Cloner le Christ ? de Didier Van Cauwelaert
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités
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Quelle question !
Didier van Cauwelaert n’a pas quitté son chapeau de romancier pour seulement nous faire peur, nous intriguer ou nous offrir une petite improvisation libre pour le fun… Il reste celui qui surfe sur l’imaginaire, qui raconte des histoires, chose qu’il fait si bien et depuis si longtemps… Mais, voilà, parfois le romancier est rattrapé par ses intrigues et il ne peut faire autrement que d’aller au-delà de son histoire quitte à franchir son Rubicon… Mais j’aime, Didier, quand tu vas au fond de toi, quand tu nous livres ta conscience sans détour, avec honnêteté et amitié…
« … J’ai été partagé entre la rage de comprendre et le refus d’être manipulé, l’enthousiasme et le doute. L’émerveillement parfois, le malaise souvent… »
Pourquoi je donne cette citation dès le départ de cette chronique, tout simplement parce que c’est aussi ce que va vivre le lecteur de bonne volonté de ce texte qui plus celui d’une enquête que d’un ouvrage de fond, de théologie ou de sciences…
Après son roman L’évangile de Jimmy, Didier van Cauwelaert se retrouve à la croisée des chemins. C’est bien beau d’imaginer un clonage du Christ… mais si la réalité dépassait la fiction ? Si le délire du romancier n’était que bien timoré par rapport aux fantasmes des scientifiques, enfin de certains savants ? Didier relève le défi et avec Yves Boisset, le voilà parti dans un documentaire pour Canal +… et il nous livre un texte qui reprend tout le travail d’enquête de ce documentaire. C’est passionnant, c’est prenant, haletant comme un roman policier et perturbant comme chaque fois que nous approchons du sacré, du mystère, … de Dieu !
Je crois que pour lire cet ouvrage dans de bonnes conditions, il faut faire fi, ne serait-ce qu’un instant, de toutes nos certitudes, nos croyances… Il faut tenter de faire un peu de vide en nous… et si pour une fois nous lisions sans aucun préjugé… Et pourtant, je suis sûr que vous avez tous une idée sur le suaire de Turin, la tunique d’Argenteuil ou le suaire d’Oviedo… Enfin, pour Turin c’est presque certain… Mais avec Didier van Cauwelaert, reprenons tout depuis le début…
Le suaire de Turin est certainement celle des reliques de la passion de Jésus Christ qui a fait le plus parler d’elle. Je ne vais pas reprendre tous les éléments admirablement bien expliqués par Didier et les différents acteurs qu’il interroge. Je voudrais simplement revenir sur la datation au carbone 14. Je crois que l’on peut affirmer aujourd’hui que c’est le seul élément de preuves qui nuit à la véracité de cette pièce d’étoffe qui aurait (ou pas) contenu le corps mort de Jésus quand il a été mis au tombeau, et ce avant la résurrection (ou la disparition du corps, selon vos croyances)… Or, la datation au carbone 14 donne comme résultat, une date probable située au cœur du Moyen-Age… Ce ne serait donc qu’un faux, une supercherie… Et c’est là que le travail présenté dans ce livre devient intéressant, car qui dit pièce créée, dit créateur… Or, depuis des années, les chercheurs de bonne foi, croyants ou pas, semblent assez unanimes, un tel faussaire ne peut pas avoir existé… De très nombreuses études autour du suaire, légales ou pas (on apprend que certains scientifiques se sont vus attribuer des parcelles du linge sacré, en cachette…), permettent aujourd’hui de penser que ce serait plutôt la datation au carbone 14 qui serait entachée d’erreur… Mais alors si cette relique est véritable… on pourrait la comparer aux autres, récupérer l’ADN de ce Jésus, le cloner, le faire revenir sur terre… Et c’est là où Didier van Cauwelaert se sent doublé par la réalité…
