La fabrique du crétin de Jean-Paul Brighelli

La fabrique du crétin de Jean-Paul Brighelli

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par CC.RIDER, le 8 mars 2007 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (56 009ème position).
Visites : 9 263  (depuis Novembre 2007)

Le mammouth est malade

Le Mammouth va mal. Le Mammouth va très mal. Tout le monde le sait. Profs, parents, hommes politiques... et personne ne fait rien. D'après Brighelli, prof lui-même dans un collège de zone, puis dans un lycée et enfin en classe prépa, pur produit de l’ascenseur social (actuellement en panne) et de sensibilité de gauche, cette catastrophe a été programmée depuis le début des années 70. Il date même le début de la décadence à l'année 1975. Le capitalisme triomphant aurait eu besoin d'ilôtes, inculturés, crétins patentés mais parfaitement adaptés à la société de consommation et surtout aux emplois non-qualifiés qui , d'après lui, seraient le seul débouché pour les nouvelles générations. A l'issue des "évènements de Mai 68", du côté du pouvoir "de droite", il fallait trouver quelque chose pour que cela ne se reproduise jamais, donc définitivement couper à la basse classe tout accès à la vraie culture tout en gardant quelques ilots type Henri IV ou Louis le Grand pour que la nomenklatura continue à se perpétuer et à prospérer ( l'histoire des "héritiers" chers à Mérieux).

Dans ce bouquin, Brighelli ne nie pas l'influence des marxo-trotskos mais insiste surtout sur la convergence d'intérêt entre gauche et droite depuis si longtemps. Bien sûr, c'est un pamphlet avec les défauts inhérents au genre : prises de positions péremptoires , peu de chiffres, peu de preuves ou d’éléments tangibles. Le docteur Brighelli établit un diagnostic que tout le monde admet : l'école fabrique majoritairement des imbéciles incultes, sa mort est programmée et c'est voulu. Malheureusement si on peut lui faire confiance, car après tout, il ne fait qu'enfoncer des portes ouvertes, on est beaucoup moins convaincu par les remèdes susceptibles d'enrayer le mal : retour aux examens véritables ( même à l'entrée en 6ème), notes non bidonnées, abandon définitif des méthodes de lecture globale ou semi-globale, mise en place de groupes de niveau et retour à un réel transfert des connaissances. L'instruction et non l'éducation qui est en fait du ressort des parents...

Tout cela est bel et bon, mais ce genre de livres pullule depuis plus de 20 ans. ( Maschino avec son "Voulez-vous vraiment des enfants idiots fut même un des précurseurs sur le créneau) et rien ne change sinon en pire... Donc si l'on admet la cohérence d'intérêt en apparence contre nature entre les gaullos et les gauchos, il est bien évident qu'un renversement de vapeur ne pourra jamais venir de ces gens-là... Brighelli termine son livre sur une considération mi-chèvre mi-chou. On sent qu'il ne croit pas vraiment à une résurrection du Mammouth. D'autant plus que le mal est totalement irréversible avec l'arrivée en masse de jeunes enseignants n'ayant eux-mêmes bénéficié que de cette formation de crétin... D'autant plus que la tendance néo-libérale et la pression des familles amènera de plus en plus à chercher des parades "privées" et à l'implosion d'un système à bout de souffle...

