Ciel au-dessus de Bruxelles (Le), tome 1 : [avant]... de Bernard Yslaire

Ciel au-dessus de Bruxelles (Le), tome 1 : [avant]... de Bernard Yslaire

Catégorie(s) : Bande dessinée => Légende, contes et histoire

Critiqué par Le rat des champs, le 1 avril 2006 (Inscrit le 12 juillet 2005, 74 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 182ème position).
Visites : 5 166  (depuis Novembre 2007)

Mon coup de coeur de l'année?

Bernard Yslaire est un des auteurs de BD les plus étonnants que je connaisse. Son parcours atypique l'a fait passer des bluettes pour jeunes comme Bidouille et Violette à l'humour déjanté du gang Mazda puis à l'histoire romantique dans la saga des Sambre et enfin à la spiritualité et la psychanalyse (Trois vierges, mémoires du XXe ciel). Un éclectisme rare dans le domaine de la BD, dont je ne connais qu'un seul autre exemple, le grand et génial Jean Giraud-Moebius himself. La comparaison peut paraître osée, et pourtant... Oui, pourquoi pas?

Disons-le tout net, j'ai été émerveillé par ce nouveau livre, qui outre un dessin époustouflant nous offre une réflexion d'une profondeur et d'une intelligence rarissimes sur notre époque.

Tout commence en 1943, par un dessin de barbelés. On est dans un camp de la mort, où ont été envoyés les derniers Khazars de Crimée, livrés à Hitler par Staline. Anna a huit ans, et elle va mourir. Les dessins nous montrent crûment l'horreur absolue, même si quelques papillons volent par-ci par-là, pour nous rappeler que l'espoir est le dernier bien qui reste à l'homme, même quand il a tout perdu. Un SS tire une balle dans la tête d'Erwin, le grand frère d'Anna mais la vie ne s'arrête pas... Des paroles de paix, dont il ne sait pas encore qu'elles seront plus tard dans la chanson "Imagine" de John Lennon, le transportent par delà les nuages. On le retrouve allongé sur le quai d'une gare en 2003 à Bruxelles. Il a un téléphone portable et un passeport kazar. De nombreux jeunes sortent d'un train, ils vont manifester contre la guerre en Irak, et parmi eux, la jeune Fadya, à laquelle Erwin, qui ressemble comme un frère à l'auteur se sent inexplicablement lié.

Fadya est dans le désespoir à cause des menaces qui pèsent contre son peuple, elle s'est bardé le corps d'une ceinture d'explosifs pour se faire sauter devant l'ambassade américaine, mais la rencontre d'Erwin l'a fait basculer... Où? Hors du temps? Dans une autre dimension? Dans une relation d'amour-haine? Peu importe d'ailleurs, l'actualité les rattrape, puisque le 21 mars à 5 h 35 du matin, le ciel explose au-dessus de Bagdad.

Ce livre peut être lu comme un "one shot", l'histoire se suffit à elle-même, mais il paraît évident que d'autres albums suivront. Connaissant la lenteur du travail d'Hislaire, nous n'avons plus qu'à nous armer de patience.

Pour moi, c'est un coup de coeur absolu, aussi bien pour la beauté du dessin, que pour l'humanisme profond qui transparaît à chaque page. Difficile de parler de chef d'oeuvre en ce qui concerne Bernard Hislaire, chacun de ses livres en est un, je me contenterai d'un petit conseil: ruez-vous dessus!

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Les éditions

  • Le ciel au-dessus de Bruxelles [Texte imprimé], avant Bernar Yslaire
    de Yslaire, Bernard (Scénariste)
    Futuropolis / BAND DESS ADULT
    ISBN : 9782754800051 ; 15,00 € ; 16/03/2006 ; 66 p. ; Album
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Amour et haine

