Le souffle de l'Ouest : Les plus belles affiches de western de Dominique Blattlin, Fabrice Meunier

Le souffle de l'Ouest : Les plus belles affiches de western de Dominique Blattlin, Fabrice Meunier

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Cinéma, TV

Critiqué par Malic, le 28 février 2006 (Inscrit le 9 décembre 2005, 83 ans)
La note : 10 étoiles
Visites : 5 222  (depuis Novembre 2007)

Une bouffée de nostalgie

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que jusque dans les années 60 les westerns déferlaient sur nos écrans à la cadence de plusieurs dizaines chaque année. Cette superbe collection d’affiches nous restitue l’imagerie du western depuis les débuts du genre jusqu’à son déclin mais en mettant l’accent sur la période la plus faste, celle des années 40/60. Les affiches présentées sont regroupées autour d’une une vingtaine de thèmes tels que « Pionniers et caravanes », Grands chefs peaux- rouges et tuniques bleues », « Chevaux », « Héros », « Héroïnes » ou encore « Séries B du jeudi » . Il s’agit d’affiches presque exclusivement françaises, celles là mêmes sur lesquelles nous rêvions sur le chemin de l’école. Elles sont l’œuvre d’artisans qui avaient nom Soubie, Grinson, Noël , Belinski etc. Ils connaissaient à fond les codes de la mythologie westernienne et utilisaient toutes les ressources de la couleur, de la composition, du cadrage et du lettrage pour capter l’attention du public et le faire rêver.

Les cinéphiles salueront au passage les noms de John Ford, Anthony Mann, Bud Boetticher, Delmer Daves et bien d’autres mais l’essentiel n’est pas là. La beauté et le pouvoir émotionnel d’une affiche n’ont rien à voir avec la qualité du film : l’affiche du dernier navet peut être plus belle que celle du chef-d’œuvre, le but étant de faire entrer le spectateur dans la salle. D’ailleurs le western était tellement porté par ses mythes et ses stars que pour la plupart des spectateurs la magie opérait même pour des films médiocres.

A la fin de l’album, une affiche atypique de Ferracci cumule tous les symboles de la fin du genre. Illustrant «Le dernier des géants », dernier film de John Wayne, elle montre un colt au canon planté dans la poussière du désert sur fond de ciel crépusculaire. Le western s’éteint mais plus généralement pour l’ensemble du cinéma, sa fin correspond à celle des affiches bariolées, bourrées de rêves et de fantasmes. Progressivement ces dernières disparaissent au profit d’ illustrations photographiques, plus réalistes et laissant moins de marge à l’imagination. Et quand il s’agit encore de graphisme, il se fait souvent sobre, allusif, intelligent et de bon goût, comme précisément les affiches de Ferracci. Mais qu’est ce que les rêves et les fantasmes ont à faire du bon goût ?

Une mise en page agréable et variée, un format qui permet de restituer, souvent en pleine page, toute la beauté des affiches, ainsi que d’enrichissants commentaires font de cet album un trésor pour tous les amateurs de western et d’imagerie populaire.

Un souvenir personnel pour terminer : l’affiche du film « La poursuite dura sept jours » m’a rappelé que j’étais allé voir ce film en cachette de mes parents et que pour moi la poursuite n’avait duré que cinq jours car j’avais dû quitter la salle avant la fin pour éviter l’engueulade…

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