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Dirlandaise

avatar 27/06/2005 @ 17:04:04
Une légère brume

Une légère brume, poudrée d’or fin et de paillettes par les rayons du soleil levant, flotte au raz des champs récemment moissonnés. Debout devant ma fenêtre ouverte, je contemple la nais-sance du jour nouveau qui s’annonce d’une chaleur écrasante. Une légère brise gonfle les ri-deaux de tulle blancs tel des voiles de bateau, jetant un peu de fraîcheur dans l’air déjà étouffant. J’entends la symphonie des bruits quotidiens du dehors, des cris d’enfants jouant sur la route, des fermiers hélant leur troupeau pour la traite, des femmes s’interpellant depuis le seuil de leur maison, le ronronnement régulier de la moissonneuse-batteuse, le cri des oiseaux en quête de nourriture. Il est temps de s’activer et d’entreprendre une autre journée de dur labeur. Les hum-bles travaux ménagers laissent invariablement le dos endolori et les mains rouges de gerçures douloureuses mais ils ne peuvent attendre plus longtemps. C’est le prix à payer pour pouvoir jouir d’une soirée paisible et heureuse et éprouver le sentiment du devoir accompli. Avoir l’esprit en paix et ne pas ressentir la désagréable pointe de culpabilité qui resurgit au moindre relâchement. Pourtant, je m’attarde, repoussant le moment de commencer le travail. Mon esprit me commande d’y aller mais mon corps refuse de bouger comme paralysé devant la perspective peu réjouis-sante des différents travaux à accomplir. La brume s’est dispersée et les rayons du soleil ré-chauffent de plus en plus l’atmosphère déjà lourde. Quelques nuages s’amoncellent lentement à l’horizon, laissant espérer un orage qui viendrait rafraîchir cette journée qui s’annonce torride. Le ciel a pris une teinte bleu poudre éblouissante. La chaleur monte du sol et brouille la vue laissant le regard comme flou. Les arbres sont enveloppés de cet étrange brouillard transparent qui les déforme et l’ensemble du paysage semble vu comme à travers une vitre boursouflée. L’odeur du foin coupé caresse mes narines mélangée aux timides arômes des arbres fruitiers chargés de leur récolte prête à être cueillie. Les fruits seront transformés en délicieuses compotes qui en-soleilleront les frileux matins d’hiver.

Il faut pourtant que j’y aille. Ma rêverie m’a déjà fait prendre un retard considérable…

Dirlandaise

avatar 27/06/2005 @ 23:42:25
Excellente stratégie...

Je vais donc me critiquer moi-même. Ce texte est excellent, sublime, une révélation... Un grand écrivain vient d'être révélé à la face du monde. Comme critique sirupeuse, on ne fait pas mieux...

;-)

Lucie Sombret 28/06/2005 @ 00:19:17
Désolé, je n'aime pas les descriptions, surtout celles de la nature, elles m'ennuient...mais c'est joliment dit!

Dirlandaise

avatar 28/06/2005 @ 01:20:33
Bonjour Lucie,

Merci pour ton commentaire, il est très précieux car honnête... J'apprécie beaucoup !

;-)

Charles 28/06/2005 @ 09:17:40
Hello Dirlandaise ! un petit commentaire en passant

l'évocation me semble réussie, l'ambiance est là et l'on imagine bien ce matin au bord des champs.

j'ai juste buté sur "le dos endolori et les mains rouges de gerçures douloureuses" et il me semble que ton texte gagnerai à avoir un rythme plus lent avec moins de longues phrases, plus de virgules, de pause...

Sahkti
avatar 28/06/2005 @ 09:44:50
les tirets au milieu des mots, c'est quand tu as fait le copier-coller?

LesieG

avatar 28/06/2005 @ 15:43:53
J'attend la suite avec impatience.

Leura 28/06/2005 @ 17:05:03
J'aime beaucoup, c'est bucolique, on sent presque l'odeur du foin. Excellente description, très colorée.

Saint Jean-Baptiste 28/06/2005 @ 19:50:57
Une belle évocation d'un moment de bonheur dans la contemplation de la belle nature !
C'est bien écrit, très visuel et même sensuel, cette vision d'une matinée de l'été finissant.
Bravo Dirlandaise !
Mais, parce qu'il y a un mais, à mon goût du moins : je regrette que tu ajoutes cet appel du devoir domestique. Je trouve que ça entrave complètement le romantisme de la description.
Mais évidemment c'est un choix. Tu as peut-être voulu justement créer un contraste ; mais moi, j'aurais préféré en rester à la romance.
Je crois que c'est ton premier texte et c'est certainement un bon début.

Dirlandaise

avatar 28/06/2005 @ 20:23:07
Merci pour vos commentaires.

Charles: De courtes phrases dans une description de ce style, je trouverais ça difficile mais je me pratiquerai. ;-)

Sahkti: Oui, pour les tirets dans les mots, j'avais configuré Word pour qu'il accepte les coupures de mots en fin de ligne mais je me suis rendue compte de mon erreur trop tard, je ne peux pas corriger. Désolée ! ;-(

LesieG: Tu parles d'une suite... Ça me met de la pression ! Je fonctionne par inspiration et une suite est fort peu probable. ;-)

Leura: Merci ! J'apprécie beaucoup. ;-)

Saint-Jean-Baptiste: Merci et ton commentaire est juste. Je m'en rends compte à la relecture. Ça casse la poésie de parler de travaux ménagers !!!! ;-)

Merci d'avoir pris le temps de me lire.

