Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim

Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim
( The uses of enchantment)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Psychologie

Critiqué par Pétoman, le 12 juillet 2001 (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 16 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 349ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 8 110  (depuis Novembre 2007)

Interesting

Proche de Freud qui a étudié le développement de l'enfant en fonction de ses rapports avec ses parents (en particulier la mère ), Bettelheim nous dit que l'on apprend aussi selon les lectures.
Pour lui, un conte de fées aurait une dimension psychologique, disons même inconsciente considérable. Lire des contes permettrait partiellement à l'enfant de résoudre ses problèmes inconscients (de type oedipien et autre )... c'est une lecture parmi tant d'autres, mais qui a un certain intérêt. Si vous êtes intéressé par le sujet, je vous en conseille la lecture, en plus, elle a peu de lourdeurs propres aux récits "universitaires".

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Les éditions

  • Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim
    de Bettelheim, Bruno
    R. Laffont
    ISBN : 9782221088418 ; 24,00 € ; 27/05/1998 ; 399 p. ; Broché
  • Psychanalyse des contes de fées [Texte imprimé] Bruno Bettelheim [trad. de l'américain par Théo Carlier]
    de Bettelheim, Bruno Carlier, Théo (Traducteur)
    Pocket / Presses pocket (Paris).
    ISBN : 9782266095785 ; 9,50 € ; 30/09/1999 ; 476 p. ; Poche
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Un autre regard

9 étoiles

Critique de Paquerette01 (Chambly, Inscrite le 11 juillet 2008, 53 ans) - 21 juillet 2010

Ce livre est extrêmement enrichissant pour les parents de jeunes enfants notamment.
Il nous permet de faire une lecture éclairée des contes de fées et nous montre à quel point ceux-ci, loin de n'être que des histoires transmises de génération en génération, sont des récits construits et symboliquement très riches de sens.

Cet ouvrage tend à démontrer que les contes de fées nous montrent le chemin pour dépasser les difficultés d'apprentissage de la vie et parvenir à une maturité d'adulte.

J'ai beaucoup aimé ce livre enrichissant et abordable.

Drôle d'interprétations

4 étoiles

Critique de Ondatra (Tours, Inscrite le 8 juillet 2002, 43 ans) - 30 décembre 2002

Plus jamais je ne lirai un conte de fée de la même manière, surtout que je ne suis pas très convaincue par toutes ces interprétations sorties de je ne sais pas trop où... Toujours est-il que cela porte un peu à réfléchir.

bonne lecture

8 étoiles

Critique de Dan (Waterloo, Inscrite le 15 octobre 2001, 50 ans) - 11 décembre 2001

si le sujet vous attire, ou simplement si vous avez la charge d'enfants ou si vous avez des enfants; lisez ce livre.
il s'agit d'un volume assez important mais qui nous fait réfléchir sur les significations des contes de fées... pourquoi pas?
peut-être que les contes entendus dans mon enfance m'ont un peu aidé à devenir ce que je suis!??... bonne lecture

