Petit livre choc

A la fin de cet enthousiasmant bouquin, à la page de l’année 2007, il y a cette vignette hilarante : Muse = flatulence.
C’est la seule vignette de cette BD, qui en compte pourtant un très grand nombre, qui soit ouvertement négative et j’avoue, je m’en réjouis même, je suis d’accord, Muse, c’est du vent !
Pardon, en écrivant ces lignes, Twist & Shout en fond sonore, je me rend compte qu’il y a une autre vignette vacharde mais tout aussi valable : pour l’année 2002, l’auteur a remis les Guetta à leur place en pastichant leur titre F**k me I’m famous en F**k me I’m ringard, les deux sont valables mais le second complète véritablement le premier.
Le principe du bouquin, noir et blanc, taille d’un 45 tour, est simple ; Hervé Bourhis nous prend par la main pour un voyage musical débutant avec l’année 1951 et qui se fini en 2007. Chaque année est représentée par une série de vignettes recréant des pochettes de disques ou des événements (genre l’apparition de la cassette en 1963). Que les plus jeunes demandent à leurs parents ce que sont 45 tour, cassette et magnétophone avant de poursuivre ;
C’est fait ? Bon. L’ouvrage est à la fois un guide, une BD, un livre d’histoire, un roman… C’est une œuvre moderne en ce sens qu’elle est le fruit d’un travail de « re-création » du réel. C’est la modernité telle qu’on a commencé à la définir au XIXe siècle avec les progrès des sciences et de l’industrie grâce des de gens comme Maxime du Camps. L’intellect, la mémoire, l’étude participent à la mise au monde de l’émotion. Et d’émotion, se bouquin est en bourré ras la tronche !
Car oui, en le parcourant, encore et encore, page par page ou piochant au hasard, les yeux s’en prennent plein les pupilles (j’suis trop fort en figures de style moi, yeah…) et on constate la supériorité intrinsèque et définitive de la BD sur la photo. On peut trouver vain l’exercice consistant à dessiner des pochettes de disques qui sont des photos, en général des bonnes photos en plus, portant déjà leur lot d’émotion et d’idées sous-jacente : « wahou, j’ai redessiné la pochette à la banane du Velvet Underground », ce genre de chose…
Et pourtant non car, en passant par le vecteur de la planche à dessins l’artiste s’approprie ce qu’il voit et transforme l’œuvre d’un autre en son œuvre. Si talent il y a, sinon. C’est une vision totalement personnelle qui s’exprime, l’expression d’un goût, de préférences affirmées et revendiquées au point que même en présence d’une vignette évoquant un artiste qui ne parle pas en temps normal, je ressens les choses différemment.
De la même manière, pour l’année 1970, il y a une planche exaltante sur James Brown, une de mes idoles. Et bien, c’est comme un autre James Brown, pas tout à fait le mien mais celui de l’auteur et pourtant il me parle profondément.
Il faut se jeter sur ce Petit Livre Rock. Dix-huit euros, c’est donné pour un talent pareil ; par contre, méfiance, je ne l’ai pas trouvé au rayon musique mais au rayon BD. C’est édité chez Dargaud, c’est tout en rouge avec un rond noir au centre pour le titre : immanquable !

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  Le petit livre rock [Texte imprimé] Hervé Bourhis

  de Bourhis, Hervé (Scénariste)
  Dargaud / One Shot
  ISBN : 9782205059540 ; 8,73 € ; 23/11/2007 ; 162 p. ; Broché

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