts, loisir, vie pratique => Guides et dictionnaires

Critiqué par Numanuma, le 28 octobre 2008 (Tours, Inscrit le 21 mars 2005, 51 ans)
La note : 8 étoiles
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Le mythe du rock mis en mots

A qui cela n’est-il jamais arrivé ? Slalomant entre les gens et les rayons du magasin, en direction de la caisse, votre regard est accroché par la vision pourtant furtive d’une pochette de disque, d’une jaquette de DVD. Ou le visage d’une jolie femme aussi, oui. Ici, c’est la couverture d’un bouquin, un dico pour être plus précis, qui a coupé ma course et salé la note : le Dictionnaire raisonné de la littérature rock.
Un fond jaune pâle sur lequel se détachent un ampli et une machine à écrire ; le titre en noir et en bas à droite, le nom d’un éditeur que je commence à bien connaître : Scali. Hormis la couleur, le titre a agit sur moi de la même manière que la lumière attire les insectes : j’ai réagi d’instinct ! J’ai attrapé le volume et repris ma course vers la caisse, le cerveau déjà en train de calculer les conséquences de cet achat imprévu sur l’état déjà pas très brillant de mon compte en banque.
Mes deux passions réunies dans un seul titre, dans une seule œuvre, dans un même esprit, pensez-vous que j’allais passer à côté ?! Evidemment, le fait que l’auteur, Denis Roulleau soit un ancien journaliste reconverti dans une agence de communication m’a fait tiquer un instant mais quoi, les communicants n’auraient donc pas de passion ni de talent ? Bref, je n’ai pas boudé mon plaisir de vois s’aligner par ordre alphabétique les auteurs que j’aime et que j’espérais trouver là.
Bien sûr, le lecteur pourra toujours s’indigner de la présence de Truc et de l’absence de Machin mais cet ouvrage n’a pas vocation à l’exhaustivité ; le rock c’est principalement de la subjectivité et de la mauvaise foi assumée.
Evidemment, on peut regretter l’absence d’une définition de la « littérature rock » autre que la citation de Nick Cohn en exergue : « La clé d’une écriture Rock se trouve dans une attitude, dans une certaine approche, plutôt que dans le fait d’écrire ou non sur le Rock. » qui est plutôt vague mais qui donne la direction, la marche à suivre. Et puis, on peut lui faire confiance à ce monsieur Nick Cohn, c’est l’un des plus grands connaisseurs du monde de la musique et vous le connaissez sans le savoir : c’est lui qui est l’auteur de la nouvelle qui servira d’inspiration principale au film Saturday Night Fever.
Autre information étonnante, la littérature rock semble n’avoir que deux langues : l’anglais et le français et le partage est plutôt équitable. Rappelons que le magazine Rock & Folk est plus vieux que Rolling Stones Magazine, rajoutons le NME et le Melody Maker anglais et nous avons les plus grandes, les plus anciennes et les plus respectables références journalistiques en matière de rock. Car oui, s’il existe des romanciers ou des poètes dans cet ouvrage (Ginsberg, Kerouac, Vian, Salinger…) la littérature rock est principalement affaire de journalistes passionnés qui ont ouvert la voie à un nouveau langage en adéquation avec cette musique de la même manière que le jazz est lié de manière indissoluble à l’écriture de Jack Kerouac. Qu’il s’agisse de Nick Kent, Lester Bangs ou Philippe Manœuvre, tous ont contribué à l’émergence d’un genre littéraire particulier au point que le Magazine Littéraire y a consacré un numéro entier. Si je pouvais remettre la main dessus d’ailleurs, j’en serai ravi…
Je viens de le retrouver : il s’agit du numéro 404 de décembre 2001, 5,34€ avec Jimi Hendrix en couverture. C’est précis. Et la liste des auteurs présentés dans ce numéro recoupe en partie ceux du présent dictionnaire : Tom Wolfe, Lester Bangs, Greil Marcus, Philippe Garnier, Nick Tosches, Bob Dylan…
Bien sûr, on pourrait mettre à pied d’œuvre de nombreux chercheurs et théoriciens pour savoir s’il existe bel et bien une « culture rock » qui viendrait sous-tendre cette « littérature rock » mais est-ce bien raisonnable et surtout, n’est-ce pas à l’opposé de la chose Rock ? On parle de spontanéité là, de jeunesse, de fulgurance, de sexe et de drogue alors les longs discours académiques…
J’ai pris un pied faramineux à dévorer ce dico de A à Z, pillé sans honte les dates, les noms, les titres, les références qui fourmillent sur 480 pages. On y parle même des Librairies Parallèles et de Un Regard Moderne, deux incontournables de la culture rock. La prochaine fois que je passerai devant un bouquiniste, je vérifierai qu’il n’y a pas un volume de la mythique collection Speed 17 dirigée par Philippe Manoeuvre, série française qui a permis à toute une génération de découvrir Bukowski, Hunter S. Thompson, Hubert Selby en seulement quatre ans ! C’est dans cette collection qua été édité LA référence du reportage rock : le Stones Touring Party de Robert Greenfield qui vient juste d’être réédité et que je me ferai un plaisir de critiquer ici.

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Les éditions

  • Dictionnaire raisonné de la littérature rock [Texte imprimé] Denis Roulleau
    de Roulleau, Denis
    Scali
    ISBN : 9782350122601 ; 5,16 € ; 25/09/2008 ; 481 p. ; Broché
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