Une marche dans le siècle de Jean-Marie Cavada
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Les Confessions d'un Orphelin de la République ...
Ceux qui fréquentent mon site (merci à eux, ils sont de plus en plus nombreux) le savent : j’ai déjà vanté les mérites de l’ouvrage de Jean-Marie Cavada. J’y reviens, non pour lui faire de la promotion gratuite, mais parce que je pense que ce livre (édité chez Calmann-Levy) vaut plus que ce qui en a été dit sur quelques plateaux de télévision ou dans quelques micros de radios… Où une fois de plus on a joué la carte opposée à celle que jouait Cavada dans sa « Marche du siècle » : celle de la superficielle émotivité…
Bien sûr, l’Histoire de cet « orphelin de l’Assistance publique » recueilli par une famille de paysans vosgiens a des allures de « conte de fée ». De sa naissance jusqu’à sa découverte, par la grâce d’une lettre en provenance du Haut-Rhin, d’un extrait… de naissance, d’une fiche d’état civil de « 65 ans d’âge »… Qui lui donne des parents qu’il n’a jamais connus. Qui lui permet de ne plus être seulement « le fils… de la guerre, des uniformes, des bombes ». Qui l’aide à rassembler « les morceaux éparpillés » de son enfance.
Emouvant.
Comme son récit du jour où, à cinq ans, les soldats nazis à coups de mitrailles, lui montrent que « la mort n’est pas belle » et que l’Histoire « fait irruption » dans sa vie. Pour ne plus « jamais en sortir ».
Poignant.
Comme sa narration tendre de son enfance « à la ferme », où il apprend à se « protéger de tout » ce qui lui est « extérieur ». A vivre d’une façon « indépendante et libre ». A « garder les pieds sur terre ».
Passionnant.
Comme ses souvenirs d’école. De ses maîtres. De son apprentissage (CAP de tourneur sur bois). De ses études. De ses activités de « plongeur » dans le café de sa quatrième famille nourricière à Saint-Dié. De sa découverte des écrivains. De son écoute du monde grâce au transistor rouge offert en 56, l’année de Budapest et de Suez. De sa passion pour la géographie et l’histoire. Ou pour la musique.
« Ma vie s’est structurée grâce à une succession de rencontres avec des enseignants qui ont su me mettre le pied à l’étrier ». A l’école publique, « l’enfant de la République » reconnaissant ! Il en tirera bien des leçons.
Des leçons qu’il a appliquées dans le journalisme. « Le journaliste est l’instituteur des temps modernes », disait Jacques Léauté, le fondateur du CUEJ de Strasbourg.
Des leçons qu’il a toujours en tête dans ses engagements d’acteur politique d’aujourd’hui.
Ce récit auto-biographique à lui seul vaut d’être lu, savouré, dégusté. Mais les quatre autres livres qui composent cet ouvrage, aussi.
>>> Cette « Marche dans le siècle » mérite bien son nom, puisque le journaliste, donc le « passeur » de témoins et d’idées évoque des personnalités rencontrées et des événements qui font notre histoire récente. Belle galerie de mini-portraits et bel effort éditorial dans ce monde qui bouge tant et aussi vite…
>>> Jean-Marie raconte bien sûr, avec un souci de distance appréciable, son itinéraire de « patron », dans le public et dans le privé. Quel palmarès ! Quel travail surtout ! De la « station de Strasbourg » à la direction de « Radio-France » (« un des joyaux culturels européens ») en passant par Europe 1 , où il a été stagiaire, France-Inter (« Philo j’aime »), la télé de Sabbagh, celle de Marcel Julian (C’est-à-dire »), la direction de l’info sur Antenne 2 (« la rédaction audio-visuelle la plus inventive »), l’info du matin sur RTL, FR3, TF1, la préparation de la « 5 », la Deux, la DG des antennes de la Trois, La Marche du siècle, La Cinquième (France 5 d’aujourd’hui), RFO (d’où il fut « viré »), la préparation d’une chaîne publique d’infos continues… J’en oublie sans doute.
Une telle expérience lui permet de pouvoir bien réfléchir aux rôles du journalisme et des médias, aujourd’hui…et demain, aux difficultés de concilier les temps médiatiques, politiques, et judiciaires, aux dictatures du zapping et de l’audimat, aux effets pervers de « l’info-spectacle », aux dérives de la « people démocratie », aux richesses et aux faiblesses d’une France « qui n’a plus de politique culturelle »
>>> Ses rôles de « manager », de « patron », d’animateur et de chef « d’équipe », de gestionnaire lui donnent l’occasion de tirer bien des enseignements « politiques » : sur la (non) représentation syndicale, sur les « courtisans » des Pouvoirs, sur l’importance des réseaux et des clans, sur les relations plus qu’ambiguës entre l’Etat et les entreprise publiques, sur le poids des cabinets ministériels, sur les dysfonctionnements d’un Etat bureaucratique, sur le poids de Berçy (notre photo), sur les mille et un aspects du « mal français ». En cela, son livre devrait être l’un des pôles de réflexions de l’actuelle campagne pour les Présidentielles.
Bien qu’il ne s’y attarde guère, on comprend ses affinités avec « l’extrême centre » de Bayrou.
