Hardi ? Qui c'est celui-là ?

Voilà bien le nom d’un roi que l’on a entendu au moins une fois dans sa vie et dont on est bien incapable de dire quoi que ce soit, du moins si on n’appartient pas aux spécialistes de l’Histoire de France… Oui, voici donc la biographie d’un roi presque inconnu, le fils de Louis IX, vous savez bien, le fameux Saint Louis…
Saint Louis avait envie de refaire une croisade pour délivrer Jérusalem. Refaire ? Oui, car il avait essayé une première fois, enfin échoué une première fois. Il avait connu une grosse défaite à Mansourah, en février 1250, s’était retrouvé prisonnier en Egypte avec sa femme Marguerite de Provence, avait vécu deux ans complets en Syrie et il était revenu en France sans avoir pu mettre le pied dans la ville Sainte. Il portait le sentiment profond de l’inachevé, du devoir inaccompli et il attendait une nouvelle occasion. Comme elle n’arrivait pas, il la provoqua et partit en croisade en 1270 avec l’idée d’aller convertir le sultan de Tunis, El-Moustansir. Il n’avait pas réussi à convaincre de nombreux barons de le suivre, mais un grand nombre de personnes de la famille royale étaient là, à commencer par son fils héritier, Philippe. En quelques jours la campagne – oui, une croisade est bien une campagne militaire, y compris avec Louis IX – va se transformer en catastrophe avec un partenaire qui n’avait pas été invité, une épidémie de dysenterie très contagieuse qui va ravager les troupes françaises, à commencer par le roi qui s’éteint le 25 août 1270. Philippe III devient donc le roi, là-bas, outremer, et va devoir revenir en France en accompagnant les restes de son père…
Philippe III, que l’on retiendra comme le Hardi, nom qui évitera de le surnommé l’Imbécile, était un demeuré, enfin disons un adolescent qui n’avait jamais pu mûrir et devenir adulte. Ses parents le savaient bien et Louis IX avait cherché longtemps la bonne solution. En fait, il avait nommé, avant son départ en croisade, un conseil de régence, Mathieu de Vendôme et Simon de Nesle, qui avait pour charge la gestion du royaume en son absence et plus si… Pour son fils, il avait trouvé un directeur de conscience, un professeur, un ami, un guide, Pierre de Brosse. Et on peut dire que pendant quelques années, cet équilibre humain sauva le royaume.
Mais Pierre de Brosse avait tendance à se servir bien avant tout le monde en abusant de ce jeune roi fragile et bien sot. Les jalousies finirent par se réveiller et Pierre de Brosse fut arrêté, condamné et exécuté. Comme toujours dans ce genre d’affaires, on l’accusa de tous les maux, y compris d’homosexualité avec le jeune roi. Mais il est presque impossible de savoir aujourd’hui ce qu’il en était réellement.
Gérard Sivéry nous propose là la première grande biographie de ce petit roi. Certains pourront penser que cela ne présente aucun intérêt et ils commettront une grosse erreur en passant à côté d’un ouvrage très bien écrit qui permet de comprendre comment fonctionnait le royaume de France avant le règne du fils de Philippe III le Hardi, Philippe IV le Bel, celui qui réorganisera le royaume, entre autre…
Ce livre se lit comme un roman mais contient une mine de savoir et est l’illustration de l’attirance de l’auteur pour cette époque… Ne me disait-il pas en 1995, au moment de la parution de son ouvrage sur Louis VIII le lion, le père de Saint Louis : « J’ai passé ma vie entière sur les traces de Saint Louis et sa famille »… Sans prendre sa suite, contentons-nous de découvrir un roi, une époque, en passant un très agréable moment de lecture…

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  Philippe III le Hardi [Texte imprimé] Gérard Sivéry

  de Sivéry, Gérard
  Fayard / Biographies historiques
  ISBN : 9782213614861 ; 23,00 € ; 05/03/2003 ; 360 p. ; Relié

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