Cyclo
avatar 07/11/2015 @ 15:45:35
La littérature française contemporaine, qui nous tombe souvent des mains quand on a beaucoup lu, est à cent coudées de ce géant, comme nous en eûmes tout de même un grand nombre au siècle dernier. On est loin avec Bernanos de cette littérature de consommation ou de divertissement qui domine aujourd'hui. Mais chaque époque a les écrivains qu'elle mérite : la nôtre, où triomphent l'individualisme satisfait, la technologie rutilante, la finance égocentrée et le matérialisme navrant, gagnerait pourtant beaucoup à relire ces écrivains qui exploraient les profondeurs de l'âme humaine.

AmauryWatremez

avatar 07/11/2015 @ 20:30:01
" Beaucoup de jeunes gens se proclament royalistes et parlent des écus de l'aïeul avec le mouvement de menton vainqueur d'un descendant de Godefroy de Bouillon affirmant ses droits sur le royaume de Jérusalem. Sacrés petits farceurs! Leur excuse est celle-ci: le sens social leur manque. De qui l'auraient-ils hérité? Les crimes de l'or ont d'ailleurs un caractère abstrait. Ou peut-être y a-t-il une vertu dans l'or? Les victimes de l'or encombrent l'histoire, mais leurs restes ne dégagent aucune odeur..."

G.Bernanos, "Les Grands Cimetières sous la lune".

AmauryWatremez

avatar 07/11/2015 @ 20:32:30
bernanos

Par Amaury 18h31 01 nov. 2015
La Foi et le Scandale du Mal – l'Oeuvre romanesque de Bernanos
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Les sept romans de Georges Bernanos sont édités en Pléiade chez Gallimard



littérature, société, politique, Bernanos, livre, littérature et décombres, amaury watremezL'on ne peut comprendre l'oeuvre de Bernanos, cet angoissé joyeux, sans comprendre ce qu'est la Foi et le scandale qu'est le Mal dans notre monde. A notre époque matérialiste, ne comprenant que le quantifiable, le mesurable en espèces sonnantes et trébuchantes, le prouvable devant témoins, la Foi est strictement incompréhensible. Elle est le plus souvent réduite soit à un ésotérisme de pacotille soit à un besoin de se sentir bien pour soi. Il est de bon ton également de réduire le « grand d'Espagne » à un catholique qui aurait rejoint le « camp du Bien » en prenant position contre le franquisme en particulier et tous les fascismes en général. Les promoteurs de cette vision oublient manifestement que « les Grands Cimetières » sont dédiés à Edouard Drumont, grande figure scandaleuse. Ils omettent cette épisode advenu en 48 quelques temps avant la mort de l'écrivain lorsqu'un journaliste américain lui demandant s'il était dans le camp des démocrates se fit copieusement engueuler. Il ne serait également qu'un auteur de livres mettant surtout en scène des curés et des religieuses, un romancier catholique ayant le cœur un peu plus sombre que François Mauriac ou Guy de Larigaudie.



Les romans de cet auteur dont je me sens si proche sont essentiellement des livres de Foi. Ce n'est pas l'eau tiède déversée par tonneaux entiers des nouvelles communautés, de trop nombreuses paroisses, ou le sirop un peu trop sucré des livres de « directeurs spirituels » médiatiques. On aime tout le monde mais on n'est pas capable d'aller vers son prochain le plus proche. Ce n'est pas non plus la foi bourgeoise, la foi des privilégiés ne voulant que préserver leur mode de vie par eux considéré si précieux. La Foi de Bernanos est un feu brûlant, elle apporte le glaive, elle n'est pas de pur spirituel complètement désincarnée. Elle encourage à la radicalité évangélique, à laisser de côté les bons sentiments, les grandes et belles déclarations ronflantes. Ce n'est pas facile mais c'est là où se niche la Sainteté, telle celle de Blanche de la Force, jeune novice des carmélites finissant par monter à l'échafaud avec ses sœurs alors qu'elle aurait pu espérer survivre.



