Le toit du monde...

Comment, en ces temps de discorde olympique, ne pas donner sur notre site un peu de place au Tibet et aux Tibétains ? Les boycotts ne sont pas des actions littéraires tandis que de mettre en valeur les ouvrages de toute nature qui parlent du Tibet, de ses habitants, de sa culture, de sa religion… voilà, pour moi, une façon intelligente, humaine et profonde de ne pas oublier…
Le Tibet est une terre accrochée au ciel, probablement à considérer comme une villégiature terrestre des dieux. Il y a plus de mille ans, ses empereurs, grands parmi les grands, pouvaient affirmer, sans crainte d’être contredits, qu’ils étaient les plus forts de toute l’Asie. Ils étaient craints des Mongols, des Chinois ou des Turcs qui n’hésitaient pas à passer avec eux des alliances politiques et militaires…
Un jour le bouddhisme s’est installé sur le toit du monde. La violence et la guerre ont disparu, les armées ont été remplacées par des communautés de religieux, les soldats par des moines… Certes, les ordres religieux luttaient pour avoir le pouvoir les uns sur les autres mais avec d’autres règles faisant glisser, petit à petit, le pays sur une autre voie, celle d’une sagesse qui serait plus forte que la haine et la force. Le Dalai Lama, océan de sagesse, devient alors le leader du pays. C’est le cinquième Dalai Lama (1617-1682) qui permet au Tibet d’entrer dans le monde moderne par une réforme administrative complète.
Bien sûr, ses successeurs auront du mal à faire perdurer l’indépendance du pays qui deviendra un protectorat de la Chine. Puis la Grande-Bretagne et la Russie voudront remplacer le grand empire asiatique sur cette terre qui, décidément, fait rêver tout le monde.
Le treizième Dalai Lama (1876-1933) proclame l’indépendance du Tibet. Mais cela ne calme pas pour autant les convoitises des voisins. La Chine, lors de sa révolution républicaine, annexe totalement le Tibet et le Dalai Lama prend le chemin de l’exil (Darjeeling). Il revient deux ans plus tard et arrive à faire expulser les Chinois en 1913 et proclame de nouveau l’indépendance de son pays. Ce fut la dernière phase de calme du toit du monde…
En effet, à partir de 1950, la Chine populaire veut libérer le Tibet, une libération qui se traduit par une occupation, une sinisation du Tibet. La disparition de la particularité tibétaine permet aux Chinois en manque de place de coloniser ces terres… tandis que le Dalai Lama incarne le Tibet de toujours en exil…
Aujourd’hui, la Chine reçoit les Jeux Olympiques mais on sait bien qu’elle n’est pas pour autant une démocratie ordinaire. C’est sur l’ensemble de son territoire qu’elle fait régner une des dernières grosses dictatures politico-militaires. Son comportement au Tibet est de même nature que dans l’ensemble d’un pays gigantesque et sur-peuplé…
L’ouvrage de Laurent Deshayes est remarquable et permet de mieux comprendre comment on en est arrivé à cette situation de 2008. Le livre est volumineux mais vous ne regretterez pas cette immersion en haute altitude et au cœur de l’histoire de l’humanité…

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  Histoire du Tibet [Texte imprimé] Laurent Deshayes

  de Deshayes, Laurent
  Fayard
  ISBN : 9782213595023 ; 2,98 € ; 01/05/1997 ; 461 p. ; Reliure inconnue

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