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Autoportrait

1 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 28 juin 2024

L'analyse de cet auteur qui, semble-t-il a été professeur de collège consiste à aboutir à un complet retour en arrière: Apprentissage de la lecture uniquement en syllabique, uniquement de l'apprentissage par coeur etc...
Cette personne veut appliquer des "recettes" anciennes sous prétexte qu'elles ont marché. Cet auteur oublie tout simplement que le contexte est complètement différent.
Si au XIXème siècle il était possible de mémoriser un volume de connaissances couvrant de très nombreuses disciplines et représentant une forme de savoir universel, il n'est maintenant plus possible d'avoir ce genre de connaissances. L'accroissement des connaissances est vertigineux.
Il importe donc d'apprendre à savoir comment construire les connaissances dont on a besoin à un moment donné de sa vie (analyser le besoin, formuler, rechercher, synthétiser).
Ce monsieur prône le retour à l'apprentissage des quatre opérations au CP... mais laisse totalement de côté tout le cheminement pour savoir quelle opération effectuer. De même il rejette la totalité des maths dites modernes alors que certains éléments sont intéressants à conserver (la notion d'ensemble par exemple sans utiliser les termes injection, bijection, surjection etc...)
Pour l'apprentissage de la lecture, ce soi-disant pédagogue prône la méthode Boscher... qui date d'il y a 70 ans. Il est évident que les enfants d'aujourd'hui sont intéressés par le contenu !! Il prône la syllabique au lieu de la globale !!! Il ignore qu'aucune de ces méthodes n'ont existé seules, c'est un subtil mélange des deux. On utilise la syllabique pour lire le nom d'une molécule mais on lit le journal de façon globale. Comment lit-il en syllabique les sons "eau" "on" "oi" etc...
Il oublie également que le premier but de la lecture est de déchiffrer un message écrit pour le comprendre.
Pour en terminer avec la lecture, il est possible d'apprendre à lire à des enfants en utilisant les prénoms des enfants de la classe ce qui motive les enfants. Approche globale, puis analytique pour comprendre le mécanisme syllabique.
Cela continue lorsqu'il critique les enseignants demandant plus de moyens disant qu'ils confondent le quantitatif avec le qualitatif. Tout le monde sait que l'on peut moins se consacrer aux élèves lorsqu'ils sont quinze que lorsqu'ils sont trente, tout le monde, sauf lui.
Il cite en référence des systèmes éducatifs fonctionnant mieux qu'en France mais il omet de préciser les conditions de travail (horaire, effectif, formation, formation continue, mode de travail par équipe, adaptation aux besoins etc...)
Bien sûr qu'il est des savoirs de base, savoir lire, non pas ânonner des sons mais comprendre ce qui est codé. Connaître les opérations mais avant tout savoir analyser quand on doit les utiliser et non pas faire des ânes savants qui savent additionner, diviser etc mais ne savent pas pourquoi.

Sur le plan pédagogique ce pseudo auteur fait preuve d'une méconnaissance des problèmes, des fonctionnements et ne voit comme solution qu'un retour au temps passé faisant preuve d'un conservatisme blindé à l'épreuve de toute réflexion constructive.

Je suis plus modéré sur son analyse des raisons politiques qu'il développe. Même si je suis loin d'être convaincu par l'ensemble de ses propos ils sont intéressants à lire car ouvrant porte à réflexion.

Vous pouvez totalement vous passer de la lecture de cet ouvrage. Plongez dans les souvenirs des grands-parents et vous saurez ce qu'il prône

Éducation Nationale : l'assassinat du savoir

8 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 25 juillet 2022

Si le titre est provocant, le contenu du livre ne l'est pas moins. L'Éducation Nationale  est entrée depuis le début des années 70 dans une spirale infernale, délibérément programmée et voulue. Le contexte économique actuel demande quelques élites (environ 10 % d'une tranche d'âge) issus eux-mêmes de familles d'élites, et une large majorité d'ignorants, qui erreront leur vie durant entre emplois précaires sous-qualifiés et chômage. Pour qu'ils ne perturbent pas cet ordre établi, il ne faut pas qu'ils aient les moyens de réfléchir. Ils doivent donc rester stupides, et les programmes de l'Éducation Nationale se sont adaptés à cet objectif. En fait, on n'apprend plus rien, et comme les enseignants sont également des produits issus de cette misère intellectuelle, ils font perdurer le système qui a donc de beaux jours devant lui.
On ne lit plus, sinon des textos ou des inepties trouvées sur les réseaux sociaux, on s'exclut du monde réel en s'abrutissant le nez collé à son smartphone, véritable outil de la bêtise, on n'écrit plus et d'ailleurs on ne sait plus écrire, l'orthographe et la grammaire ont été sacrifiés sur l'autel de la médiocrité. Quant aux émissions de télévision à la débilité affligeante, elles finissent d'entretenir ce désert intellectuel.
Tout le monde sait que les diplômes ne signifient plus rien, et que le Bac donné à 80 % des « apprenants » (!) est une mascarade dont les entreprises sauront se servir pour avoir une main d’œuvre sous-payée et jetable. Mais jusqu'à quand ? Car on voit que la violence progresse régulièrement, comme une réponse​ à cette déstructuration de la société.