Réponse à la réponse de la lecture du monde

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 10 décembre 2001

Je suis parfaitement bien ton raisonnement et il est certain qu'il est des divorces "heureux" En matière de divorce, j'ai une expérience personnelle puisque mes parents ont divorcé alors que j'avais huit ans. S'il est exact qu'il vaut peut-être mieux un divorce que des hurlements perpétuels, ou une simple tension constante dans une famille, il n'en faut pas pour autant occulter les problèmes qu'il peut poser. La garde de l'enfant est donnée à l'un (en général la femme) alors que l'enfant aurait préféré être chez l'autre. L'enfant doit aussi être accepté par le nouveau cohabitant et ce n'est pas toujours le cas. Il peut aussi se trouver dans une situation dans laquelle le nouveau cohabitant lui vole celui avec lequel il aurait aimé vivre. Il peut finir par se sentir de trop partout. Cela m'a fait choisir neuf années de pension et je peux dire que la plupart des enfants qui y étaient avec moi avaient une certaine habitude de ce genre de soucis... Je ne rentrais que tous les quinze jours, une fois chez l'un, une fois chez l'autre et, dans les deux cas, je tirais la langue les jours de retour "en famille" et j'étais souriant en prenant mon train pour retourner en pension. Mais, où tu as raison, c'est que l'ambiance familiale antérieure n'était de toute façon plus tellement vivable. Le pensionnat m'a sauvé, mais puis-je dire "sans problèmes aucuns" ? Il a créé d'autres carences... Mais, au moins, j'y vivais avec mes amis !
Il est aussi tout à fait exact que notre société n'accepte plus aucune douleur, plus de contrariétés et voudrait être assurée contre tout. Cette passion pour la météo quotidienne est un exemple de cette angoisse de vouloir tout prévoir. A chercher les certitudes que restera-t-il pour la "vraie vie" ?... Celle qui est faite de la surprise que le lendemain peut apporter ? La "vraie" vie me semble être dans la surprise, la possibilité de saisir ce qui passe fortuitement, ce qui n'est pas programmé. Pour cela il faut encore être capable de voir ce qui passe et de le saisir.
Je ne suis pas d'accord pour dire que l'intelligence est donnée à tout le monde et il est bien certain que c'est elle qui permet aux uns de gérer mieux certaines situations que d'autres.
Quant au fait que tout est fait pour nous abêtir, c'est le moins que l'on puisse dire ! Il n'y a qu'à voir comment on est arrivé à faire du sport la religion moderne, dans le sens "opium du peuple"... Combien ne passent pas leur vie à zapper d'une course cycliste à un match de foot, d'une course de formule un à Wimbledon ?... Pendant ce temps là, leur esprit est occupé et ne pense pas à d'autres choses plus importantes. L'ouvrier tempête en apprenant qu'un grand PDG gagne x millions par ans (je ne dis pas que je suis pour) mais, au même moment, il accepte les salaires "astronomiques" de ses joueurs de foot favoris et trouve très bien le transfert de Zidane pour 3 milliards !... Même que l'intéressé a qualifié cette transaction d'aberrante. L'intelligence est donnée à tous ? Tu ne me le feras pas croire !
Mais le conte dans tout cela ?... Il peut être bon, ou non. A juger sur pièce les réactions de l'enfant. Le monde n'est pas que bleu et il faut parfois être capable d'armer contre le noir. Armer, c'est préparer, parler... Que j'ai été long et je ne pense pas que c'est le but des critiques "éclairs"...

