L'homme de l'ombre de Robert Harris

L'homme de l'ombre de Robert Harris
( The ghost)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Cuné, le 9 novembre 2007 (Inscrite le 16 février 2004, 57 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 213ème position).
Visites : 8 329 

Jubilatoire !

Le narrateur est un nègre, un rewriter, un ghostwriter, homme de l'ombre. A son actif, une longue liste de best-sellers, autobiographies de peoples, chanteurs, acteurs, sportifs, mais jamais encore de politiques. C'est pourquoi il est un peu surpris lorsque l'épouse de l'ex-Premier ministre britannique avance son nom, pour remanier le travail du précédent nègre, décédé dans de tragiques - et curieuses - circonstances. Le défi est de taille : un mois pour redonner forme à un manuscrit déjà existant, entouré d'extrêmes précautions, dans le secret le plus absolu. Adam Lang est en effet le premier ministre le plus "explosif" que l'Angleterre ait jamais connu, et si la documentation réunie pendant plus d'une année par son prédécesseur est copieuse, il reste "le ton" personnel à créer de toute pièce. Pour cela, il faut passer du temps avec Lang et son épouse, mais la vie politique n'est pas de tout repos, et la tension monte. Il y a danger, oppression, panique...


Un excellent roman qui ne relâche jamais la pression, suspense progressif et personnages très bien campés. Dès l'incipit, on est dans le ton : "Je ne suis pas je : tu n'es pas il ou elle : ils ne sont pas ils." (Evelyn Waugh, Retour à Brideshead) Mais qui est qui, alors ? Réponses au compte-goutte, agrémentées de réflexions et de passages jubilatoires sur le métier de nègre, et même plus globalement sur le livre :

"Les bons livres sont tous différents, alors que les mauvais sont tous exactement pareils. Je le sais avec certitude parce que, dans mon domaine, on lit beaucoup de mauvais livres - des livres tellement mauvais qu'ils ne sont même pas publiés, ce qui est un véritable exploit quand on regarde ce qui est publié.
Et ce qu'ils ont tous en commun, ces mauvais livres, qu'il s'agisse de romans ou de mémoires, c'est qu'ils sonnent faux. Je ne dis pas qu'un bon livre raconte nécessairement des choses vraies, seulement qu'on a l'impression que c'est vrai au moment où on le lit. J'ai un ami dans l'édition qui appelle ça le Test de l'hydravion, à cause d'un film qu'il a vu un jour : l'action se passait à Londres et le film commençait avec le héros qui venait travailler dans un hydravion qu'il posait sur la Tamise. Mon ami assurait qu'à partir de là, ce n'était même plus la peine de regarder." (p. 70)
"Un livre à écrire est un univers délicieux de possibilités infinies. Mais tapez un mot, et il devient terriblement matériel. Tapez une phrase, et il ressemble déjà à tous les bouquins qui ont été écrits. Cependant, le mieux ne doit jamais être l'ennemi du bien. En l'absence de génie, il y a toujours le savoir-faire. On peut au moins essayer d'écrire quelque chose qui retiendra l'attention du lecteur - qui l'encouragera, après avoir lu le premier paragraphe, à jeter un coup d'oeil au deuxième, puis au troisième." (p. 167)

Et puis même la petite touche de code secret Castor Junior à la fin, je sors enchantée de cette lecture qui m'a beaucoup plu.

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Les éditions

  • L'homme de l'ombre [Texte imprimé], roman Robert Harris traduit de l'anglais par Natalie Zimmermann
    de Harris, Robert Zimmermann, Natalie (Traducteur)
    Plon
    ISBN : 9782259203876 ; 21,50 € ; 26/10/2007 ; 355 p. ; Broché
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C'est moi qui ai écrit son autobiographie

8 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 19 juillet 2024

Premier roman de Robert Harris que je lis, sans doute le dernier aussi ("Fatherland" me tente, mais pas les autres ; il a l'habitude d'écrire des romans historiques se passant pendant l'Antiquité, et je ne suis pas super friand de cette période), mais je ne regrette pas ma lecture, qui fut ceci dit assez rapide (le roman ne totalise pas 400 pages).
En plus, j'avais vu le film de Polanski, et je l'avais vraiment aimé, donc il me fallait, tôt ou tard, lire le roman.
Le début est un peu lent, mais passé les 40 ou 50 premières pages, ça se lance, et ça devient passionnant. Le héros, qui raconte à la première personne, et dont on ignorera jusqu'à la fin le nom (même chose dans le film, il me semble), est un écrivain professionnel, un "nègre littéraire", qui est engagé comme remplaçant du précédent "nègre" (ou "ghost writer") d'un ancien Premier Ministre britannique, Adam Lang, qui doit écrire ses mémoires. Le précédent "nègre" a été retrouvé mort, apparemment suicidé.
Notre héros doit donc reprendre depuis le début, en un temps record, un boulot (qui plus est assez foiré) qui n'est pas le sien, et comme son univers n'est vraiment pas celui de la politique, autant dire qu'il va ramer. L'action se passe sur une petite île au large de la Nouvelle-Angleterre, en plein hiver, températures glaciales et temps de merde seront de la partie. Secrets d'Etat controversés et délicats aussi...

Un très bon roman, je dois le dire. Je préfère le film, ceci dit.

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