Planète à gogos de Cyril M. Kornbluth, Frederik Pohl

Planète à gogos de Cyril M. Kornbluth, Frederik Pohl
( The merchant's war)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Elric, le 23 juillet 2001 (Boussu, Inscrit le 15 mai 2001, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 631ème position).
Visites : 5 252  (depuis Novembre 2007)

Buy or Die !

L'univers parfaitement loufoque de ces romans (dont le premier date des années 50 ! ) semble chaque jour plus plausible…
Et après certains nieront encore la portée d'un genre ( la SF ! ) trop longtemps desservi par le poids d’intrigues stéréotypées impliquant des aliens belliqueux et de fiers héros américains. Ici on ironise gentiment, mais avec une rare équité, sur les méfaits de la publicité, les agences toutes puissantes rivalisant de ruses et d'audaces pour fourguer leurs produits ( boissons énergétiques ultra-sucrées des années avant l'invention effective du taureau qui stimule le corps et l’esprit ! ) et leurs idées ( car la religion, la politique et même la contestation ne sont plus que des denrées immatérielles ) à des milliards de consommateurs. Seule une poche de résistance située sur Vénus résiste encore et toujours à l'envahisseur, je veux dire à la civilisation. D'ailleurs une scène hallucinante et pourtant plausible intervient à la moitié du second roman et relate l’invasion de peuplades primitives rapidement converties au mode de vie américano-mondialo-capitaliste par l'entremise de spots subliminaux provoquant une dépendance immédiate vis-à-vis des produits dont ils vantent les mérites. Bien sûr tout ceci est une satire. C’est de la science-fiction et cela n’arrivera jamais. D'ailleurs je vais de ce pas regarder le reportage consacré aux émeutes de Gênes entre deux spots pour Coca et Mac Do.

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Un monde moche imaginé en 1952, sur le point de devenir réalité

9 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 12 septembre 2012

« Fowler Schocken a le sens des effets. Il prit son temps pour trouver dans ses dossiers une feuille de papier et pour lire une phrase que le plus incapable des rédacteurs d’agence aurait pu pondre sans réfléchir. « Le directeur du service chargé du projet Vénus, lut-il, sera Mitchell Courtenay. »
Et ce fut vraiment une surprise parce que Mitchell Courtenay, c’est moi. »

Michel Courtenay fait partie des cadres d’une des agences publicitaires qui dans ce futur, maintenant proche, dirigeront le monde.
On lui confie la mission d’inciter les terriens à venir coloniser Vénus. Projet aux grandes retombées financières pour la société.
Rapidement Courtenay va réaliser que les enjeux peuvent lui coûter la vie.

Un des fleurons de la collection « Présence du futur », repris maintenant en folio sf, c’est le grand succès de l’association éphémère de Pohl et Kohl, ce dernier disparaissant prématurément à 38 ans. Livre grinçant et sarcastique qui en 1952 s’amusait à prédire le monde à venir, et il faut dire qu’ils ont vu souvent juste : ils avaient anticipé le développement d’un mouvement écologiste mais tellement surpassé par le pouvoir médiatique qu’il est contraint à la clandestinité.
Ils avaient deviné l’affaissement du pouvoir politique mais ils imaginaient que ça serait les publicistes et non la finance qui dirigeraient en sous-main.
La publicité partout envahit le domaine public, l’individu réduit à son rôle de consommateur… bref vous découvrirez de multiples clins d’yeux qui nous sont adressés depuis ces années cinquante. Je pense même que le livre inspira beaucoup Beigbeder pour 99 francs.
C’est de la SF sarcastique sans être burlesque qui pourra plaire à beaucoup d’amateurs.

Bonne lecture

Consommer pour vivre ou vivre pour consommer

9 étoiles

Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 48 ans) - 19 septembre 2008

- Planète à gogos (1953) est le résultat de la collaboration de F. Pohl et C.M. Kornbluth, un roman vif, intelligent, mordant, caustique, drôle, sur la déconnexion d'une société de consommation guidée par la publicité d'avec un environnement surexploité.
Tout le sel du roman est de nous présenter cet univers de publicistes-rois à travers les yeux de l'un des membres de son élite, le publicitaire de première classe Mitchell Courtenay. Malgré son expérience - douloureuse - des désagréments plus que minimes du système du bas de l'échelle du consommateur, il ne perd pas foi en son échelle de valeurs et ne songe qu'à regagner sa situation privilégiée.
Pohl et Kornbluth mettent en scène un univers de cauchemar en carton pâte aux détails savoureux. Le pétrole manquant, les voitures ont été remplacées par des péditaxis. L'eau douce est un luxe, les arbres un ornement somptuaire. Les Ecolos de dangereux terroristes aux idées incompréhensibles : préserver les ressources naturelles alors que le progrès permet lorsqu'elles sont épuisées de leur substituer des ersatz satisfaisants (cf. le péditaxi, le poulgrain, le surcafé, ...).
"Planète à gogos" est un chef d'oeuvre de la science-fiction. Il déplace les curseurs de la société moderne, exagérant le pouvoir de la publicité, le pouvoir d'entrainement des media, les dérives de la consommation de masse, et crée un enfer dans lequel évoluent avec aisance des personnages malmenés incapables d'entendre raison. Il renvoie son lecteur à son propre (enfer ?) quotidien.
La présente traduction révisée, malgré quelques maladresses qui disparaissent avec la progression du texte, fait ressortir toute la grâce de cette sagace satire. On lui préfèrera toutefois (moi) la traduction antérieure, disponible en occasion, avec les éditions Rayon fantastique ou Denoel/Présence du futur.

- Les gogos contre-attaquent (1984) est un pâle calque de son modèle. Pohl, seul, ressuscite l'univers des publicitaires-rois de "Planète à gogos". Il reprend la même trame, le même type de personnage - un publicitaire de première classe placé dans des situations à même de faire basculer sa vision du monde -, mais il rate son roman. Verbeux, il développe un univers appauvri, expliquant ce qu'il était inutile de préciser, introduisant un suspense qui ne tient même pas jusqu'à l'arrivée sur la Lune, concluant de façon inepte.
La lecture de "Les gogos contre-attaquent" n'a d'autre intérêt que satisfaire une curiosité malsaine, tant la médiocrité de ce roman est de notoriété publique.

La note vaut uniquement pour "Planète à gogos".

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