l'éternel masculin

Ca n'étonnera personne si je dis que nous vivons dans une société de plus en plus féminine. Je ne parle même pas de l'égalité des sexes, non. Je parle des valeurs. Il faut bien se rendre compte que pendant des siècles, des millénaires et peut-être plus encore, les mâles ont été habitués à montrer leur valeur ("valeur" était alors synonyme de "virilité") à coups de tatanes et de gnons dans la gueule de leur voisin. Au vainqueur le prestige du plus gros zizi, au perdant ce qui reste s'il reste encore quelque chose.

Alors imaginez un peu le désarroi de l'éternel masculin face à notre société moderne.

"Il y a trente ans exactement, le chanteur moustachu Jean Ferrat déclarait avec Aragon que la femme était l'avenir de l'homme."

David Abiker a le plaisir de vous annoncer que le moment du dépassement de l'homme par la femme est enfin arrivé. Au moins dans la classe moyenne. Et cela plonge David Abiker dans un profond désarroi. (Evidemment rien ne prouve que le "David Abiker" héros du bouquin ait totalement les traits du "David Abiker" qui a écrit le livre, mais par facilité d'écriture j'identifierai les deux dans la suite de cette chronique, pardon d'avance au "David Abiker" qui écrit s'il vient d'aventure un jour à lire ces quelques lignes).
Car David a bien du mal à prouver à sa femme qu'il est l'homme, ou plus largement qu'il lui est d'encore d'une quelconque utilité. A lire les différentes péripéties domestiques de la vie de David (qui sont sans doute les péripéties de tous les hommes vivant en couple homme-femme dans le monde occidentalisé), on se demande même par quelle magie une femme peut encore trouver utile de s'encombrer d'un homme à la maison.
Car à quoi peut encore servir la force masculine dans une société totalement pacifiée et régulée ? L’homme est-il d’ailleurs encore capable de force, celle-ci étant depuis longtemps émoussée par manque d'exercice ?
Le bricolage ? David a deux mains gauches. Le salaire ? Sa femme gagne plus que lui et a même des "promotions" (-canapé ?). La bagnole ? Choisie par la femme pour les commodités de transport de la petite famille. Le sex-appeal ? Artificiel depuis que l'idéal féminin est devenu le "métrosexuel".
Alors il reste le foot, les copains et les films de gangsters, mais seulement quand madame décide de lâcher la bride. Et éventuellement les films de Marc Dorcel tard le soir planqué sous un coussin.

"Il paraît que ça arrive de plus en plus. Certains hommes ne parviennent plus à émettre ne serait-ce qu'un son, même un petit rot de rien du tout ! Des scientifiques disent que le palais change de forme, que les cordes vocales muent et qu'à part des types comme Florent Pagny ou Arnaud Montebourg, les hommes sont de moins en moins audibles. Ben Laden ne parle plus que par vidéos interposées, ce qui traduit d'ailleurs un certain malaise, y compris chez les terroristes."

Et même la semence masculine se trouve maintenant à la banque rendant le donateur virtuel :

"Le sperme aujourd'hui c'est comme Paic citron, quelques gouttes suffisent et on en trouve partout. Alors qu'elles, bien sûr, avec leur ovule mensuel c'est différent ! L'ovule d'une femme, c'est devenu sacré, on attend ça comme une bulle de Benoît XVI. A vrai dire, tous les rapports sont inversés. Autrefois les mâles donnaient beaucoup de sperme à une seule femme. Aujourd'hui une femme se contente de peu de sperme et de beaucoup de mâles."

Alors oui, avec David Abiker, avouons qu'il y a quelque chose de foutu au royaume de l'homme, qui n'est en fait, vous l'aurez compris, que le royaume de sa femme. Et bientôt l’homme ne trouvera plus sa place qu’au musée.

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  Le musée de l'homme [Texte imprimé], le fabuleux déclin de l'empire masculin David Abiker

  de Abiker, David
  Michalon / ESSAIS
  ISBN : 9782841862788 ; 15,22 € ; 13/10/2005 ; 265 p. ; Broché

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  Le musée de l'homme [Texte imprimé], le fabuleux déclin de l'empire masculin David Abiker

  de Abiker, David
  Gallimard / Collection Folio
  ISBN : 9782070341764 ; 7,50 € ; 15/03/2007 ; 234 p. ; Poche

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