Il ne fallut pas longtemps pour que le vieux se retrouve transformé en bonhomme de neige. Enfin bonhomme… Plutôt « gros tas de neige avec une forme pas naturelle », le genre de truc qu’on dirait fait exprès pour attirer l’attention du premier péquenot de passage. Un coup d’œil circulaire sur le sous bois environnant conforta Jim dans son idée : de toute façon avec ce temps de chiotte, il était le seul taré à traîner ses pompes (trouées donc chaussettes mouillées et doigts de pieds gelés) dans cette infâme bouillasse grise que les pancartes osaient qualifier de « route salée et déneigée ». Sans compter l’oisillon toujours accroché à ses basques…
Mais quelle idée il avait eue de s’embarrasser d’une sangsue pareille !! Surtout quand le parasite en question se retrouve être recordman toutes catégories dans le championnat mondial du mec le plus poissard ! Il avait bien pensé l’enterrer à côté du vieux avec un petit coup de crosse scientifiquement appliqué derrière le crâne mais il avait manqué d’enthousiasme pour enfouir à mains nues un deuxième macchabée. L’ex-futur-macchabée crut bon de se manifester :
-- A quoi tu penses ?
-- Vaut mieux pas que tu saches… Allez ! On s’arrache.
-- J’vais voir c’ qu’y a derrière.
« Putain ! En plus il comprend pas le français c’ mioche ! »
-- J’ai dit on bouge ! On s’ casse ! On dégage ! On s’ barre !
Dix secondes, il lui donnait dix secondes pour redescendre fissa de la remorque de cette antiquité avant de l’envoyer servir de bouillotte à « Papy gros tas de neige ». Heureusement, au bout de sept secondes l’oisillon pointait son bec dehors.
-- C’est un camion de déménagement mais…
-- Ta gueule ! C’est moi qui commande ! Donc tu montes à côté de moi, en silence, et on déguerpit !
-- Sauf qu’y a un pr…
-- Y’en a marre que tu fasses foirer mes plans alors…
-- Mais là c’était pas ma f…
-- ALORS ! Si je t’entends encore pépier j’ t’envois bouffer les pissenlits par la racine !!
L’oisillon savait reconnaître quand quelqu’un était à bout et près à cogner, il avait eu plus que sa dose dans ce domaine. Il se contenta donc de marmonner dans sa barbe (encore inexistante vu son âge) : « ça s’mange pas les pissenlits… ».
Cela faisait maintenant dix minutes que la vieille camionnette roulait à tombeau ouvert (vu la relique, quelque chose comme 80 kilomètres-heure), les arbres défilant dans le faisceau des phares et presque aussitôt happé à nouveau par le brouillard et le crépuscule. Quand, après un virage particulièrement prononcé, un bruit aigu se fit entendre à l’arrière. Jim pila.
-- C’était quoi ça ?
-- J’peux parler maintenant ?
-- Non ! J’vais voir.
Il sauta lestement au sol, glissa sur une plaque de verglas et s’affala dans la fange grisâtre qui ressemblait à peut près autant à de la neige que Jim ressemblait à l’oisillon. Après avoir épuisé son stock d’injures les plus imagées, l’infortuné bonhomme de boue se rappela enfin qu’il était descendu pour inspecter le chargement.
Il faisait sombre et vaguement chaud sous la bâche et, tout d’abord, Jim ne vit rien (la gangue de neige sale qui lui barbouillait toute la figure y étant peut-être pour quelque chose). Après un essuyage sommaire à l’aide de sa manche trempée, il pu distinguer un amoncellement de meubles et de cartons, entassés dans un capharnaüm innommable. Mais rien pour justifier le bruit bizarre, genre souris effarouchée, qu’il avait entendu tout à l’heure.
Soudain un mouvement dans le fond… Quelque chose avait bougé…
Une main sur la crosse de son pistolet et l’autre braquant une lampe torche trouvée sur le dessus d’un carton, Jim essaya de se frayer un passage entre une armoire mangée aux vers et un fauteuil « Louis quelque chose ». Dans le rond de lumière apparu soudain … une paire de socquettes blanches. Tout en levant son bras, Jim ébahi découvrait qu’elles étaient surmontées d’une jupe, d’un gilet rose Barbie, et enfin d’un petit visage mangé par deux grands yeux bleus et encadré d’une avalanche de boucles blondes. Le tout ne dépassant pas 80 centimètres mais mignon à croquer, style mini oisillon version féminine.
-- Pépé ?...
Mais quelle idée il avait eue de s’embarrasser d’une sangsue pareille !! Surtout quand le parasite en question se retrouve être recordman toutes catégories dans le championnat mondial du mec le plus poissard ! Il avait bien pensé l’enterrer à côté du vieux avec un petit coup de crosse scientifiquement appliqué derrière le crâne mais il avait manqué d’enthousiasme pour enfouir à mains nues un deuxième macchabée. L’ex-futur-macchabée crut bon de se manifester :
-- A quoi tu penses ?