La Foi de Bernanos est au pied de la Croix, en direction du supplicié atroce cloué sur le bois épais, supplicié bien oublié par les croyants modernes en faisant une figure de vitrail aux bonnes joues rouges. La Croix domine un monde corrompu par le Scandale du Mal. Rien n'y a plus vraiment de sens, la vie apparaît comme de plus en plus absurde menée par l'avidité, dans une nuit de plus en plus profonde. Au cœur de cette obscurité demeure ce qui nous sauve, l'Espérance. Ce n'est pas l'espérance simplement humaine, à courte vue, ressemblant plus à l'illusion, l'illusoire, le virtuel il est vrai de plus en plus prégnant. Ce supplicié horriblement défiguré, souffrant de tous les péchés de l'Humanité, est aussi la victoire définitive du Bien sur le Mal, contre toute apparence, victoire couronnée par la Lumière de la Résurrection.



La mort du Christ sur la Croix est en effet plutôt un symbole d'échec complet en apparence, tout comme la courte existence du petit curé d'Ambricourt. Personne ne vient à sa messe, excepté deux vieilles bigotes et il meurt seul, mais il meurt en comprenant ainsi que le disait sainte Thérèse de Lisieux que « Tout est Grâce ». Bernanos parle aussi des prêtres mondains, des ecclésiastiques clinquants ayant du succès en société, de leur imposture. Celle-ci ne se fonde pas toujours sur des mauvaises intentions, parfois ils sont sincèrement convaincus du bien-fondé de leurs compromis. Dans « Sous la Soleil de Satan », il montre deux visages de personnes tendant à la Sainteté: l'abbé Donissan et Mouchette. Donissan fait littéralement des miracles, mais il n'a plus aucun amour dans le cœur, Mouchette est une jeune femme scandaleuse mais elle est plus proche de la Sainteté que le prêtre. Dans ce livre le diable est un maquignon rusé faisant des affaires juteuses avec les hommes et le mal se fait sous un soleil éclatant, en pleine lumière....

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Lien permanent Catégories : Art de vivre, Article, Écriture, En passant..., Foi, Histoire, Livre, Politique, Revue de presse, Sociologie, Spiritualité, Témoignage Tags : littérature, société, politique, bernanos, livre, littérature et décombres, amaury watremez
Par Amaury 13h07 25 nov. 2010
Bernanos et les médiocres
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GEORGES%20BERNANOS.jpg

Si j'aime beaucoup ce que Pierre Cormary écrit habituellement, là il exagère...

Bernanos dit ceci dans "le Soleil de Satan", cité par Yves Bernanos à la fin de cet excellent article que je me permets de relayer car il remet certaines choses au point concernant entre autres la médiocrité assumée de notre époque : "La jeunesse décimée, qui vit Péguy couché dans les chaumes, à la face de Dieu, s’éloigne avec dégoût du divan où la supercritique polit ses ongles. Elle laisse à Narcisse le soin de raffiner encore sur sa délicate impuissance. Mais elle hait déjà, de toutes les forces de son génie, les plus robustes et les mieux venus du troupeau qui briguent la succession du mauvais maître, distillent en grimaçant leurs petits livres compliqués, grincent au nez des plus grands, et n’ont d’autre espoir en ce monde que de pousser leur crotte aigre et difficile au bord de toutes les sources spirituelles où les malheureux vont boire."

Il est qualifié de "planqué" par l'auteur que son descendant cite.

Rappelons que le "planqué" a cru bon de dire la vérité sur la guerre d'Espagne dans "les Grands Cimetières sous la lune", quitte à quitter ce pays sous le feu des phalanges et à perdre tous ses amis ainsi que sa situation.

Il aurait pu fermer la bouche et ne rien dire, et s'assurer une rente confortable.

Rappelons que le "planqué" s'est tout de suite engagé avec force et détermination pour la liberté de son pays en 40.

Rappelons enfin que "le planqué" ne s'est jamais rallié à un camp en acceptant des compromis abjects.

En 2010, il manque des voix aussi puissantes, libres et indépendantes que celle de ce "planqué".