Dans ce livre on regrettera des phrases à l'emporte-pièce, semblant être écrites uniquement pour faire un bon mot, et surtout de multiples répétitions inutiles et maladroites.

Un livre cependant indispensable (en fait, celui-ci ou un autre car de nombreux ouvrages traitent du même thème), pour comprendre comment les politiques, droite et gauche confondus, ont servi les intérêts du grand capital en n'hésitant pas à sacrifier une large majorité de la population, et pour essayer – ce sera difficile – de réagir si l'on est concerné, nous ou nos enfants.
Juste deux extraits de ce livre, significatifs de l'ensemble de son contenu :

- Notre société a compris qu’il était de toute première urgence de fabriquer les personnels acculturés dont le marché avait besoin. Dans ces dernières années, et pour la première fois depuis trois décennies, la demande de travailleurs non qualifiés a notablement augmenté en France. Moins ils en savent, plus facilement ils seront taillables et corvéables à merci.

- Il faut à l’économie de marché une masse énorme de travailleurs déqualifiés pour survivre. Le savoir est désormais interdit de séjour.

Bof...

3 étoiles

Critique de Nabu (Paris, Inscrit le 26 février 2005, 38 ans) - 9 mai 2014

La fabrique du crétin est un livre écrit par Jean-Paul Brighelli en 2006. Comme le titre l’annonce, c’est un réquisitoire contre notre éducation.

Dès les premières pages, on sent le ton du bonhomme. Il est nostalgique, il assume pleinement le discours préconçu « C’était mieux avant » et il va nous le répéter pendant touuuut le livre. Secundo, il m’a crispé quand il a sorti que l’enseignement était davantage un art qu’une science.

Je parle de crispation dans le sens où il avance que l’enseignement n’est pas réellement transmissible et que soit on est faits pour ça, soit on ne l’est pas. D’ailleurs, je me souviens qu’il le dit clairement plus tard dans le bouquin. Les théories déterministes m’irritant au plus haut point, le bonhomme avait déjà perdu des points dès le début.

Il part ensuite dans une croisade contre le collège unique, les multiples bacs, les sorties scolaires, le fait que l’on a dépouillé les fondamentaux que sont le français, l’histoire et l’art et enfin, le fait que les cultures ne se valent pas.

L’auteur a quelques bonnes idées mais il n’en a pas assez pour faire un livre. Sa narration va se résumer à la répétition des points que je viens de citer et c’est usant.

Oui, je suis d’accord quand il dit que la simplification du système éducatif actuelle sert à produire des masses à qui l’on n’apprend pas à réfléchir mais à exécuter. Ainsi, elles ne feront pas de vagues et ne sauront pas se défendre contre les injustices et les oppressions.
Je suis tout aussi d’accord quand il dit que ce système éducatif sert à instiller la peur du chômage pour ôter toute envie de se révolter.

Je trouve également l’idée disant que l’on ne peut reconnaître l’art si on ne nous l’enseigne pas plutôt séduisante.

Pareil, le collège unique est peut-être une bêtise. Peut-être qu’il faut séparer selon les niveaux. Mais dans ce cas, pourquoi vilipender autant les bacs différents ? Et surtout. Pourquoi tu ne proposes aucune solution mec ?
C’est ça le plus fatiguant dans ce bouquin, il ne fait que râler et dénoncer mais il y a zéééérooo solution.

« Le bac, c’était mieux avant. Aujourd’hui, 80% réussite, c’est une blague. Avant, il y en avait peu qui l’avaient et ça montrait quelque chose ».
Ok. Super. Donc premièrement, qu’est-ce qu’on en fait de ceux qu’on laisse sur le carreau ?
Et secundo, avant, tous les fils d’ouvriers n’allaient pas jusqu’au bac, c’était déjà un exploit pour ceux qui décrochaient leur brevet. C’est donc du foutage de gueule de dire que le bac d’avant était supérieur vu qu’il n’était pas accessible à une partie de la population. La comparaison n’est donc pas possible.

En conclusion, un livre pas vraiment riche en enseignement. On assiste au discours d’un auteur qui voulait plus gueuler qu’autre chose. C’est fatiguant à lire car on assiste à une répétition de phrases sans aucune valeur argumentative.

Je n’ai rien appris de nouveau si ce n’est quelques petites idées sympas. Lecture à éviter.

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