Dirlandaise

avatar 28/06/2005 @ 20:27:16
Saint-Jean-Baptiste,

Ce n'est pas mon premier texte, c'est le troisième. Le premier s'intitule "Rêve" et pour le retrouver... je ne sais pas comment faire. Le deuxième se passait dans une forêt, le titre m'échappe. ;-)

Lyra will 28/06/2005 @ 20:30:35
"La chaussure"
Ici, à Dirlandaise :

http://perso.wanadoo.fr/marieste/index.htm


Je lirai ton texte un peu plus tard :0)

Mentor 28/06/2005 @ 21:41:14
Saint-Jean-Baptiste: Merci et ton commentaire est juste. Je m'en rends compte à la relecture. Ça casse la poésie de parler de travaux ménagers !!!! ;-)
Dirlandaise, c'est ce que je voulais dire après lecture... ;-) et comme je vois que tu es d'accord, j'ai bien moins de mal à l'avouer!! ;-)
Sinon, c'est très joli, avec un vocabulaire agréable et riche mais pas trop.
C'est très sensitif, je dirais, comme texte.
J'ai aimé (sauf pour les travaux ménag... bon, je n'y reviens pas! ;-)))

Spirit
avatar 28/06/2005 @ 23:13:50
Ben moi j'ai trouvé ton texte excelent,une jolie description pleine de vérité, on s'y croit.J'aime beaucoup.

Tistou 29/06/2005 @ 00:45:09
Moi, en dehors de cela : "Les fruits seront transformés en délicieuses compotes qui en-soleilleront les frileux matins d’hiver. " qui vient, trouve-je, un peu comme un cheveu sur la soupe, je trouve que tout cela se tient très bien, y compris les fameux travaux ménagers.
L'atmosphère d'un jour lourd (pas beau ça) à la campagne est bien rendue. On s'y voit (et pourtant je ne connais pas le Canada !).
Bon "au raz des champs", j'ai un doute, je verrais plutôt ; au ras des champs, me semble-t-il ?
Pour SJB, je me souviens effectivement avoir beaucoup apprécié le texte qu'avait fait Dirlandaise dans l'exo "Neige". Ca doit être le lien que donne Lyra.
Sinon, Dirlandaise, pour retrouver, facile ! Dans vos Ecrits ; premier fuseau CATALOGUE, puis cliquer sur le lien indiqué et tu retrouves ta production.

Kinbote
avatar 29/06/2005 @ 11:34:05
Chouette vision matinale que tu fais partager à ceux comme moi qui vivent en ville. Impression paisible. J'aime bien qu'elle soit coupée par cet encouragement au boulot sinon elle serait par trop idyllique ;o)

Sahkti
avatar 29/06/2005 @ 11:45:33
Hier, j'ai lu "Les jours fragiles" de Philippe Besson, journal intime imaginaire d'Isabelle Rimbaud, la soeur d'Arthur, qui raconte son frère mais aussi sa propore vie, celle d'une fille de la campagne qui travaille dans la ferme familiale. En liant ton texte, j'ai retrouvé de nombreuses similitudes de style, cette manière de raconter avec distance tout en étant impliquée dans le sujet. Et puis l'élégance du verbe et la fluidité des mots.
Il y a un petit je ne sais quoi qui rend ton texte très réaliste, très palpable et en même temps, ta narration crée un recul nécessaire pour contempler le tout, un peu comme si on se trouvait devant une peinture.

Dirlandaise

avatar 29/06/2005 @ 16:42:10
Merci encore pour les nouveaux commentaires:

Lyra Will, merci pour le lien. Ça m'a évité de chercher, chercher... ;-) En passant, j'ai tellement aimé "La poupée espagnole", un vrai régal.

Mentor, je suis contente de ta franchise. ;-)

Spirit, merci à toi pour ta gentillesse.

Tistou, j'ai vérifié et tu avais raison, c'est bien "ras" qu'il faut dire et non "raz". Merci pour cette précision.

Kinbote, j'habite aussi en ville mais de ma fenêtre, je vois un champ ! C'est bizarre pas vrai ! Et je vois aussi des vaches ! Incroyable n'est-ce pas ? Et de ma fenêtre arrière, j'ai la chance d'assister à de magnifiques couchers de soleil. Tout ça dans la belle ville de Québec.

Sahkti, ta critique est très belle. Ça me touche beaucoup ! Merci.

Loupbleu 29/06/2005 @ 21:46:42
Ce texte m'a un peu fait penser aux tableaux de Millet. Il se dégage une harmonie buccolique de ces phrases. J'ai beaucoup apprécié le style, particulièrement le sens du rythme de tes phrases (notamment celle qui commence par "J’entends la symphonie des bruits quotidiens").

Même si ce genre de texte n'est pas ma tasse de thé, je l'ai apprécié et je lui trouve beaucoup de qualité.

Lyra will 29/06/2005 @ 22:37:36
C'est une belle ambiance Dirlandaise !
J'aime bien la sensation de chaleur traduite par le "regard flou".

Ton texte est très visuel, et non, les travaux ménagers ne m'ont pas dérangés du tout.

Un arrêt sur image rapide, mais une image qui s'inscrit, le texte se lit très vite, et est bien écrit.

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