Mao Tsé-toung de Philip Short

Mao Tsé-toung de Philip Short
( Mao : a life)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Ulrich, le 4 septembre 2008 (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 49 ans)
La note : 8 étoiles
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Mao : une icône ?

L’envie de confronter l’image, presque l’icône à la réalité des faits. Voilà le déclencheur de cette lecture. En fait pour être exact, c’est un sac qui m’en a donné l’envie, un sac vu à plusieurs reprises avec une effigie de Mao. J’adore ce sac. J’aime aussi énormément la Chine. Ce pays me fascine. Il m’intrigue. Y avoir séjourné deux mois n’a fait que renforcer mon attrait et mes interrogations. De Mao, je connaissais peu de choses : la longue marche, le bon avant et la révolution culturelle. Et encore seulement dans les grandes lignes !
Voilà ce qui m’a poussé dans cette énorme et très complète bio. Le futile, (un sac); le nécessaire (comprendre les symboles et la portée d’une tête de Mao affichée en bandoulière ) ; l’essentiel (mieux connaître la Chine).

Mao était avant tout un militaire de génie. Je l’ignorais complètement. C’est sa force initiale, celle qui lui a permis de patiemment - il lui a fallu près de 30 ans - de conquérir le pouvoir. Les premiers combats dans le Hunan et le Jiangxy dans les années 20, la constitution de l’armée rouge, les premières bases rouges, la longue marche ont été entrepris et réussis grâce au génie militaire de Mao. Ce sont évidemment au passage des milliers, des millions de morts. Mao les qualifiait d’inévitables dans toutes luttes. Aujourd’hui on parlerait de dommages collatéraux. Peu importe le terme, ce fut une guerre. Elle fut terriblement meurtrière. C’est à ce prix qu’il prit le pouvoir, qu’il anéantit les nationalistes de Tchang Kai Chek et prit part à la guerre contre l’ennemi de toujours les japonais dans les années 40.

Il y a trois grandes périodes dans sa vie :
- Les premières années de sa naissance à la fin des années 1910 ; On pourrait les appeler celles de la prise de conscience
- La conquête du pouvoir qui s’étire de 1920 à 1949
- L’exercice du pouvoir de 1949 à 1976

Issu d’une famille de paysans un peu plus riche que la moyenne des chinois de l’époque, sa connaissance de la condition paysanne lui a sans doute permis de très vite comprendre que la Chine ne pourrait mener et réussir une révolution de type socialiste qu’en s’appuyant sur les paysans. La révolution ouvrière viendrait ensuite. Sa conquête du pouvoir s’en refléta. Elle partit des campagnes pour se terminer dans les villes. Déjà, encore - pour être plus exact - ces deux chines : celle des villes et celle des campagnes.

Autre trait de son éducation sa maitrise parfaite des classiques et l’histoire de son pays ; cette connaissance se transforma en force dans la prise du pouvoir car il réussit très souvent à allier tradition et modernité. Là aussi déjà la Chine qui oscille entre tradition et modernité.

Reste la dernière période, de loin la plus terrible, celle de l’exercice du pouvoir, celle de l’édification d’une république socialiste. Je prendrai moins de gant pour vous raconter cette partie. Ce fut un dictateur horrible, retors, pétri de contradictions. Il croyait sans doute sincèrement au communisme avec une économie planifiée. Il croyait sans doute à la réforme agraire, à la collectivisation, à l’égalitarisme. Mais il l’appliqua de manière si brutale, si bornée, si égoïste, si personnelle, si autocratique qu’il fut l’un des pires dictateurs du 20ème siècle, celui qui tua le plus de ses concitoyens.

Il croyait sans doute sincèrement à la force suprême de la volonté politique. C’est le cœur de l’action politique de Mao. Ce qui m’a terrifié c’est que c’est aussi la mienne et celle des gens avec qui souvent je m’écris « Ensemble, on peut tout ». Autre déclinaison de la très mittérrandienne phrase « Là où il y a une volonté, il y a un chemin ». J’en reste persuadé mais il faut qu’elle soit partagée. Très vite Mao, lui ne la partageait plus ou plus exactement il faisait semblant utilisant le décorum des plénums, des congrès, des réunions du comité central ou du polit buro du Parti Communiste Chinois. Il en résulta des millions de morts au nom de sa volonté d’édifier une vrai dictature du prolétariat débarrassée de toutes formes d’individualisme et de capitalisme. Encore une fois pour reprendre Mao, ces morts étaient sans doute inévitables.
Le pire, l’inoubliable, ce qui reste déjà dans l’histoire comme l’une des plus grandes folies humaines fut la révolution culturelle. Au nom d’une prétendue pureté de l’idéal communiste, Mao fit livrer une purge de tous ses anciens camarades et ce dans un déclenchement de violence, de haine, de torture terrifiant.

Philip Short nous livre avec cette bio un portrait très complet de Mao et de son histoire. Terriblement utile, sa lecture quoi que longue (200 pages ressemblent à un précis de stratégie militaire) fut passionnante.

Pour conclure et comme souvent lorsque le sujet est dramatique, la dérision n’est pas loin : Je n’achèterai pas ce sac à l’effigie de Mao.

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