Je ne vais pas tout vous dire mais cet ouvrage est très prenant. Vous êtes en train de vous dire que c’est une machine à faire croire, à défendre l’Eglise catholique romaine et que sais-je encore… En fait, n’allez pas trop vite, car les surprises et les rebondissements sont assez nombreux… En effet, ceux qui ont travaillé sur le sang dit du Christ, nous donnent un certain nombre de caractéristiques sur cet homme mais aussi sur son père et sa mère… Comme si Marie et Joseph avaient eu des relations sexuelles et que Jésus était né comme tous les êtres humains depuis le début de l’humanité… D’autre part, il semblerait que l’Eglise ne tienne pas du tout à ce que ces reliques soient authentifiées de façon certaine… Il faut dire qu’ils sont nombreux ceux qui cherchent à obtenir des cellules du Christ pour le cloner, pour le faire revenir… « Jésus, revient, Jésus reviens pour nous sauver… ». Les églises évangéliques et certaines sectes se réjouiraient d’un retour de Jésus, cloner ou pas, qui rétablirait l’ordre religieux qu’elles n’arrivent pas à mettre en place par les moyens plus classiques du prosélytisme…
J’aime beaucoup le dernier chapitre de Didier van Cauwelaert qui permet de donner à chacun la possibilité de se situer par rapport à ce sacré qui nous titille bien des fois… Cet ouvrage ne peut pas laisser indifférent, il nous pousse dans nos derniers retranchements… Et si tous cela était vrai qu’est-ce que cela changerait dans ma vie ? Si Jésus est vraiment venu sur terre pour nous sauver, s’il a réellement vécu cette passion, s’il a expérimenté la résurrection, cela a-t-il une répercussion sur ma vie ? Cette vie après la mort est-elle promise aux autres hommes, enfin, je veux dire… est-ce mon avenir, cette vie dans l’au-delà ?
Tout ce livre, très bien écrit et présenté, propose un certain nombre de clefs, de réponses, de questions… mais « à chacun de trouver, dans son cœur ou son intelligence, les serrures qu’elles ouvrent ».
C’est tout le mal que je vous souhaite, dans tous les cas, un très bon livre que je vous conseille de lire et qui marquera votre cheminement personnel, sans aucun doute…
[sur le même thème, je vous conseille, aussi, un très bon ouvrage d’Arnaud-Aaron Upinsky, mathématicien, intitulé L’énigme du Linceul, livre que j’ai lu il y a quelques années et que Didier van Cauwelaert cite plusieurs fois].
Les éditions
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Cloner le Christ ? [Texte imprimé] Didier Van Cauwelaert
de Van Cauwelaert, Didier
Albin Michel
ISBN : 9782286010782 ; 2,00 € ; 01/11/2005 ; 199 p. ; Broché -
Cloner le Christ ? [Texte imprimé] Didier Van Cauwelaert
de Van Cauwelaert, Didier
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253121480 ; 7,20 € ; 09/05/2007 ; 192 p. ; Poche
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Récit passaionnant
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 2 janvier 2021
Quoi qu’il en soit, ce récit est passionnant.
Extraits :
- Second Coming Project, une secte de Californie, déclare sur son site : « Si nous ne prenons pas le taureau par les cornes, les chrétiens vont attendre le retour du Messie éternellement. La seconde venue du Christ deviendra réalité parce que nous allons le faire revenir ».
- Etant croyant par instinct et sceptique par méthode, nourri d’amitiés juives autant que musulmanes, bouddhiste à seize ans par amour pour une Chinoise, partageant beaucoup de valeurs chrétiennes mais conscient des contresens sur lesquels s’est construit le christianisme, vivant en bonne intelligence avec le péché, iconoclaste de nature et viscéralement hostile à tout système d’embrigadement, je peux être difficilement être taxé de prosélytisme.
- Michel Fontugne, responsable du service de datation du carbone 14 de Gif –sur-Yvette déclare : « Le carbone 14 date faux, on le sait depuis quarante ans ».
Fin de la trilogie
Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 2 mai 2018
J'ai, avec ce livre, terminé la trilogie qu'il a réservée au Christ.
Ce court ouvrage fait référence à un film-documentaire qu'il a fait pour Canal+.
J'ai lu plusieurs livres sur le Linceul de Turin et celui-ci en constitue un énième.
Je dois rendre grâce à DVC car c'est à partir de ses Dictionnaires de l'impossible que j'ai commencé à me passionner pour la chose.
Ici il évoque l'idée de la possibilité de cloner Jésus.
