Pieronnelle

avatar 18/02/2013 @ 12:43:20
Ah mais que dis-tu là Minoritaire !!
Voudrais-tu donc ouvrir un autre débat "où l'on discutaille à l'envi et sans se connaitre afin de pouvoir affirmer à la fin "tu as tort, donc j'ai raison" (ou l'inverse)" ? ! Comme tu l'as affirmé sur un autre fil :-))
Car toute opinion attire une réponse et mon avis c'est que ça ne va pas tarder...:-))

Minoritaire

avatar 18/02/2013 @ 14:06:45
t'as raison, Piero; je vais m'en tenir à mes petites histoires. D'autant que, Bolcho me pardonne, je ne lis pas le Monde diplo. D'ailleurs, CL me pardonne, je ne sais pas lire.

Pieronnelle

avatar 18/02/2013 @ 14:40:12
Cela dit, j'ai beaucoup aimé ce que tu as écrit...:-)) mais chut faut pas le dire...

Bolcho
avatar 12/03/2013 @ 22:19:15
Monde Diplomatique de mars 2013

Aïe, le dernier article va me valoir une réponse du Saint homme...

« La France doit quitter l'OTAN » Régis Debray
L'Alliance était atlantique mais on la retrouve partout : Irak, Golfe, au large de la Somalie, Libye. Militaire au départ, elle est devenue politico-militaire. Elle était défensive, la voilà privée d'ennemi mais à l'offensive.
Etats-Unis : une nation convaincue de son exceptionnalité dont le président proclame que son seul but est de rétablir le leadership mondial de son pays, « boosté » par la révolution informatique qui porte ses couleurs et parle sa langue. Et la moitié des dépenses militaires du monde.
La France, elle, voit la dérégulation libérale ronger ce qui faisait sa force : sa puissance publique.
Et, pour expliquer son intervention au Mali, elle met en avant la « lutte contre le terrorisme international », fourre-tout dans lequel on range les salafistes wahhabites que nous pourchassons au Mali, courtisons en Arabie saoudite et secourons en Syrie.
Tous nos présidents, après Pompidou, se sont offert une chevauchée fantastique de ce genre (hausse de la cote garantie). Mais, heurter la première puissance du monde, ce n'est pas dans les habitudes de la maison. On obéit à la loi du plus fort. Peu après la seconde guerre d'Irak, Moscovivi, alors chargé des relations internationales au PS, avait rassuré les représentants de l'OTAN sur les bons sentiments de son parti envers les Etats-Unis, et Rocard avait déjà manifesté auprès de l'ambassade américaine à Paris, le 24 octobre 2005, sa colère contre le discours de Dominique Villepin à l'ONU.
C'est une soumission à l'OTAN.
Pas de véritable commandement intégré : le leader garde ce qui est important. Et nos compagnies aériennes sont tenues de livrer toutes informations sur leurs passagers à des autorités américaines qui trouveraient la réciproque insupportable.
Chaque stéréotype est à traduire. « Apporter sa contribution à l'effort commun », c'est fournir les supplétifs sur des théâtres choisis par d'autres. « Supprimer les duplications inutiles dans les programmes d'équipement », c'est « Européens, achetez nos armes et ne développez pas les vôtres ». L'Europe n'est pas un partenaire mais un client et un instrument de l'hyperpuissance. De Gaulle, lui, qualifiait l'OTAN de protectorat, hégémonie, tutelle, subordination.
Incapable de signer une convention renonçant au droit d'utiliser la force, l'OTAN ne se conforme pas au droit international.
L'OTAN est une survivance d'une ère révolue. Les guerres classiques entre les Etats tendent à disparaître au bénéfice de conflits non conventionnels. L'OTAN détourne à son profit ou contourne les résolutions du Conseil de sécurité. Mais peut-être va-t-on nous convaincre que nous vivons à PAris, Londres et Berlin, sous la terrible menace de l'Iran et de la Corée du Nord...
Influer veut dire peser sur une décision. Quand avons-nous pesé sur une décision américaine ?