Plaidoyer pour une lecture intelligente du monde

3 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 9 décembre 2001

Loin de moi la volonté d'occulter une certaine réalité, et plus loin encore un quelconque aveuglement, cet aveuglement reproché souvent, non à tort, aux intellectuels qui ne connaissent de la vie que les théories livresques, qui, s'ils pensent, lisent et écrivent beaucoup, oublient parfois que la véritable vie est de chair, non de papier. Je ne suis pas de ceux-là, et mes opinions découlent de mon expérience de la vie, certainement pas des statistiques.
Les enfants du divorce ne sont pas forcément abandonnés à eux-mêmes. L'enfant élevé dans une famille monoparentale peut certainement bénéficier d'une meilleure ambiance que dans une famille où l'on se déchire, où l'on offre au quotidien à des mômes désemparés le hideux spectacle d'une permanente foire d'empoigne, mais où l'on reste ensemble à cause du gosse, sans se douter qu'il serait sans doute préférable, dans l'intérêt dudit gosse, de se séparer.
La misère intellectuelle et morale des parents, unis ou séparés, est infiniment plus dommageable pour les enfants que l'échec du mariage aboutissant à la séparation. Je sais qu'à la télé on dit le contraire, mais tout divorce n'est pas un drame dont les premières victimes seraient les enfants. Beaucoup d'enfants élevés dans des familles monoparentales ou recomposées sont des enfants normaux, sans problèmes majeurs que ceux inhérents à l'enfance, à l'adolescence, à la vie, quoi ! Je répète que s'il faut être vigilant, il ne faut pas tout dramatiser non plus. Et la dramatisation excessive est l'un des fléaux de notre époque, comme si soudain nous avions pris conscience que la vie reposait sur un matelas d'épines, non d'ouate. La psychologisation outrancière des phénomènes génère l'angoisse, le désarroi, pour aboutir à cette sorte de pessimisme contemporain que j'appelle la névrose et qui caractérise l'époque. On ne supporte plus une réalité somme toute banale, on angoisse à chaque fois qu'une mouche pète, et l'on trouve refuge dans les paradis artificiels de l'alcool, de la drogue. On cherche un illusoire bonheur "anywhere out of the world", comme si l'existence avait pour principal objet de distribuer le bonheur à la ronde ! On veut, on exige le bonheur, et tout de suite ! On ne supporte plus de souffrir, même d'une ampoule au pied. La mort elle-même, bien que partout présente, est niée, recyclée en phénomène étranger à l'humaine espèce. Et sans doute est-ce dans l'espoir, naturellement vain, de la conjurer, de l'amadouer, qu'on la met en scène si fréquemment (à l'écran, dans les médias), avec une si complaisante impudeur, en guise d'offrandes propitiatoires à des dieux qui n'existent pas. Or, la mort n'est pas la négation de la vie, elle n'est que sa conclusion, son terme logique. Quiconque hait la mort hait la vie. Je n'entends pas qu'il faille aimer la mort pour aimer la vie. Il suffit de simplement l'accepter. Que cela ne soit pas facile ne doit pas nous faire renoncer sans combattre.
Je pousse peut-être trop loin la réflexion. Je ne pense cependant pas m'être écarté tant que ça du débat. Des années d'observations, de réflexions, de lectures, m'ont convaincu de ceci, que la misère intellectuelle, psychologique, morale et, partant, sociale, n'avait pas obligatoirement le divorce, le chômage, l'alcoolisme ou la violence pour origines, mais émanait d'une "éthique" de vie bornée aux horizons blêmes du matérialisme et ses valeurs en toc. Relisons Épicure. L'intelligence est à mon avis le seul luxe en toute occasion nécessaire, et c'est un luxe à la portée de chacun. La société, cependant, n'a cure de promouvoir pareil luxe, dangereux pour sa survie. La société se nourrit de consommateurs, et plus ils sont hébétés, plus elle engraisse, prospère et se pavane dans ses oripeaux sanglants de goule affreuse ! D'où cette haine généralisée de l'intelligence, d'où sa capture par les images dans cette boîte à décerveler qu'on appelle la télévision. Les images ont un pouvoir de fascination extraordinaire ("fasciner" : "ensorceler par une espèce de charme qui fait qu'on ne voit pas les choses telles qu'elles sont" ; et, au sens figuré, "charmer, éblouir, tromper par séduction"). Kafka le pressentait, qui ne se doutait pas que l'image allait ainsi monopoliser les consciences et fasciner les foules, obscurcir des intelligences que, jadis, la lecture éveillait, suscitait, entretenait. "Le cinéma perturbe la vision. La rapidité des mouvements et la succession précipitée des images vous condamnent à une vision superficielle de façon continue. Ce n'est pas le regard qui saisit les images, ce sont elles qui saisissent le regard. Elles submergent la conscience. Le cinéma contraint l'œil à endosser un uniforme, alors que jusqu'ici il était nu", disait-il au début des années 20 (Gustav Janouch, "Conversations avec Kafka").
M'a-t-on compris ? Je ne condamne pas formellement ni la télévision, ni le cinéma, mais leur abus, notamment chez des êtres trop jeunes pour être capables d'en rationaliser l'usage, tout cela au détriment de la lecture qui, elle, permet à l'intelligence de s'épanouir, à la réflexion de mûrir, à l'être d'acquérir une dimension spirituelle sans laquelle toute créature humaine n'est qu'une larve (une amie, hier, me disait qu'une sienne connaissance n'imaginait pas la vie sans télé, qu'elle se passerait plus volontiers de l'eau courante que de la télévision !)
Tout ceci nous éloigne des contes de fées, mais pas tant que ça, si l'on veut bien se souvenir du titre de ma précédente intervention : "L'écran du Diable et la fée du logis". La fée du logis, c-à-d la télévision...