-- Vaut mieux pas que tu saches… Allez ! On s’arrache.
-- J’vais voir c’ qu’y a derrière.
« Putain ! En plus il comprend pas le français c’ mioche ! »
-- J’ai dit on bouge ! On s’ casse ! On dégage ! On s’ barre !
Dix secondes, il lui donnait dix secondes pour redescendre fissa de la remorque de cette antiquité avant de l’envoyer servir de bouillotte à « Papy gros tas de neige ». Heureusement, au bout de sept secondes l’oisillon pointait son bec dehors.
-- C’est un camion de déménagement mais…
-- Ta gueule ! C’est moi qui commande ! Donc tu montes à côté de moi, en silence, et on déguerpit !
-- Sauf qu’y a un pr…
-- Y’en a marre que tu fasses foirer mes plans alors…
-- Mais là c’était pas ma f…
-- ALORS ! Si je t’entends encore pépier j’ t’envois bouffer les pissenlits par la racine !!
L’oisillon savait reconnaître quand quelqu’un était à bout et près à cogner, il avait eu plus que sa dose dans ce domaine. Il se contenta donc de marmonner dans sa barbe (encore inexistante vu son âge) : « ça s’mange pas les pissenlits… ».
Cela faisait maintenant dix minutes que la vieille camionnette roulait à tombeau ouvert (vu la relique, quelque chose comme 80 kilomètres-heure), les arbres défilant dans le faisceau des phares et presque aussitôt happé à nouveau par le brouillard et le crépuscule. Quand, après un virage particulièrement prononcé, un bruit aigu se fit entendre à l’arrière. Jim pila.
-- C’était quoi ça ?
-- J’peux parler maintenant ?
-- Non ! J’vais voir.
Il sauta lestement au sol, glissa sur une plaque de verglas et s’affala dans la fange grisâtre qui ressemblait à peut près autant à de la neige que Jim ressemblait à l’oisillon. Après avoir épuisé son stock d’injures les plus imagées, l’infortuné bonhomme de boue se rappela enfin qu’il était descendu pour inspecter le chargement.
Il faisait sombre et vaguement chaud sous la bâche et, tout d’abord, Jim ne vit rien (la gangue de neige sale qui lui barbouillait toute la figure y étant peut-être pour quelque chose). Après un essuyage sommaire à l’aide de sa manche trempée, il pu distinguer un amoncellement de meubles et de cartons, entassés dans un capharnaüm innommable. Mais rien pour justifier le bruit bizarre, genre souris effarouchée, qu’il avait entendu tout à l’heure.
Soudain un mouvement dans le fond… Quelque chose avait bougé…
Une main sur la crosse de son pistolet et l’autre braquant une lampe torche trouvée sur le dessus d’un carton, Jim essaya de se frayer un passage entre une armoire mangée aux vers et un fauteuil « Louis quelque chose ». Dans le rond de lumière apparu soudain … une paire de socquettes blanches. Tout en levant son bras, Jim ébahi découvrait qu’elles étaient surmontées d’une jupe, d’un gilet rose Barbie, et enfin d’un petit visage mangé par deux grands yeux bleus et encadré d’une avalanche de boucles blondes. Le tout ne dépassant pas 80 centimètres mais mignon à croquer, style mini oisillon version féminine.
-- Pépé ?...
Voilà! J'ai fait ce que j'ai pu... C'est peut-être un tout petit peu long mais j'ai pas réussi à en enlever après avoir fini mon épisode.
ben c zoli tout ça!!!!
Houlala mon tour se rapproche au fur et à mesure que mon estomac se dirige vers mes talons !!!!!!!
Bravo Kicilou ! Un nouvel épisode tout aussi vivant que les 2 premiers, dans le même genre déjanté; Ce coup-ci on a quand même parcouru quelques kilomètres ! On a avancé donc ! Je ne parlerai pas de style aujourd'hui, encore moins de continuité de styles, ou même d'absence de rupture de styles de crainte de rallumer de vieilles animosités... Kicilou, ce que je me demande à propos de style, c'est s'il s'agit de TON style ou bien si tu l'as adapté à la situation ?
Tiens, je n'ai parlé que de style...
En tous cas tout est largement ouvert à l'imagination des suivants. Donc, Tistou, à toi !
Mais on a le temps : le 15 !
Tiens, je n'ai parlé que de style...
En tous cas tout est largement ouvert à l'imagination des suivants. Donc, Tistou, à toi !
Mais on a le temps : le 15 !
J'ai eu un peu de mal au début à suivre mais après j'ai bien compris. Une toute petite reproche : la différence de langage entre les deux autres épisodes et le tien. Mais chacun son style et j'imagine combien c'est dur de reprendre derrière les autres. Super le coup de la petite fille à la fin, bien vu !!!