Si l'Occident doit aux yeux du monde s'identifier à l'Empire américain, il récoltera plus de haine que d'amour. Il revenait à la France d'animer un autre Occident, de lui donner un autre visage que Guantanamo, le drone sur les villages, la peine de mort et l'arrogance.


« Islamistes au pied du mur, polarisation politique en Tunisie », Serge Halimi
Le rôle prééminent d'un parti islamiste ne soulevait guère de controverse il y a encore un an quand il s'agissait de rédiger une nouvelle constitution, pas trop différente de l'ancienne. Mais l'échec d'Ennahda – Constitution pas votée, ordre public menacé – enhardit des groupes islamistes plus radicaux qu'il faudrait à leur tout intégrer dans le jeu politique par peur qu'ils ne basculent dans la violence, ce qui exigerait de nouvelles concessions aux demandes religieuses.
D'où les soupçons de l'opposition. Les deux courants se seraient simplement partagé les rôles pour voir aboutir leur projet commun.
Ce soupçon conduit à sous-évaluer les tensions qui parcourent le parti au pouvoir.
N'empêche, politique, associative, la gauche tunisienne fait désormais front contre Ennahda qu'elle qualifie d'extrême-droite, voire de « fascisant » et elle décrit une politique économique encore plus libérale que celle de Ben Ali, qui accroît le chômage des jeunes des quartiers populaires au risque de voir certains basculer dans la violence.
Le Front populaire réclame une suspension du paiement de la dette extérieure pendant trois ou quatre ans, de manière que 18% du budget tunisien ainsi libérés soient consacrés à la création d'emplois.
Mais, de leur côté, les salafistes, bien implantés dans les quartiers défavorisés, comptent profiter des faiblesses de l'Etat pour réclamer la stricte application de la loi islamique.


« Dix ans après, que devient l'Irak ? » Peter Harling
C'est en traitant les sunnites comme s'ils étaient tous des partisans de Hussein que l'occupant les a regroupés contre lui. Sur la scène chiite, les Américains ont également voulu voir des « bons » et des « méchants », aggravant un simple clivage de classe en s'aliénant le mouvement prolétaire, dit « sadriste », accusé à tort d'être un suppôt de Téhéran. Les Kurdes, eux, sont apparus comme des alliés naturels, renforçant leur autonomisation et leurs ambitions dans les territoires disputés.
Les préjugés réciproques s'expriment désormais ouvertement. Le spectre des journées noires, c'est-à-dire d'une violence extrême, plane sur la ville de Bagdad.
« Saddam était seul et repu. Le problème, c'est qu'aujourd'hui ils sont nombreux au pouvoir et leur faim est insatiable ».
En fait, la nouvelle élite n'est pas tant coupable de cette situation qu'elle n'en est le produit.
Impunité
Le sergent américain qui a tué 24 civils en 2005 a échappé à toute condamnation : écoeurement en Irak.
Information « juste et équilibrée »
La chaîne d'information américaine Fox News ne feint pas l'objectivité. Ses directeurs distribuent des feuillets aux journalistes leur expliquant comment il faut présenter l'actualité du jour. Exemples.
Le président Obama fait un discours : « Son courage politique et son habileté tactique devront être soulignés lors de nos reportages de la journée ».
Ou : « Quand nous montrons les marines, appelons-les 'tireurs d'élite' plutôt que 'snipers'. 'Sniper' a une connotation négative ».


« Ce qu'ils appellent droitisation » Alain Garigou, professeur de sciences politiques à Nanterre
Trois sondages sont venus attester la montée des valeurs d'extrême droite en janvier 2013. L'un d'eux a même soutenu que 87% des Français désiraient un « vrai chef en France afin de remettre de l'ordre », formulation aux échos de bruits de botte...
Mais ce sont les politiques qui pratiquent les litotes pour exprimer des pensées limites. Ainsi Jean-François Coppé, adepte d'une « droite décomplexée », qui met en avant le « racisme anti-Blancs » et qui dénonce les sans-papiers « désormais les seuls à pouvoir bénéficier d'un système 100% pris en charge ».
Les discours déplacent les frontières. L'espace du politiquement pensable s'élargit avec celui du politiquement dicible.