Bien convaincu...

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 décembre 2001

...comme Syllah-O que les images sont bien plus traumatisantes que les textes (pas si, évidemment, on lit un extrait "choisi" d' "American Psycho" de Brett Easton Ellis !). On m'a aussi raconté beaucoup de contes quand j'étais petit et j'en ai lu pas mal, mais ce n'est pas ça qui m'a traumatisé, ou en tout cas je n'en ai jamais été conscient. Où je diffère un peu de Syllah-O, c'est que je crois qu'il existe malheureusement bien plus d'enfants malheureux et traumatisés qu'on ne le pense. De jeunes enfants séparés de leurs parents par le juge car ceux-ci sont incapables de les assumer (drogue, alcoolisme etc.), enfants abandonnés à eux-mêmes suite à des divorces (presque 50% des ménages en France) et forcés de vivre avec des hommes "de passage" ou plus ou moins bien, des familles où l'alcool vit en roi, des familles où le père bat sa femme, des familles ou les enfants sont battus... Tout cela est plus fréquent qu'on ne le pense et existe dans tous les milieux... Je ne veux pas faire du misérabilisme, mais il ne faut pas non plus s'occulter des vérités...Peut-être aussi que ce n'est pas à ce genre d'enfants que l'on raconte des contes et ils auront assez d'autres raisons pour être traumatisés, et bien plus graves !...

L'écran du Diable et la fée du logis

3 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 9 décembre 2001

Il y aurait matière à débat si la lecture des contes de fées était un fait de société. Qu'on me pardonne, mais je ne sache pas que beaucoup de parents lisent encore à leurs enfants des contes de fées, et ceux qui le font sont en général des gens bien, sans problèmes sérieux et dont les enfants sont éduqués loin des tempêtes psychologiques traumatisantes. Qu'on ne vienne pas me dire que la majorité des enfants sont perturbés, ou bien alors il y a de quoi s'inquiéter, et peut-être faut-il en attribuer la cause moins aux innocents contes de fées qu'aux horreurs télévisuelles dénoncées par moi précédemment. Sorcius nous dit avoir gardé de merveilleux souvenirs de sa lecture des contes de fées, par contre les films d'horreur l'ont un tantinet traumatisée. Si l'on faisait un rapide sondage parmi les enfants que l'angoisse ronge, on se rendrait évidemment compte que ces angoisses proviennent des images et non des textes. Le choix, de toute façon, est laissé aux parents de lire ou non des contes de fées à leurs enfants. Ont-ils le choix de les prémunir contre la violence au quotidien, propagée et banalisée par la télévision, le cinéma, les jeux ?

D'accord

7 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 9 décembre 2001

Je suis d'accord avec Jules, tout dépend des circonstances et de la situation de l'enfant. Personnellement, je garde des souvenirs merveilleux de tous ces contes de fée qui ont bercé mon enfance. Je peux dire que, sans eux, je n'aurais pas eu le goût de la lecture puis, plus tard, celui de l'écriture. Je suis très contente qu'il y ait des contes de fées et je pense (non, je suis sûre) que j'en raconterai à mes enfants. Mais il faut peut-être les choisir et d'ailleurs, je viens de faire une critique d'un livre d'Andersen en concluant qu'il était plus destiné à des adultes qu'à des enfants!
Effectivement, chez certains enfants perturbés, que ce soit par leur situation familiale ou tout simplement parce qu'ils sont particulièrement sensibles, il n'est peut-être pas judicieux de raconter certaines histoires. C'est comme les films d'horreur: à partir de quel âge est-on apte à regarder un film d'horreur? Moi en tout cas, j'en ai regardé trop tôt et ça m'a un peu traumatisée... Plus que les contes de fée! Enfin, peut-être suis-je quand même un peu tombée dans le piège, puisque j'attends toujours mon Prince Charmant! :-)

A Darius

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 9 décembre 2001

Je crois que, selon les cas, tu peux avoir tort ou raison. Il me semble que pour un enfant normalement équilibré, donc élevé dans un milieu normal, le conte de fée ne peut pas faire de mal. Au contraire, peut-être que cela lui permet même d'évacuer certaines choses. Par contre, dans le cas que tu nous donnes, pour un enfant traumatisé par des problèmes familiaux, il me semble qu'il vaudrait certainement mieux s'abstenir de lui faire ce genre de lecture avant que de le faire dormir... Un avis...

