L'Enchanteur de Vladimir Nabokov

L'Enchanteur de Vladimir Nabokov
( The Enchanter (trad de Volshebnik (Волшебник)))

Catégorie(s) : Littérature => Russe

Critiqué par Tistou, le 11 juin 2007 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 429ème position).
Visites : 6 803  (depuis Novembre 2007)

Proto-Lolita ?

De Vladimir Nabokov, en février 1959 :
« Comme je l’ai expliqué dans l’essai ajouté à la fin de Lolita, j’avais écrit un petit récit, sorte de « pré-Lolita », pendant l’automne 1939 à Paris. J’étais certain de l’avoir détruit autrefois, mais aujourd’hui, alors que Véra et moi étions en train de rassembler quelques documents supplémentaires pour la bibliothèque du Congrès, nous avons retrouvé le seul exemplaire de cette histoire. Ma première réaction me disait de la déposer (avec une série de fiches remplies d’éléments de lolita inutilisées) à la bibliothèque du Congrès, puis j’ai eu une autre idée. »
De Dmitri Nabokov, le fils de Vladimir, qui a traduit le texte, en avril 1986 :
« Ce serait une grave erreur de chausser les patins à roulettes de cette protonymphette et d’emprunter les voies parallèles du jardin de l’errance. »

L’assassin revient toujours sur les lieux de son crime, dit-on. Et un écrivain ?
Certains, comme Nabokov, ou comme Albert Cohen par exemple, aiment à labourer les mêmes sillons et à cultiver un concept qui pourrait paraître réducteur.
Qu’on pense à « Lolita » en lisant « L’enchanteur » est inévitable : obsession d’un adulte male pour l’amour d’une enfant sacralisée, jusqu’à franchir la barrière de la pédophilie. Le bruit de fond est le même. Mais, de la même manière que deux chansons construites sur des accords similaires peuvent donner des résultats et un climat tout à fait différents, « l’enchanteur » n’est pas « Lolita ».
Alors une ébauche ? Peut-être. Ce n’est pas toutefois ainsi que le considère Nabokov lui-même et c’est tout de même lui le mieux placé pour en parler.
Une fillette de douze ans apparait (au sens apparition de la vierge !) tout à coup au héros, chaussée de patins à roulettes et habillée de violet. Elle est surtout habitée de sa grâce enfantine et son aura aveugle définitivement le héros qui n’aura de cesse de tout combiner pour se rapprocher d’elle et, in fine, « se l’approprier ». En cela on n’est pas loin de « Lolita ». Mais …
L’écriture est très belle, profonde avec des circonvolutions qui peuvent apparaître superfétatoires, mais qui contribuent en fait à établir un climat et à faire ressentir des émotions. Tout l’art de l’écrivain.
Laissons le dernier mot à Dmitri Nabokov dans sa postface :
« La statification du récit est particulièrement frappante avec ses images à double fond ou à triple fond. Il est vrai, en un sens, que certains passages délicats sont ici plus explicites qu’ailleurs dans l’oeuvre de Nabokov. Mais à d’autres moments les sous-entendus sexuels ne sont pas autre chose que la facette étincelante d’une comparaison ou la déviation momentanée d’une ligne de pensée qui va dans une direction complètement différente … »

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Le magicien

10 étoiles

Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 18 novembre 2012

Un homme d’une quarantaine d’années tombe amoureux d’une fillette de 12 ans aperçue en train de faire du patin à roulettes dans un jardin public. Pour avoir la fille, il décide de séduire la mère.
Nabokov écrit L’enchanteur en 1939, quelques mois avant son départ pour les États-Unis. Dans cette longue nouvelle (85 pages) nous aimons le suspense avec une surprise à chaque page, l’humour (la description de la mère, la nuit de noces grotesque…). Une autre traduction du titre russe serait « magicien » ou « prestidigitateur ». Nabokov « marche sur le fil du rasoir, et sa virtuosité repose sur le flou délibéré des éléments verbaux et visuels qui composent, au total, une unité de communication complexe, indéfinissable et pourtant précise. »

3 étoiles!

6 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 26 août 2010

L'Enchanteur est un roman écrit par Vladimir Nabokov. Le style de l'auteur, classique, est d'un niveau honorable. Cette histoire narre la passion dévorante, dévastatrice d'un homme d'âge mûr pour une fillette de 12 ans. L'intrigue manque de consistance. Les personnages ne sont pas attachants. Un livre correct, audacieux (thème tabou tel que la pédophilie), voyeuriste, malsain, dérangeant, légèrement décevant (cette nouvelle est censée être le prototype de Lolita, en espérant que Lolita soit meilleur).

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