>>> Ce livre est aussi, et surtout peut-être, un Plaidoyer pour une Europe qui refuse la décadence… mais qui, depuis les NON français et néerlandais, « croupit dans une crise profonde ».
J’ai pour Jean-Marie Cavada (que j’ai plus croisé que rencontré) plus que de la sympathie : de l’empathie. Plus que de l’estime : de l’admiration. Plus que de l’affection : un partage voire une communion de valeurs, de grilles de lectures, de principes éthiques et déontologiques, de références. Et une bien belle convergence de réflexions.
Ce que ce député européen, apparenté à l'UDF de l'ADLE, Président de la Commission des Libertés civiles, de la Justice et des affaires intérieures, écrit sur l’Union européenne, j’y souscrit à 100%. Dans la forme et sur le fond.
Il sait de quoi il parle, quand il parle d'Europe, Cavada. Il a suivi la construction européenne comme journaliste attentif. Il se dit « charnellement Européen » parce qu’il est viscéralement patriote et républicain. Et parce qu'il est "charnellement" attaché aux valeurs sur lesquelles repose cette "Europe"...
Le Non au référendum, « cet événement qui relève du séisme », l’a « sonné ». Mais ne l’a en rien découragé.
Oui, il « nous faut faire de la construction européenne une affaire personnelle ». Oui, quand on parle d’Europe il ne faut jamais perdre de vue l’essentiel : ce « morbide héritage » de l’Europe-cimetière, ces 35 millions de morts, de vies fauchées, en « quatre siècles de sauvagerie ». Oui, il nous faut agir « pour empêcher que le Monstre ne se réveille ». Oui, nous devons en permanence garder à l’esprit le testament de Zweig qui s’est suicidé pour n’avoir pas assez cru en la fragilité extrême de cette « chose » qui s’appelle « la Paix ».
Merci, Jean-Marie pour ce livre qui, en outre, a une grand vertu : il incite le lecteur à partager ton souffle, ton énergie, ta volonté.
Tu as connu et tu connais « le bonheur de l’exigence et les exigences du bonheur ». Tu as eu la chance (et le grand mérite) de nourrir ton énergie « des passions que le monde offre ».Tu as eu la sagesse (influence du granit vosgien et du réalisme des « gens des marches de l’Est ») de te garder de toute enflure de l’égo pour prendre « plus de bonheur à contempler les résultats du travail d’une équipe » qu’à regarder les tiens. Ton livre dégage une énergie contagieuse, communicative, mobilisatrice. « L’avenir, c’est fragile. C’est pour cela qu’il faut s’en occuper dès aujourd’hui ». Pour ce nouveau Siècle en marche.
Qui plus est (mais ce n’est en rien surprenant puisque « le style, c’est l’homme »), tu as su écrire avec cette simplicité, cette limpidité, cette transparence qui n’excluent en rien la profondeur. Des émotions, oui. Mais pudiques. Des leçons, oui. Mais sans arrogance. Des enseignements, oui. Mais avec l’humilité des bons « pédagogues » : « Ne pas subir sans savoir. Dire, faire connaître et partager ». Avec cette cohérence qui chez toi « fait devoir ». Avec ce souffle qui ne peut naître que des actions en accord avec les convictions.
Un livre plus qu’à lire : à méditer, à offrir, à faire partager.
Daniel RIOT
Les éditions
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Une marche dans le siècle [Texte imprimé] Jean-Marie Cavada
de Cavada, Jean-Marie
Calmann-Lévy / C-LEVY
ISBN : 9782702136942 ; 21,60 € ; 12/10/2006 ; 271 p. ; Broché
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Une biographie émouvante...
Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 2 février 2016
Le chapitre sur l'Europe est plutôt captivant. En revanche, l'on peut déplorer l'énumération des réussites professionnelles qui peut lasser.
Construction d'un Européen
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 30 août 2009
Le style est sobre, concis, presque oral, et détonne presque avec une phraséologie parlée un peu pompeuse, maniant périodes proustiennes et imparfaits du subjonctif, ce qu'il m'arrive d'apprécier. Cette sobriété rend paradoxalement le récit auto-biographique d'autant plus serein, non froid mais distancié. L'auteur précise ses pensées et la manière dont il se retourne sur ses années. L'hommage rendu à l'école républicaine en est renforcé.
Chacune des trois grandes phases de sa vie, au moins les deux dernières sur lesquelles il est davantage loisible de vouloir s'épancher, mériterait, à elle seule, de larges volumes. J'aimerais davantage connaître l'histoire de l'audiovisuel public, y compris à une époque que j'ai vécue en enfant insouciant, davantage bon client que réel usager exemplaire, ce qui s'est heureusement amélioré avec l'âge.
Au final, en refermant ce livre, dont je confirme qu'il m'a paru trop court, j'ai ressenti un sentiment de tourbillon, d'expériences très diverses, qui se sont succédé assez rapidement, bien qu'avec transitions.
Son expérience au Conseil de Paris et des descriptions plus fournies des personnes qu'il a croisées m'intéresseraient.
Une telle enfance dans une telle région ne pouvaient en faire qu'un Européen convaincu. La diversité de son itinéraire impressionne.
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