Au nom de tous les enfants, je persiste..

4 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 9 décembre 2001

Toute ta critique éclair permet de m'égarer dans divers chemins de traverse, mais ta conclusion est là pour me rappeler à l'ordre ! Remarque que, contrairement à toi, tous les gosses ne sont pas nés et n'ont pas grandi sans les inévitables problèmes créés par les adultes qu'ils ont dû côtoyer au cours de leur enfance et que les contes de fées, style Perrault (Blanche-Neige, Peau d'Ane, Cendrillon, le Petit Poucet...) amplifient encore.. Une enfant qui a peur de sa propre mère (il y en a, je t'assure..) peut être confortée dans sa peur en lisant l'histoire de Blanche-Neige où elle identifie inconsciemment la sorcière à sa propre mère qui se comporte comme telle. Elle se replie sur elle-même et attend qu'un prince charmant l'emmène loin de sa mère. Gare au réveil qui risque de n'être pas aussi romantique...

Contes et mécomptes de la psychanalyse

3 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 7 décembre 2001

Ma verve et ma culture ne font pas de moi un détenteur de la vérité. J'ai quelques opinions, c'est tout. Elles s’appuient en effet sur une certaine culture, sur l'expérience et sur la réflexion.
Il ne s'agit pas bien sûr de faire lire aux enfants à toute force les contes de fées. Je suis issu d'un milieu modeste et campagnard (cela n'est pas sans importance). Je n'étais pas un enfant à problèmes comme il en pullule de nos jours (la faute, selon moi, aux adultes névrosés). J'ai lu les contes de fées. J'éprouvais à leur lecture un délicieux sentiment d'horreur. Les enfants sont cruels, que veux-tu. Mon inconscient se porte assez bien. Je n'ai pas à me plaindre de mon sommeil et je rêve en couleurs. Je ne porte pas sur mes épaules tout le poids du monde. Je ne crois pas au péché originel et ne me culpabilise de rien dont je ne sois pas la cause. Je laisse aux oiseaux (de mauvaise augure) qui s'en délectent le mouron qui empoisonne tant d'existences. Je considère la psychologie des profondeurs comme un attrape-nigaud. Cioran disait : "Il est aisé d'être profond, il suffit de se laisser submerger par ses propres tares." La quête frénétique des profondeurs psychologiques mène au désarroi. Des tarés, merci, j'en croise suffisamment tous les jours. Ils m'inquiéteraient si je n'avais une certaine disposition à l'humour. A ceux que ne fascineraient pas les profondeurs pléthoriques et vaines de la psychanalyse, je recommande la saine lecture de "La psychanalyse, cette imposture" de Pierre Debray-Ritzen. C'est très bien écrit, très bien argumenté, et plein de cet humour qui fait tant défaut à nos graves spécialistes du "ça", du "moi", du "surmoi" et autres calembredaines.
Pour en revenir aux contes, de quels contes parlons-nous exactement ? Perrault ? Andersen ? Daudet ? Et les merveilleux contes de La Fontaine, toxiques eux aussi ? Pour ce qui est de préférer aux anciens les contes modernes, tu as raison. "Les contes du chat perché", de Marcel Aymé, sont délectables à souhait. Marcel Aymé, justement, dans "Confidences et propos littéraires", consacre trois brefs essais à la littérature enfantine ou d'enfance. Il écrit ceci dans l'un d'eux : "Si j'en avais le pouvoir, j'interdirais la littérature enfantine et je condamnerais les enfants à chercher leur butin dans la littérature tout court. Les livres écrits spécialement pour les gosses ne répondent à aucune nécessité, pas plus que l'habitude de leur parler en zézayant et en déformant les mots."
Je réitère ceci, que la télévision et son déferlement d'images violentes me semble infiniment plus nocive que n'importe quel conte, d'ogres ou de fées. Les enfants, qui sont tellement moins idiots que quantité d'adultes, savent que les livres racontent des histoires et l'imagination leur permet de mettre une certaine distance entre la fiction et la réalité. Pas un seul gosse ne croit que le capitaine Crochet existe vraiment... sauf lorsqu'il apparaît à la télévision sous les traits d'Oussama Ben Laden et qu'il envoie des avions dans des tours où c'est qu'il y a des gens. J'ai vu hier à ce propos un reportage à la télévision. Terrifiant. Ce n'est pas la fiction qui traumatise, c'est la réalité. Faut-il pour autant isoler nos enfants, leur cacher que la réalité, ce n'est pas toujours Disneyland ?
Encore une fois, ce n'est que mon opinion. Et je respecte ton point de vue, même si je ne le partage pas.

