Et qui va repeupler la France, hein ?

Sami Naïr, Député européen PS, a été, en France, délégué interministériel au codéveloppement et aux migrations internationales entre 1998 et 1999. Il explique l’immigration à sa fille. La dite donzelle n’est pas très réactive dans ce qui est supposé être un dialogue et l’ensemble est donc un rien convenu. Et très franco-Français, notamment en ce qui concerne le contenu particulier de telle ou telle loi ayant trait à l’acquisition de la nationalité (sans oublier le fait qu’en la matière, le document a déjà un peu vieilli). Mais un certain nombre d’éléments sont malgré tout transposables à d’autres pays et me manquent pas d’intérêt pour qui désire trouver une sorte de résumé des questions que pose l’immigration. Je regrette tout de même la légèreté des aspects principiels par rapport aux approches administratives et aussi l’absence totale d’arguments mettant en avant les aspects positifs de l’immigration pour le pays d’accueil.

Quelques extraits significatifs :
- « on ne parle plus de cathos ou de protestants, parce que ce ne sont pas des caractéristiques culturelles qui opposent les français. Il en sera de même de l’islam si le musulman adapte sa religion aux valeurs de la République ».
- Idée suivant laquelle l’étranger, s’il est rejeté, se replie sur sa culture d’origine, mais, lorsqu’il est accueilli favorablement, il adopte les façons de vivre locales.
- une curiosité : « (...) les Algériens voulaient être Algériens, parce que le système colonial qui existait en Algérie ne leur reconnaissait pas à tous la condition de citoyen français ». C’est pour le moins court comme grille explicative de la décolonisation... Il peut y avoir une foule d’autres raisons pour ne pas vouloir devenir (ni même rester) Français, ou Anglais, ou Espagnol, etc.
- « (...) l’assimilation est un processus lent mais inévitable (...) il faut seulement qu’elle soit le résultat d’un choix libre ». Ce qui fait les spécificités économiques et sociales de l’immigration : ils sont les nouveaux pauvres. « Tant qu’il y aura de la misère (...) il y aura de la violence (...) la plus grande des violences, c’est encore celle qui produit la misère et le désespoir ».
- « Il faut tenter d’agir sur les causes (...) l’émigration, c’est toujours un arrachement douloureux (...) si les gens vivaient dans de bonnes conditions chez eux, ils n’auraient pas envie de quitter leur pays ».
- cas intéressant de l’Allemagne qui s’entend avec les pays d’émigration pour organiser la venue ET le retour chez eux des étrangers utiles au marché du travail allemand. « (...) il y a dans cette vision deux dimensions positives : d’une part, l’idée qu’il faut gérer l’immigration en commun avec le pays d’origine ; d’autre part, un échange plus intense avec ces pays. Et ceux-ci peuvent profiter de l’expérience et de la formation acquises par leurs travailleurs en Allemagne. » « (...) il y a le revers de la médaille : une population de passage aura toujours moins de droits, elle sera plus maltraitée et travaillera dans des conditions plus mauvaises (... ) ».
- fortes critiques sur les immigrés venus, souvent avec l’aide du pays d’origine, pour faire des études supérieures en France, et qui y restent ensuite, privant ainsi leur patrie de leurs compétences pour les offrir à un pays riche qui en profite de manière éhontée : la France « ne peut pas vouloir aider ces pays et en même temps leur piller leurs cadres scientifiques et techniques. »

Le dessin de couverture, très multiculturel, est signé Clémence Naïr- Telfser. On devine que c’est l’essentiel de la contribution de la fille de l’auteur : et c’est charmant.

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  L'immigration expliquée à ma fille de Sami Naïr

  de Naïr, Sami
  Seuil / H.C. Essais
  ISBN : 9782020354530 ; 6,60 € ; 31/12/1998 ; 62 p. ; Poche

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