La république, les religions, l'espérance de Thibaud Collin, Nicolas Sarkozy, Philippe Verdin

La république, les religions, l'espérance de Thibaud Collin, Nicolas Sarkozy, Philippe Verdin

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Dethomas, le 6 octobre 2006 (Boulogne-Billancourt, Inscrit le 8 septembre 2006, 49 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 4 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 2 étoiles (59 938ème position).
Visites : 4 507  (depuis Novembre 2007)

La république, les religions, l' espérance

Il y a quelques jours, je vous présentais le livre "Témoignage", écrit par notre actuel ministre de l'intérieur. (Voir avis "Le premier flic de France passe aux aveux").

Aujourd'hui, je vous présente un autre de ses livres, écrit en 2004, mais dont le sujet est, hélas, encore d'actualité.

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La République, les religions, l'espérance
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Je ne vais pas vous raconter le livre, parce qu'il n'y aurait alors plus aucun intérêt à le lire. Je vais tenter simplement de vous donner envie de lire, en vous livrant mes impressions, mon expérience.

Alors, oui, je suis sarkozyste et on me le reprochera encore. Ca ne veut pas dire que je ne sais pas faire preuve d'objectivité. Les obsédés du cul n'iraient pas pour autant dire qu'ils aiment la merde, n'est-ce pas ! Cette précision faite, passons aux choses sérieuses.

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Le ton
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Sarko est un homme qui n'a pas sa langue dans sa poche, surtout lorsqu'il s'agit de défendre ses idées. Il en fait la preuve dans ce livre. Le ton, souvent accusateur et agressif, laisse parfois penser que c'est un monologue. Mots crus, phrases courtes et percutantes, vocabulaire choisi... Dès les premières lignes, ont saura si on a envie de lire jusqu'au bout où non.

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Le(s) sujet(s)
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Maire de Neuilly, ministre du culte et des libertés locales, premier flic de France... Voilà des fonctions qui ligitimisent les sujets choisis dans le livre. On comprendrait moins si notre ministre nous avait proposé des recettes de cuisine. Sur ce point donc, les sujets collent à la peau de l'auteur. Il les connait bien, les explique bien, les défend bien.
Evidemment, on pourra ne pas partager sa définition de la République ; l'écriture donnera quand même plus envie de partager le fond que la forme. Surtout en ce qui concerne les religions et les solutions qu'il préconise pour les gérer.

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L'objectivité
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Peut on être objectif lorsqu'il y a des enjeux politiques, sans passer pour un démago ? Sarkozy ne s'est pas posé la question, il l'a évitée en choisissant un discours sans comparaison, avec des chiffres, des exemples et des cas sortis de son chapeau, de son ministère et ... de son expérience ! Parfois, on se demande s'il est déjà allé dans une mosquée. Maintenant, je reprécise que ce livre a deux ans, et que depuis, les choses ont pu changer. D'ailleurs, j'ai noté des différences de discours entre ce livre et le suivant, mais toujours autant de détermination.

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L'intérêt
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Il faudrait être de mauvaise foi pour dire que ce livre est sans intérêt. D'abord, qu'on se dise bien que ca n'est pas un hazard si le minsitre a sorti sa plume ; les sujets abordés font partie des 5 sujets qui préocuppent le plus les français. C'est peut être d'ailleurs le seul coté démago du livre (je vous parle de ce qui vous intéresse).
Ce qui en fait un livre intéressant, c'est de mettre sur le devant de la scène des choses que l'on ne sait pas forcément. Comment sont financés les cultes, qui les gère, ce que ça coute etc. La notion d'espérance pour quelqu'un qui n'a besoin de rien etc. Ca réserve quelques surprises aux anti-sarkozy, mais aux adorateurs aussi...

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Le format / La lisibilité
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176 pages, ca ne se lit pas en 5 minutes si on n'aime pas la politique. Mais l'écriture n'est pas rébarbative. Certes, le discours est parfois à vomir, mais les phrases courtes incitent à lire les pages suivantes. La police choisie par l'éditeur est agréable à lire. Le livre, broché, s'emporte partout ; il peut être lu rapidement, il suffit de s'y mettre.

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La conclusion
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Honnêtement, si j'avais lu ce livre avant de lire les suivants, je n'aurais surement pas eu envie de connaitre l'homme. Heureusement, c'est l'inverse qui s'est produit. Je connaissais déjà le personnage et avais lu ces dernières proses avant les premières. C'est la preuve que le discours a évolué, et c'est rassurant. Mais je ne peux pas vraiment faire la publicité d'un livre dont je ne cautionne pas vraiment la forme, seulement le fond. Je dirais seulement que si vous êtes un adorateur de l'auteur, achetez ce livre pour calmer votre fanatisme et dans le cas contraire, n'y pensez même pas... Vous deviendriez communiste en trente secondes !

