Carmilla de Joseph Sheridan Le Fanu
(Carmilla)
Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique
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Et mourir de plaisir...
Laura, une jeune fille qui vit avec son père dans un château isolé de Styrie ( province d’Autriche limitrophe de la Hongrie), raconte son amitié , entre fascination et horreur, avec Carmilla, une très belle jeune femme qui se révèlera être un vampire.
Ce roman ( une longue nouvelle en fait) écrit en 1871 par l’Irlandais Joseph Shéridan Le Fanu, possède comme son personnage le secret de l’éternelle jeunesse. Certes l’auteur utilise les accessoires du roman « gothique » né en Angleterre un siècle auparavant : ruines, spectres, surnaturel, passions troubles. Mais au delà de cette thématique obligée, il parvient à installer une atmosphère d’angoisse psychologique en nous faisant vivre une succession d’évènements étranges à travers la sensibilité de la jeune Laura.
Plus encore, ce qui fait l’originalité et le grand charme de ce récit, c’est son romantisme et sa sensualité. Le cinéma et la littérature nous ont familiarisé avec la connotation érotique du vampirisme. Mais ce qui est le plus souvent implicite dans le « Dracula » de Bram Stoker (autant que je me souvienne), est énoncé clairement dans « Carmilla », qui le précède pourtant de 26 ans. On est étonné qu’en pleine période victorienne cette histoire ait pu être publiée sans problème alors qu’elle multiplie les atteintes au puritanisme, en particulier en traitant d’une passion entre femmes. Seule la naïveté de la narratrice permet de sauvegarder la morale. Mais on peut s’interroger sur la sincérité de cette naïveté devant l’évidence des situations. Car si Carmilla dissimule sa nature de vampire, en revanche elle ne cache pas son désir de séduire Laura; ainsi elle lui déclare : « je n’ai jamais été amoureuse de personne et je ne le serai jamais à moins que ce ne soit de toi.» Et Laura elle même note à propos du comportement de Carmilla : « on eût dit les ardeurs d’un amant.» Difficile d’être plus clair…
En commençant ce livre, je ne m’attendais guère à y trouver autre chose qu’un intérêt littéraire historique; or il conserve un charme prenant, aussi envoûtant que « le pas léger de Carmilla » qui, à la dernière phrase, hante encore Laura longtemps après la fin de son étrange aventure. Une passionnante postface du traducteur, centrée sur l’amour fou dans « Carmilla », complète le volume.
Sur la postérité de « Carmilla » : Bram Stoker dans ses mémoires reconnaît avoir lu ce roman et s’en être inspiré pour son « Dracula », dont on peut penser que le titre même fait écho à « Mircalla », l’une des identités dont Carmilla fait usage au cours de sa longue jeunesse. Plus près de nous, plusieurs films ont été adaptés de ce roman, dont « Et mourir de plaisir » de Vadim. Mais sans doute vaut il mieux revenir à l’original…
Les éditions
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Carmilla [Texte imprimé] Sheridan Le Fanu nouv. trad. de l'anglais, Irlande, et lecture de Gaïd Girard
de Le Fanu, Joseph Sheridan Girard, Gaïd (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles).
ISBN : 9782742708017 ; 6,60 € ; 04/06/1999 ; 160 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Une agréable surprise...
Critique de Amnezik (Noumea, Inscrit le 26 décembre 2006, 56 ans) - 30 septembre 2011
Joseph Sheridan Le Fanu botte le cul au puritanisme ambiant de l'Angleterre victorienne avec une héroïne non seulement vampire à l'éternelle jeunesse mais aussi lesbienne (si ce n'est pas ouvertement dit c'est très clairement sous entendu).
L'histoire est agréable à lire avec une intrigue plutôt bien construite et une Carmilla plus complexe qu'il n'y paraît, tourmentée entre son amour sincère pour Laura et sa condition de vampire.
Qui plus est Carmilla pose les bases du mythe vampirique, rien d'étonnant à ce que Bram Stoker s'en soit inspiré pour rédiger Dracula.
Carmilla, une erreur ?
Critique de Homeostasia (, Inscrite le 11 janvier 2010, 33 ans) - 11 janvier 2010
Mais quelle ne fut pas ma déception face à cette écriture maladroite et puérile d'un auteur au style pour le moins agaçant et sans grand intérêt.
Quant aux personnages, Laura m'apparaît comme une exaspérante allégorie de la niaiserie, quant à Carmilla, le manque de détails sur la complexité de son psychisme manquent à ce qui aurait pu, avec un peu plus d'adresse et de maîtrise des nuances, se révéler un roman digne du courant romantique noir dont il se revendique.
Seule particularité pour la littérature de l'époque : le saphisme discret des héroïnes.
De fait, l'auteur demeure tout de même "à côté de la plaque", et le lecteur, largement sur sa faim.
Pour ma part, une chute sans fin de déceptions.
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