L'idée paraît saugrenue, farfelue, issue d'un cerveau de romancier, et pourtant.
DVC interroge des généticiens dont Axel Khan, mais aussi des Raëliens, fait référence à un généticien Coréen, et on sent que le doute est présent.
A partir d'Adn prélevé sur les reliques du Christ comme la tunique d'Argenteuil, le suaire d'Oviedo ou le Linceul de Turin pourrait-on cloner Jésus ?
A ce jour non, mais demain ?
Puisque les mystères des linges du Christ sont évoqués dans le livre, qu'il reprend des éléments publiés dans les autres ouvrages, comment peut-on penser sérieusement aujourd'hui que ces reliques ne soient pas authentiques !
Pourquoi le maire d'Argenteuil a-t-il prélevé à l'insu de tous une petite quantité de la tunique abritée dans sa ville, qu'a-t-il fait de ces prélèvements ? Aucune réponse claire.
Pourquoi tous les médias disent-ils que le Linceul date du moyen-âge alors que l'on a des traces du 5 ème siècle ?
Que le carbone 14 mentionne une date moyenâgeuse alors que l'inventeur de cette technique dit clairement que la méthode n'est pas valable sur du textile.
On dit que c'est le fruit du travail d'un faussaire . Je dis d'accord mais pourquoi en 2018 nous ne parvenons pas à reproduire, avec toute notre science, à reproduire le même linceul ?
Ca personne ne vous le dira jamais.
Comment expliquer que les cellules sanguines soient fraîches avec un ADN parfaitement conservé après 2000 ans !
Comment expliquer l'attitude du Vatican à son égard ! Attitude pour le moins équivoque !
Comment expliquer les icônes, ! vierges ou Christ qui pleurent du sang humain !
VDC a le mérite d'en parler, de soulever des questions, de proposer des éléments de réponse, il n'est jamais affirmatif, définitif.
Un livre court qui se lit passionnément.
Je termine ainsi sa trilogie composée de L'apparition, L'évangile de Jimmy et Cloner le Christ.
Lire un de ses livres de DVC, s'est mettre au placard pas mal d'idées reçues, c'est s'ouvrir à une autre dimension, une porte ouverte sur plus de spiritualité.
Je recommande vivement.
Tellement tentant...
Critique de Olivier1180 (Bruxelles, Inscrit le 21 octobre 2007, 53 ans) - 29 octobre 2007
Didier Van Cauwelaert signe ici une superbe étude très documentée et vient très bien complèter "L'Evangile de Jimmy".
C'est fouillé, c'est recherché, personellement j'ai appris pas mal de choses à la lecture de ce livre.
Encore un ouvrage qui craquèle un peu plus le vernis opaque de la Sainte Eglise romaine...
plus fort que dan Brown
Critique de Bernardnok (, Inscrit le 15 septembre 2006, 58 ans) - 15 septembre 2006
En ce qui me concerne, tout livre qui aidera un peu au vacillement de l'Eglise et de son souverain vatican emportera tout mon estime.
Amen
Rien de moins sûr pour le moment
Critique de Voni (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans) - 6 février 2006
Ce livre, fort documenté, n’a certainement pas la prétention d’être un ouvrage scientifique ou théologique. Il est un recueil fort documenté de toutes les informations que l’auteur a méticuleusement glanées, un reportage devançant le film didactique réalisé avec Yves Boisset.
Parce que la réalité semble avoir rattrapé la fiction qu’il écrivait dans “l’évangile de Jimmy” et dans cette course à la vérité à tout prix, l’auteur nous entraîne dans un imbroglio captivant de données, d’anecdotes historiques, scientifiques et théologiques.
Le Christ sera-t-il cloné à partir de ses reliques ? Encore faut-il qu’elles soient authentiques, et tout est là ! Impossible de trancher à l’heure actuelle entre “la plus belle énigme du monde ou la plus belle arnaque de tous les temps”. La science doit admettre qu’à son niveau de technicité et de connaissances elle est encore incapable d’élucider certains phénomènes et en tout cas d’authentifier les reliques. Ainsi, comme rien n’est certifié ni démontré par ces théories avancées qui se contredisent, la foi a encore de beaux jours devant elle, pour reprendre les paroles d’Henri Tincq, journaliste et spécialiste des religions : “Pour le croyant, la foi est d’abord une adhésion à un mystère. Elle n’est pas une ratification à partir de données scientifiques plus ou moins cohérentes.” La raison va-t-elle un jour supplanter la foi ? En tout cas, pour le moment l’Église tente absolument de neutraliser toutes ces “cloneries” qu’elle juge grotesques, pour des raisons que l’on conçoit aisément.