Pauvre Jim, il à la poisse comme c'est pas permis ;-)
Et bien justement, le problème, c'est que les deux épisodes précédents, ce n'est pas du tout mon style!! Enfin, pas vraiment. J'aime le genre dégenté mais avec un langage beaucoup plus châtié. A l'origine, je donne plutôt dans la littérature pour la jeunesse. Je me suis donné beaucoup de mal pour essayer de rester dans le ton des deux autres épisodes! Ce fût rude!!
Merci pour cette réponse ! Bel effort alors !
Personnellement je ne pense pas qu'il faille impérativement essayer de se calquer sur le style du premier ou du précédent... Après tout, c'est cette diversité qui risque de faire le charme de ce patchwork... Mais chacun fait comme il le sent.
En tous cas, j'ai apprécié ta partition autant que les 2 premières.
Personnellement je ne pense pas qu'il faille impérativement essayer de se calquer sur le style du premier ou du précédent... Après tout, c'est cette diversité qui risque de faire le charme de ce patchwork... Mais chacun fait comme il le sent.
En tous cas, j'ai apprécié ta partition autant que les 2 premières.
Bravo!
Monique (et les autres), tu penses vraiment qu'on puisse garder chacun son style?
Parce que j'avoue que mon style, si tant est que j'en ai un, est plutôt du genre descriptions et introspection...
Le style vivant et les dialogues 'langage de rue' constituent un exercice très difficile et je ne suis pas très sûre d'y parvenir!
D'un autre côté, casser le style ne me semble pas tout à fait 'juste' (point de vue ton)...
Que pensez-vous tous?
Monique (et les autres), tu penses vraiment qu'on puisse garder chacun son style?
Parce que j'avoue que mon style, si tant est que j'en ai un, est plutôt du genre descriptions et introspection...
Le style vivant et les dialogues 'langage de rue' constituent un exercice très difficile et je ne suis pas très sûre d'y parvenir!
D'un autre côté, casser le style ne me semble pas tout à fait 'juste' (point de vue ton)...
Que pensez-vous tous?
Je viens juste de lire ton épisode Kicilou. Bravo! Et tu sais quoi? C'est mon tour maintenant et je viens d'hériter d'un bout de chou, enfin de choue! Tiens d'ailleurs 2 cadavres + 1 arrivante, le solde n'est plus que de -1!
Bonne question quant à savoir si l'on peut garder son "style", son genre ou si ...? Je dirais ça en ce qui me concerne quand j'aurais fait mon épisode.
Bonne question quant à savoir si l'on peut garder son "style", son genre ou si ...? Je dirais ça en ce qui me concerne quand j'aurais fait mon épisode.
Je viens juste de lire ton épisode Kicilou. Bravo! Et tu sais quoi? C'est mon tour maintenant et je viens d'hériter d'un bout de chou, enfin de choue! Tiens d'ailleurs 2 cadavres + 1 arrivante, le solde n'est plus que de -1!
Bonne question quant à savoir si l'on peut garder son "style", son genre ou si ...? Je dirais ça en ce qui me concerne quand j'aurais fait mon épisode.
Bonne question quant à savoir si l'on peut garder son "style", son genre ou si ...? Je dirais ça en ce qui me concerne quand j'aurais fait mon épisode.
Bonjour Tistou,
si tu veux relire l'ensemble et en confort, le catalogue est mis à jour ;-)
si tu veux relire l'ensemble et en confort, le catalogue est mis à jour ;-)
Je viens tout juste de finir de lire la donnée. Pour le moment on est dans une suite d'additions et de soustractions, prions pour qu'il n'y est pas de division car on voudrait bien qu'ils restent ensemble ces deux (trois) là. Quant à la multiplication, qui sait ? En tout cas, on se prend au jeu, et je commence à regretter de ne pas participer. bravo . A ton tour Tistou. Tu veux mon avis ? il manque un chat dans tout ça.
Pas trop tard pour t'inscrire Sido !
C'est vraiment chouette : voici maintenant que nous allons attendre chaque fois avec impatience la suite de ces pérégrinations. Merci Kiciclou !
Euh... merci Kicilou !
Une réussite quant à ce qui est d'adapter le style initial... ;-) Le scénario fait un pas en avant et tout ça est très plaisant à lire ;-) ;-) J'attends avec impatience qu'un premier texte décalé en style et quant à la trame proposée par Yali vienne agiter le côté 'ronronnant' de l'aventure...
oups! ;-) ..adopter ...pas adapter!
Merci beaucoup pour tous ces compliments, ces gentilles critiques. C'est la première fois que je mets un texte sur le site (la première fois que plus de 5 personnes lisent mon texte)et j'attendais vos remarques avec impatience, merci à vous ! Et Tistou, j'attends la suite (avec impatience aussi ! mais là je me répète) !!!!
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