Comme tu y vas !

4 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 7 décembre 2001

Bien sur, je n'ai ni ta verve, ni ta culture.. Il est vrai que les contes de fées ont été défendus par certains psychanalystes qui ont analysé leur symbolisme, relevé leur universalité.. Mais les symboles non explicités n'aident pas, ils risquent même de servir la répression émotionnelle de l'enfant. Lire un conte de fées fait rarement progresser la conscience. Les contes anciens sont des reflets de la vie psychique.
Ils peuvent se montrer nocifs pour les enfants, ceux-là qui vivent justement les difficultés traitées dans le conte.
Ils y trouveront la confirmation de leurs croyances négatives et conserveront longtemps des peurs..
Le conte met en images des fantasmes de l'inconscient, des images susceptibles de renforcer leurs angoisses. Croyez-moi, il vaut mieux choisir des histoires d'aujourd'hui, plus belles et mieux écrites...

Psychanalyse de Dieu par un enfant du Diable

3 étoiles

Critique de Syllah-o (Liège, Inscrit le 5 décembre 2001, 62 ans) - 6 décembre 2001

Les contes de fées ont selon moi un rôle formateur essentiel de la psychologie enfantine. Ils permettent à l'enfant de vivre et de juguler en imagination des situations pas aussi exotiques que tu ne le penses. La violence et la cruauté sont au coeur même de l'homme, qu'on l'accepte ou non. Jadis, beaucoup de femmes mouraient en couches ou des suites d'un accouchement et laissaient de nombreux orphelins. Beaucoup abandonnaient leurs progénitures, faute de moyens, sans oublier les gosses de l'aristocratie ou de la grande bourgeoisie qui avaient peu de contacts avec leurs mères, livrés qu'ils étaient dès la naissance à des nourrices, puis à des bonnes. Un conte comme "Le Petit Chaperon rouge" décrit tout de même assez justement une certaine réalité, et ce ne sont ni Julie ni Mélissa qui me contrediront, hélas !
"Les enfants chez qui la problématique existe", écris-tu. T'es-tu posé la question de savoir si la "problématique" en question n'était pas un fantasme d'adulte ? C'est à la mode, de tout "problématiser". Il y aurait peut-être moins de problèmes si on cessait d'en voir partout. Jadis on avait des soucis (d'argent, d'amour...), aujourd'hui on a des problèmes (existentiels : états d'âme, angoisses...), tout cela surgi on ne sait trop de quelle cervelle un peu fêlée. On révèle (en fait : on crée) de faux problèmes, ensuite on propose le remède, puis passez à la caisse, messieurs-dames ! La psychanalyse a fait son beurre avec ça. Un souci ou un problème, jadis, on réglait ça devant Dieu. Dieu étant mort, le psychanalyste a récupéré la place, et son divan n'est que le substitut laïque du confessionnal. Dieu, en échange de sa "médecine", demandait une obole : quelques sous, quelques prières, et puis allez en paix ! Le psychanalyste est plus gourmand que cela, qui soulage moins les âmes que les bourses, et revenez me voir la semaine prochaine !
"En quoi ce type d'histoire peut-il aider un enfant à accéder à sa construction ?" Tu veux dire : "En quoi ce type d'histoires peut-il aider un enfant à construire sa personnalité?"
Que ne le disais-tu ! Les contes de fées prolongent les mythes et fournissent à l'homme jeté dans un monde absurde (parce qu'inexplicable) et hostile un cadre fixe avec ses codes, lois et règles.
"Cette organisation imaginaire des phénomènes (= les mythes) permettait (aux hommes archaïques) de s'y retrouver, de conjurer les angoisses en les fixant, d'établir des constances pour leur action, et ainsi de créer chaque fois un certain type, relativement stable, de culture." (Lucien Jerphagnon, "Histoire de la pensée", vol. 1).
À la description fabuleuse du monde par le biais des mythes a succédé l'explication rationnelle du monde par la philosophie. Les contes de fées sont en quelque sorte un abrégé de philosophie primitive (mais non primaire) à l'usage des enfants. Il ne faut surtout pas craindre que ces histoires, aussi cruelles soient-elles, puissent traumatiser un enfant. En vérité les enfants sont bien plus solides psychologiquement que les adultes. Des preuves ? Nulle théorie là-dessus : suffit d'observer. Et pourquoi plus solides ? Parce qu'ils ont ce que n'ont plus beaucoup d'adultes : de l'imagination.
Il ne faut craindre pour nos enfants ni les mythes, ni les contes de fées. Il faut craindre pour eux la bêtise agressive des adultes et la violence banalisée par écrans de télévision ou de console de jeux interposés.
Pour conclure avec un brin d'humour : je préfère savoir mon gosse entre les mains fictives de l'Ogre qu'entre celles, non moins griffues, du psychanalyste.