Mais hélas, l'époque est à la médiocrité assumée, revendiquée, à la banalité portée en étendard.
urs de vacances, c'est que l'on peut se passer de tout ce qui est finalement complètement futile comme Internet, relire les livres que l'on aime et simplement apprécier la vie qui s'écoule. On peut aussi en profiter pour peaufiner la réponse que l'on a envie de faire à certaines assertions de plus en plus entendues à la radio, à la télévision et lues sur le réseau ou dans les journaux. On y réfléchit sans s'énerver, en regardant la mer étinceler sous le soleil de juillet, et les gosses qui s'amusent dans les rouleaux...
guerre_miliciens.jpgJ'ai relu pour ma part « les enfants humiliés » de Bernanos, un manuscrit paumé par Bruckberger alors qu'il était militaire dans la Sarre, car celui-ci l'avait prêté à un de ses supérieurs qui l'avait égaré, et heureusement sauvé après la guerre pour paraître peu de temps après la mort de l'écrivain. La lecture de ce livre, comme d'ailleurs de tous les écrits de combats de Bernanos contredit tous les poncifs entendus sur son compte. Comme celui que l'on entend parfois énoncé par les historiens ou les exégètes de l'œuvre « Grand d'Espagne » : il y aurait un Bernanos catholique, traditionaliste monarchiste, anti-démocrate, antisémite, avant la Guerre d'Espagne, un fâchiste d'Action Française et celui d'après, un Bernanos rallié à la gauche, devenu démocrate-chrétien presque et catholique social, main dans la main avec les communistes. Les deux clichés sont deux énormes contresens, Bernanos est d'abord et avant tout un amoureux de la liberté qui déteste les compromis, les manquements à la vérité, les petites malhonnêtetés pour se maintenir à flots, qui se dira anti-démocrate jusqu'à la fin de sa vie ; peu de temps avant qu'il ne meurt, un journaliste américain l'interroge en commençant par « Vous qui êtes maintenant du camp des démocrates... », ce qui fait hurler Bernanos qui clame qu'il est toujours et monarchiste, et catholique et qu'il rejette la démocratie, du moins telle qu'elle se pratiquait à l'époque et se pratique encore maintenant.
Et il n'est certes pas parfait.
Mais l'amour de la vérité, et de la liberté sauvent tout chez lui.
On le voit mal lécher les bottes d'un grand homme, ou inaugurer des statues, celui-ci fût-il un général expatrié, et encore moins trahir ses idéaux de jeunesse. On le voit mal gaulliste, on ne l'imagine pas une seconde adhérer à l'UDR ou au RPF. On a du mal à l'imaginer courbé devant De Gaulle comme Mauriac.
De plus Bernanos ne pouvait se rallier aux soutiens d'une idéologie foncièrement arbitraire et réductrice, d'où qu'elle vienne, les intentions de cette idéologie fussent-elles généreuses au départ. En tant que chrétien et catholique, il sait tout le poids de sa conversion, que l'on ne peut être à la fois son ancienne enveloppe et le nouvel homme que l'on devient une fois que l'on comprend ce qu'implique la foi à savoir la Croix et la Résurrrection, que dealer avec l'un ou l'autre, modérer ses élans en s'adaptant au langage de la société telle qu'elle est contribuera à faire avancer les hommes vers un peu plus de joie, vers la communion des saints quitte à parfois passer pour un salaud qui ne joue pas le jeu (par exemple, je pense qu'un chrétien ne peut pas rigoler en entendant un/e ami/e raconter ses dernières frasques sexuelles alors que celui-ci est déjà engagé/e et prendre ça à la légère, et pour cet/te ami/e et pour ses conquêtes, et pour la personne avec laquelle il/elle est en couple). Un chrétien se doit de dénoncer l'eugénisme, les avortements en particulier, de se rappeler de la souffrance de la mère qui s'apprête à commettre ce geste, mais aussi de celle du médecin qui pratique l'IVG et des infirmières qui l'assiste, et surtout que chaque histoire est unique et donc irréductible à des slogans ou de grandes déclarations péremptoires ; dans « les enfants humiliés », Bernanos en parle sur quelques pages, prévoyant parfaitement les évolutions actuelles. De même il perçoit parfaitement la naissance de la société spectaculaire qui a besoin de sa dose quotidienne de violences virtuelles, de sexe au kilomètre, de plaisirs devant être immédiatement satisfaits, fussent-ils bestiaux.