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Un président de la république qui préfère la religion

2 étoiles

Critique de Rudzaw (, Inscrit le 7 octobre 2007, 66 ans) - 7 octobre 2007

Ce livre se présente comme une suite de réponses à des questions classées par thèmes et touchant globalement à l'esprit républicain, à la laïcité et à la place de la croyance et des religions dans la nation. Nicolas Sarkozy souhaite apporter une image de sa conception personnelle de ces sujets. Mais l'analyse de sa pensée pose bien des problèmes, car un certain nombre de contradictions montrent que les problèmes globaux posés par ces sujets n'ont pas été élaborés, pensés, analysés, comme si les réponses étaient faites à chaud et sans réflexion préalable.
La citation d'Alexis de Tocqueville, qui prétend que la religion convient à la république et non à la monarchie, déstabilise d’entrée le lecteur un peu cultivé, qui considère à juste titre la religion comme l'arme de soumission aux dictateurs et la démocratie comme une libération de cette soumission.

Le lecteur ne peut que s'interroger lorsqu'il perçoit des incohérences dans les affirmations de l'auteur.

Il reconnaît que les religions sont absolues et que leur absolutisme ne les destine pas au dialogue, pourtant il réclame de la modération et de la tolérance.
Il reconnaît que le culte n'est pas nécessaire à la croyance mais affirme que le fidèle a besoin d'un lieu de culte pour exercer sa croyance.
Il déclare que les musulmans sont un groupe confessionnel et non ethnique mais il parle de racisme anti-musulman, de musulmans non-croyants, d'athées musulmans.
Il reconnaît qu'on peut parfaitement vivre heureux sans croyance mais affirme que la religion est seule capable d'apporter l'espérance et qu'on ne peut être heureux sans espérance.
Il reconnaît que les religions sont la cause de massacres gratuits perpétrés au cours des siècles, au nom d'une idéologie dogmatique mais il est étonné de l'existence d'une méfiance envers les religions.
Il préconise de traiter toutes les religions à égalité mais en écarte certaines en raison de leur moindre importance.

Outre les contradictions, il montre une grande ignorance de l'islam et de la philosophie.

Il identifie les islamistes comme détournant le message d'amour, de paix, de justice et de tolérance de l'islam, alors que toute personne ayant lu le Coran et l'histoire sait bien que l'islam est conquérant, guerrier et bourré d'interdits.
Il tombe également dans le deuxième cliché, qui prétend que l’islam est une religion qui fut à la pointe de l’art, de la philosophie et de la science. En réalité, on sait qu'on interprète à tort tout ce qui a été écrit en arabe, même lorsqu'il s'agissait de traduction du grec, comme d'origine islamique. Tout ce qui a été créé dans cette époque du moyen-âge, appelée l'âge d'or de l'islam, était l'œuvre de convertis ou d'esclaves étrangers à cette religion.

Il montre aussi une très grande naïveté.

Il associe la liberté de conscience à la pratique religieuse alors que la pratique religieuse serait plutôt un obstacle à la liberté de conscience, puisqu'elle consiste en un endoctrinement précoce.
Il dit que les hommes de foi ont un rôle apaisant, ignorant sans doute les guerres de religion et les prêches enflammés.
Il déclare que la religion apporte la réponse au sens de la vie, alors que le sens de la vie a toujours été le domaine de la philosophie.

Il verse dans le totalitarisme et combat la liberté d'expression, en traitant de racisme le simple fait d'avoir des doutes sur la compatibilité entre islam et république, jusqu'à trouver inadmissible le fait de se poser cette question au risque que la réponse puisse être non.
Il nous dit que l’espérance d’une vie meilleure après la mort permet de condamner la violence, ignorant le devoir de tuer l'infidèle et l'apostat afin d'obtenir les meilleures places au paradis.
Il nous dit que le fondamentaliste vit sa religion conformément aux fondamentaux, alors que l’intégriste cherche à l’imposer aux autres, ignorant que les fondamentaux religieux peuvent être d'imposer la religion aux autres ? C'est le cas du christianisme qui est porteur d'un message universel et de l'islam qui incite à imposer partout la loi d'Allah.
Il affirme qu'un imam qui prône la haine des juifs doit être expulsé alors que le culte et le prêche sont autorisés. Il y a donc contradiction, puisque certains versets du Coran prônent la haine des juifs, et que Mohammed, que les musulmans prennent pour modèle, haïssait les juifs.
Il prétend que la religion a un rôle à jouer pour la paix. Le problème, c'est qu'elle a surtout, jusque là, alimenter des guerres. Actuellement, toutes les guerres ont une teinte religieuse.
Il explique le faible niveau social des musulmans par le fait que la communauté musulmane soit d’extraction plus modeste. Trois générations ne suffisent pas pour faire émerger des agrégés, avocats, médecins, professeurs, théologiens, des élites. Ainsi, on se demande comment font les immigrés européens et asiatiques qui réussissent à produire médecins, professeurs d'université et même président de la république en une seule génération. Et on se demande ce que font les théologiens parmi les élites.

"Je ne connaissais pas bien l'islam, alors j'ai travaillé"; dit Sarkozy.
Eh bien il faut qu'il continue à travailler, car il n'a retenu de l'islam que des clichés erronés. Cette inculture présente un réel danger pour l'avenir.

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