8 étoiles

Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 4 juin 2009

Ce livre ressemble à un cri du coeur.
Je le lis en 2009 et je vois sur sa fiche qu'il a été publié en 2006. Pourtant, il semble avoir été écrit sur l'instant, griffonné en quelques heures, comme un reportage sur l'[avant] guerre en Iraq. Comme un souffle chaud qui ferait trembler les édifices de la haine relayés par les froides images d'un ciel de Bagdad en proie aux flammes. Dans cet album, Yslaire - que j'ai moi aussi découvert dans la saga Sambre, ou plutôt sa genèse La Guerre des Sambre - traite donc d'une autre folie dans laquelle s'affrontent des regards chargés.
Ceux-ci ne sont plus noirs et rouges. D'un côté, Fadya, celle qui se sacrifie pour Dieu, regard, robe et foulards noirs, princesse pleine de haine, de colère et de poudre. Auprès d'elle, autant contre qu'avec, le regard bleu et glacé d'Erwin, un Khazar de Crimée, un Juif, peut-être errant, clairement persécuté, revenu des camps de concentration, revenu de la mort elle-même dans une première séquence à couper le souffle.
Le temps d'un battement d'ailes de papillon, on se retrouve dans une gare de Bruxelles le jour des manifestations pacifistes en opposition à la guerre en Iraq, le jour où le monde s'est uni dans une célébration pour la paix. C'est là que se rencontreront Fadya et Erwin, on ne sait encore comment, c'est là qu'ils s'aimeront et se haïront tant que le temps lui-même sera oublié pendant que dehors, le monde oublie leur amour.

C'est une ode pacifiste que nous offre Yslaire - à moins qu'il ne s'agisse d'un requiem (la seconde partie nous le dira) - et comme l'impose le sujet, et comme c'est un cri du coeur, on nage bien sûr en plein symbolisme: l'amour a des yeux bleu, la haine un regard noir, et Erwin pleure devant sa télé bombardées d'images de la RTBF. Il y a aussi, ces papillons qui volettent au coeur du mois de mars, symboles d'espoir prématurés. Il y a surtout John Lennon dont la présence se fait un peu trop lourdement ressentir. Des erreurs de cinéastes finalement : des acteurs trop connus, un papillon pour lier un flashback au présent et une BO réchauffée. Mais malgré ces quelques facilités, on se laisse prendre. C'est sûrement parce qu'Yslaire a un talent fou. C'est peut-être aussi parce que nous aussi on est séduit par un monde où l'amour entre un Juif et une Arabe empêcherait des bombes de sauter. Parce que nous aussi, on trouve bien moins obscène une culotte souillée qu'un enfant brandissant une kalachnikov. Parce que le symbolisme n'est pas si mal quand il sert un beau message. Alors faisons fi des quelques clichés qui parsèment l'album et apprécions !
Et puis, le temps passe tellement vite en compagnie d'Erwin...

Il pleut de l’amour et des bombes sur Bruxelles

8 étoiles

Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 10 mai 2007

L’auteur voulait toucher, il touche. Un sujet qui bouleverse, car proche de nous. Peut-être trop propice à l’émotionnel, peut-être trop « facile » dans l’image provocante et provoquée. Le gratte-ciel, l’amour qui se débat, crû et intense. Je regrette cependant qu’ « Imagine » de Lennon ait été récupéré pour donner le ton. Je pense que l’auteur pouvait émouvoir sans se servir de ce magnifique hymne à la paix trop souvent utilisé. De même, je regrette l’excès d’images des journalistes RTBF, des répétitions…
Il n’en reste pas moins un dessin absorbant et esthétique, même si jeté, peut-être plus librement que dans d’autres ouvrages d’Yslaire, une mise en page accrocheuse et un ensemble visuellement splendide.

À découvrir à tout prix…

9 étoiles

Critique de Samca (Liège, Inscrite le 30 mai 2006, 51 ans) - 12 juin 2006

L’histoire se raconte autour d’une relation ambiguë entre un juif et une jeune musulmane…
L’action se passe à Bruxelles, au moment des manifs contre la guerre qu‘il y a eu un peu partout en Europe en 2003, juste avant que la guerre n’éclate en Irak…

Le ciel au-dessus de Bruxelles se veut une BD engagée qui reflète particulièrement bien la complexité socio-politique du monde d’aujourd’hui… Le dessin est à l’image du travail d’Yslaire tel qu’on le connaît… Superbe… Utilisant cette fois une gamme étendue de bleu et de rouge…

décevant

5 étoiles

Critique de Matru (cagnes sur mer, Inscrit le 27 mars 2006, 50 ans) - 8 avril 2006

depuis la série Sambre, exceptionnelle, je le concède, Yslaire semble baisser.
Il se sert de plus en plus de l'informatique, certaines cases sont d'ailleurs rétrécies, puis répétées.
Le scénario pourrait être intéressant s'il ne laissait pas présager une attente interminable, l'auteur, à l'instar de Bilal, étant coutumier d'une production très, très lente.
Je n'ai rien contre, sauf que là, ça sent le commercial à plein nez.
Ah, il est loin le temps de bidouille et violette, poétique et tellement différent.

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