Bernanos est un « fils de la Lumière » au sens où l'entend très bien Fabrice Hadjaj dans son livre, « la Foi des démons », ceux-ci ne sont pas très doués pour les ronds de jambes, l'obséquiosité et la frilosité des sentiments, ils ne savent pas se mettre en valeur et encore moins se comporter comme il faut dans le monde. Ils arrivent avec leurs gros sabots et mettent tout par terre, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, ils révèlent les hypocrisies, les petites mesquineries. Il faut les excuser, ils sont tellement heureux d'échapper à leur condition de primates encore livrés à leur animalité, celle-ci étant entretenue par le consumérisme, et de commencer à être un petit peu plus humains. Ceux qui se complaisent dans les ténèbres ont la nostalgie de la lumière hors de leur grotte platonicienne, ils voudraient bien en sortir mais c'est tellement confortable et puis il suffit parfois de se réclamer de Bernanos, ou Bloy, pour se sentir alors presque absous des petites saloperies que l'on est bien obligé de commettre pour plaire et rester en place ou plaire à au moins une partie du troupeau bêlant qui déteste qu'on mette en cause son confort intellectuel et spirituel mais aime bien faire comme si. Ces petites saloperies paraissent tellement peu importantes que l'on finit par ne plus y prendre garde.
Ceux-ci ne sont jamais éblouis par les soleils trompeurs, y compris ceux qui jouent les outsiders, les contradicteurs politiquement incorrects de service que l'on entend partout ce qui ne les empêche pas de clamer pour la plupart qu'ils sont censurés, ce qui est faux. Le monde est plein de salauds malgré eux de ce type, persuadés que leur compromission est indispensable à la bonne marche du monde, au progrès, que sais-je. Ceux qui se terrent au fond de leur caverne sont jaloux finalement de leurs congénères qui ont su se rapprocher un peu de la lumière, ils les envient, ils les rejettent, les insultent, les conchient sous différents prétextes, toujours un peu les mêmes. Pour eux, celle ou celui qui ne se compromet pas est un fou, un taré. Heureusement que ces salauds ont un discours finalement souvent inaudible, du café du commerce un peu amélioré à coups d'imparfaits du subjonctif et de considérations nombrilistes foireuses qui appâte le chaland. Ce sont des putes qui font des manières en somme pour causer d'eux et chercher qui dans une cause qui dans la vie du grand homme qu'ils se choisissent une manière de personnalité, ce dont ils sont cruellement dépourvus.
Bernanos étant un « fils de la Lumière » il n'est sûrement pas un maître à penser comme j'ai pu l'entendre. Bernanos est plutôt un capitaine d'infanterie, de ceux qui s'exposent au feu avec courage, et que l'on suit pour leur courage. J'ai personnellement horreur des maîtres à penser, des directeurs de conscience envahissants, des saints hommes ou réputés tels dans le troupeau qui sont souvent sincères au début de leurs prêches quant à leurs intentions et finissent toujours par poser au gourou et jouir du pouvoir, comme Jean de Leyde il y a longtemps, dont on peut lire l'histoire dans le livre passionnant de Greil Marcus, « Lipistick Traces » dont le propos est très proche de celui des « enfants humiliés » ou bien l'on peut aussi songer à certaines têtes pensantes, qui sont très proches finalement de Jean de Leyde, issues des communautés chrétiennes dites nouvelles actuelles, qui n'hésitent pas en plus à avoir recours à des techniques sectaires pour fidéliser la clientèle. La royauté de Jean de Leyde avait très bien commencé, sous les meilleurs auspices utopiques, bien sûr, elle s'est terminée dans un bain de sang. C'est le cas de toutes les utopies quand celles-ci sont appliquées de force au bon peuple pour le forcer à un bonheur qui ne saurait être qu'artificiel et arbitraire.