Faut-il lire les contes de fées aux enfants ?

4 étoiles

Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 6 décembre 2001

Je ne le pense pas. Ils sont souvent trop violents et sont le reflet d'une époque où l'on faisait peur aux enfants pour obtenir obéissance et soumission. Comment se fait-il que tant de mères meurent ou abandonnent leurs enfants dans les contes ? Ces histoire ont été écrites par des hommes qui avaient sûrement des mères trop dures, trop autoritaires et frustrantes. La colère contre leur vraie mère étant interdite, ils sont restés figés dans l'idéalisation d'une mère toute bonne, dont ils ne feront jamais le deuil. Elle meurt et son image peut donc rester intacte. La colère sera projetée sur la sorcière, la belle-mère qui les martyrise et les terrifie. On peut tuer une sorcière sans trop de culpabilité.
Le message de ces contes est clair : l'enfant n'a pas le droit de ressentir de la colère contre sa maman. La plupart de ces contes sont au service de l'éducation dure, autoritaire et protègent l'image idéalisée des parents. Les enfants chez qui la problématique existe vivront les contes de manière dramatique. Alors, à quoi bon ? En quoi, ce type d'histoire peut-il aider un enfant à accéder à sa construction ?

addendum

10 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 16 juillet 2001

Je me souviens fort bien de ce livre, que j'ai pourtant lu il y a de nombreuses années, et ce que j'en garde est un immense plaisir de lecture (il n'y a en effet aucune "lourdeur scolastique pompeuse") ainsi qu'un ébahissement grandissant au fil des pages. C'est LE livre de référence pour tout ceux qui ont des enfants ou qui veulent en avoir un jour. Dans ce recueil vous allez apprendre pourquoi le petit poucet qui est abandonné dans la forêt a un impact beaucoup plus grand sur nos chères têtes blondes que le fait que les sept filles de l'ogre se fassent manger toutes crues... Bettelheim analyse de façon claire (c'est important de le signaler) et approfondie les histoires que tout le monde s'est entendu raconter et que tous les parents vont à leur tour raconter... que se cache-t-il derrière ? Magnifique "oeuvre"... à lire aujourd'hui et à relire à chaque enfant qui naît.

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  Conte de fée: suite de discussion 10 FéeClo 17 octobre 2011 @ 11:44

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