Le fruit de toutes ses recherches, l’auteur l’a placé pourtant à la portée du grand public par le biais d’une écriture simple, précise parsemée néanmoins de notes légères et de quelques pincées d’humour parfois caustiques mais naturelles et de bon sens. Un livre passionnant qui amène le lecteur à prendre ses propres positions.
Pour l’auteur :
“Ce qui m’intéresse, dans les phénomènes inexpliqués, qu’ils soient de nature mystique ou simplement paranormale, c’est le défi qu’ils lancent à l’intelligence. Intelligence au sens étymologique : créer des liens, prendre conscience du caractère interactif de tout ce qui nous entoure, visible ou invisible. Et l’intelligence ne progresse pas en réfutant le défi.”
Une étude d'honnête homme
Critique de Le rat des champs (, Inscrit le 12 juillet 2005, 74 ans) - 27 décembre 2005
Le suaire de Turin, ou plus exactement le linceul de Turin déchaîne les passions depuis qu'il fut démontré aux débuts de la photographie qu'il était une image en négatif. Depuis, expertises et contre-expertises se sont succédé sans parvenir à trancher. Le carbone 14 permet de le dater du moyen-âge mais cet argument est de peu de valeur quand on sait à quel point ce test est peu fiable.
Les arguments permettant de faire remonter son origine à la Palestine du premier siècle par contre ne manquent pas: la technique du tissage, les spores et traces microscopiques diverses recueillies, etc.
Une chose est certaine, c'est que si ce linge est un faux réalisé au XIIIe siècle, celui qui l'a fait était un génie visionnaire, capable d'anticiper de loin les recherches scientifiques ultérieures notamment celle du microscope optique puis électronique, de la microbiologie, au point de pulvériser des micro-organismes de la région sur le tissu.
Un esprit sommaire comme le mien pourrait penser qu'à une époque où il y a une crise des vocations sacerdotales, où l'Eglise catholique a perdu du moins dans nos contrées l'essentiel de sa crédibilité et de ses fidèles, l'authenticité du linceul serait du pain béni pour elle, et que donc, elle se battrait de toutes ses forces pour obtenir une reconnaissance scientifique estampillée de son authenticité.
Eh bien, nous dit l'auteur, c'est exactement le contraire, ce linge leur fait peur, surtout depuis que les progrès de la génétique moléculaire laissent entrevoir que peut-être un jour, il serait possible, sur base de l'ADN présent dans les cellules du suaire de cloner Jésus. La réalité dépasse la fiction, et dans son livre "l'évangile de Jimmy" l'auteur avait été visionnaire sans le savoir. Rien à craindre de Raël pourtant, il ne voit pas l'intérêt de cloner le messie puisque le messie c'est lui. Pourquoi une copie alors que nous avons la chance d'avoir l'original prétend-il dans un chapitre du plus haut comique.
Sur un plan scientifique, cette perspective me fait plutôt rire, parce que ce n'est pas parce que nous aurions un clone parfait de Jésus qu'il aurait sa personnalité. Pensons en effet aux jumeaux univitellins qui ont le même patrimoine chromosomique mais une personnalité différente. Enfin, on peut comprendre que Benoît XVI n'a nulle envie de voir un clone de Jésus le chasser du Vatican à coups de pompe, ce qui explique l'attitude réservée, voire hostile des autorités religieuses catholiques.
Les conclusions ésotérico-philosophico-religieuses que Van Cauwelaert tire de cette enquête passionnante et bien documentée sont les siennes, et finalement, on en revient toujours à une question de foi, ce qui est une bonne chose.
Merci à mon ami Shelton d'avoir critiqué ce livre. Même s'il m'a coiffé sur le poteau, comment lui en voudrais-je?
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