Saint Jean-Baptiste 08/11/2015 @ 12:47:59
AmauryWatremez
Je me suis tapé la lecture de ton message et de ta critique et j'ai eu un peu de mal à tout comprendre tant tu fais preuve d'une érudition qui me dépasse.

Dans ta critique j'ai retenu ceci :
« La Foi de Bernanos est un feu brûlant, elle apporte le glaive, elle n'est pas de pur spirituel complètement désincarnée. Elle encourage à la radicalité évangélique, à laisser de côté les bons sentiments, les grandes et belles déclarations ronflantes. Ce n'est pas facile mais c'est là où se niche la Sainteté... » (dixit Amaury Watremez)

C'est une foi édifiante mais elle m'a semblé vindicative et dépourvue de modestie. Elle me fait penser à l'Opus Dei. Je pense qu'elle est loin de la foi miséricordieuse du Pape François. Mais il faut de tout pour faire un monde, n'est-il pas.

Par contre j'ai apprécié sans réserve le dernier commentaire de ta critique, qui m'a paru en contradiction avec l'extrait précédent :
« Ses livres brûlent encore de rage contre le mal, contre ce qui est fait aux petits, aux faibles, aux « moutons noirs ». Ils brûlent de sa Foi en un dieu qui aime les êtres humains, ses créatures tellement faibles, tellement débiles malgré tout, un amour incompréhensible au sens strictement humain du terme... » (dixit Amaury Watremez).

Je préfère cent fois cette conception de la foi chrétienne.

Quoiqu'il en soit, tu me donnes envie de partager ta conclusion :
« Ses romans n'ont rien perdu de leur force d'écriture et d'esprit. Alors oui, relisons le encore une fois... »

J'ai justement retrouvé dans mon capharnaüm un « Journal d'un Curé de Campagne » que j'avais acheté il y a des siècles, dans la magnifique édition d'André Sauret - Collection Grand Prix des Meilleurs Romans du Demi-Siècle, et que je n'avais jamais ouvert, les pages ne sont même pas encore coupées... Je le mets en haut de ma pile de LAL.

AmauryWatremez

avatar 08/11/2015 @ 14:11:16
"C'est une foi édifiante mais elle m'a semblé vindicative et dépourvue de modestie. Elle me fait penser à l'Opus Dei. "

Quelle erreur ! Et quel rapport avec l'Opus Dei ? Il n'y a pas plus étranger que Bernanos à l'Opus Dei

Ce que je dis au dans le premier com s'accorde avec le deuxième, la Foi c'est la colère contre le mal fait aux petits dans la radicalité, à commencer par la cohérence avec l'Evangile

AmauryWatremez

avatar 08/11/2015 @ 14:31:01
La prière est, en somme, la seule révolte qui se tienne debout.

Les Grands Cimetières sous la lune, dans Essais et écrits de combat, I, Georges Bernanos, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 364

Hiram33

avatar 08/11/2015 @ 15:46:08
Henri Guillemin en parle brillamment https://www.youtube.com/watch?v=Cb3EP4DbleE

et cet article sur Bernanos où il est question de "la grande peur des bien-pensants" hagiographie de Drumont et de la phrase de Bernanos tant discutée sur Hitler.

AmauryWatremez

avatar 08/11/2015 @ 18:12:01
Réduire la Grande peur à une hagiographie de Drumont serait plutôt réducteur. En dehors de son antisémitisme obsessionnel Drumont avait séduit la jeunesse de la fin du XIXème par ses diatribes d'abord anti bourgeoises, ce que retient Bernanos.

Quant à la fameuse phrase sur Hitler ce serait un drôle de procès d'intention fait à un auteur qui fut menacé après la rédaction des "Grands cimetières" par les franquistes dans leur ensemble...

Hiram33

avatar 08/11/2015 @ 19:34:42
"réduire... serait réducteur" !

Bernanos ne fut pas vichyste mais cela ne doit pas l'absoudre de critiques sur son admiration pour Drumont qui fut surtout (quoi que tu en penses) l'auteur de "La France juive".

AmauryWatremez

avatar 10/11/2015 @ 10:05:22
Suggérer que Bernanos est antisémite car lecteur de Drumont, c'est une approximation assez grave prouvant la méconnaissance de son oeuvre, et ce qu'il dit de sa dédicace à cet auteur dans de nombreux textes (dans "les écrits de combat").

C'est aussi ignorer l'histoire française au moment de l'Affaire Dreyfus infiniment plus complexe que les deux ou trois certitudes auxquelles la réduise le "Camp du Bien". Cette influence de Drumont sur la jeunesse de son temps et notamment de par son anti bourgeoisie c'est Jean Denis Bredin qui l'évoque dans son livre sur l'Affaire...

Il rappelle également que l'antisémitisme irriguait toute la politique de la gauche à la droite, confondu souvent à gauche avec l'anticapitalisme. A gauche maintenant, certains pensent avoir trouvé la parade en parlant d'"antisionisme" pour très mal camoufler leur judéophobie.

AmauryWatremez

avatar 10/11/2015 @ 10:09:48
Un excellent article qui répond beaucoup mieux encore que moi sur cette allégation

dans Libé
http://liberation.fr/tribune/2008/…

Hiram33

avatar 10/11/2015 @ 17:27:01
"Bernanos ne fut pas vichyste mais cela ne doit pas l'absoudre de critiques sur son admiration pour Drumont "

Il n'est pas que lecteur de Drumont, il est son hagiographe. Après, Vichy lui a fait réaliser l'horreur de l'antisémitisme. Né 20 ans plus tôt, peut-être aurait-il eu le même parcours qu'Anatole France, Octave Mirbeau ou Jaurès à propos des Juifs.

AmauryWatremez

avatar 10/11/2015 @ 22:05:34
J'ai horreur des moralisateurs, pitié.

On a l'impression d'un monologue, tu as lu l'article que je propose en lien ?

Oui, non ? Peut-être ?

Je n'en ai pas l'impression...

Je crois que tu n'as lu ni la Grande Peur des bien-pensants, ni les grands cimetières...

Ne retenir que cela de Bernanos, comment dire ?

AmauryWatremez

avatar 10/11/2015 @ 22:07:26
Je préfère relire la lettre de Simone Weil à Bernanos, c'est plus intéressant

http://deslettres.fr/lettre-de-simone-weil-a-georg…

Saule

avatar 11/11/2015 @ 08:42:52
Très belle lettre De Simone Weil à Bernanos.

De toute façon c'est vain de vouloir distribuer des bons (ou mauvais) points en matière de racisme un siècle après, un peu comme vouloir interdire les livres de Hergé à la vente car ils contiennent des scènes racistes. Ca revient un peu à se dédouanner un peu soi-même sans accepter le fait que la société dans son ensemble était raciste à l'époque.

AmauryWatremez

avatar 11/11/2015 @ 11:49:48
En effet, la société à l'époque était de la gauche à la droite dans un antisémitisme avéré (ce qui n'excuse rien mais il est facile effectivement d'e juger un siècle après)

Le rat des champs
avatar 11/11/2015 @ 14:10:30
En effet, la société à l'époque était de la gauche à la droite dans un antisémitisme avéré


Exact. L'influence du clergé, sans doute. Les descendants des assassins du Christ ne méritaient aucune pitié. Il a fallu attendre Jean XXIII pour que le texte appelant à la conversion des "Juifs perfides" soit retiré de la liturgie.

Saint Jean-Baptiste 11/11/2015 @ 15:49:46
Les descendants des assassins du Christ ne méritaient aucune pitié.
...Le Christ qui était juif, comme chacun sait ! Cherchez la cohérence ...

Saint Jean-Baptiste 11/11/2015 @ 15:54:01



Exact. L'influence du clergé, sans doute. (...)
... le texte appelant à la conversion des "Juifs perfides" ... de la liturgie.
Et voilà, haro sur le baudet ! On y est : Le clergé, ce pelé ce galeux d'où venait tout le mal...  !
Ce brave clergé expulsé par la IIIème République, ce brave clergé interdit de parole et de culte, qu'il était désormais interdit d'écouter sous peine de bannissement, est responsable de cet antisémitisme français, si bien démontré par l'Affaire Dreyfus, et qui a fait fureur depuis la Révolution...

Je mets au défi quiconque, y compris parmi les croyants pratiquants, de dire en quelle circonstance il est fait mention « des Juifs perfides » dans la liturgie (sans recours à Wikipédia ou autre internet, évidemment).

Et pourtant, à en croire les laïcards, intégristes acharnés, cette liturgie serait la responsable de toutes les persécutions des juifs y compris celle des nazis...
Décidément, le bouc émissaire, puisqu'il faut l'appeler par son nom, aura toujours bon dot, n'est-il pas, Le Rat !

Hiram33

avatar 11/11/2015 @ 16:17:16
J'ai été obligé de lire "La grande peur des bien-pensants". Mon directeur de thèse (Eric Marty) te le confirmera. Si tu veux lui écrire, il enseigne à Paris Diderot. Sinon, tu veux aussi mes papiers ou je peux circuler ?

Je confirme ce que j'ai mis plus haut le Bernanos des années 30 n'est pas celui de 1940, sais-tu lire ?

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