« Trois émeutes par jour en Afrique du Sud » Sabine Cessou, journaliste
La tension sociale est palpable depuis que la police a tué 34 mineurs en grève près de Johannesburg le 16 août 2012, comme au temps de l'apartheid.
Dans ce pays industrialisé, les ménages pauvres, à 62% noirs et à 33% métis, représentent plus de 25 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays.
Les grèves sauvages et les épreuves de force avec la police se multiplient, sans dialogue social aucun.
Les syndicats noirs réclament au gouvernement une vraie politique sociale. Mais ils sont d'une certaine manière au pouvoir eux aussi puisqu'ils font partie de l'aile gauche de l'ANC.
Le président Jacob Zuma ne s'est déclaré que quelques jours après les faits ci-dessus. Et il n'a pas rencontré les mineurs mais la direction de la mine de platine. Son ennemi politique, Julius Malema, exclu de l'ANC en avril, en a profité pour occuper le terrain et réclamer la nationalisation des mines et pour dénoncer la collusion entre pouvoir, bourgeoisie noire, syndicats et « grand capital ». Il s'indigne aussi : « Zuma se fait construire un palace dans son village, alors que dans les écoles, les élèves n'ont même pas de manuels ! ».
L'ANC, parti hégémonique qui remporte les deux tiers des suffrages depuis les premières élections démocratiques de 1994, joue à la fois le rôle de majorité et d'opposition.
Les années de clandestinité ont produit une culture politique particulière au sein de l'ANC. L'essentiel se passe dans les coulisses et non sur la place publique. Les luttes de pouvoir au sein du parti sont à la fois sournoises et violentes.
Vingt ans après la fin de l'apartheid, les Blancs gagnent toujours plus que les Noirs, six fois plus.
Un Sud-Africain sur quatre ne mange pas à sa faim. Plusieurs ministres de l'ANC se sont opposés à un Basic Income Grant (BIG), sorte de revenu minimum pour les adultes valides, chômeurs ou pas, y voyant une subvention « à l'alcoolisme et au billet de loterie ».
Système de « corruption légalisée »
Depuis la présidence de M. Thabo Mbeki (1992-2008), la collusion entre le monde des affaires et la classe dirigeante noire est patente. Ce mélange des genres trouve son incarnation dans la personne de M. Cyril Ramaphosa, 60 ans, successeur désigné de M. Zuma.
Propriétaire de McDonald's Afrique du Sud et président, entre autres, de la société de télécommunication MTN, M. Ramaphosa est aussi l'ancien secrétaire général de l'ANC (1991-1997) et du Syndicat national des mineurs. C'est le premier milliardaire noir de la « nouvelle » Afrique du Sud. Il dirige aujourd'hui sa propre société, active dans les mines, l'agroalimentaire, les assurances et l'immobilier.
Parmi ses beaux-frères figurent le ministre de la Justice et un magnat des mines.


« Echec d'une guerre pour le pétrole », Jean-Pierre Séréni, journaliste
La guerre d'Irak, qui a fait au moins 650 000 morts et 1,8 millions d'exilés, a-t-elle été une guerre pour le pétrole ? De nouveaux documents déclassés permettent aujourd'hui d'affirmer que oui.
En janvier 2001, arrivant à la Maison Blanche, Bush doit faire face à un problème déjà ancien : le déséquilibre entre demande de pétrole (en augmentation forte) et offre (qui stagne). Le Golfe abrite 60% des réserves mondiales, avec trois géants, l'Arabie saoudite, l'Iran et l'Irak, et deux autres producteurs importants, le Koweit et les Emirats arabes unis.
L'Iran et l'Irak (près du quart des réserves mondiales) pourraient combler l'écart entre demande et offre mais ils sont soumis à des sanctions et Washington refuse d'y mettre fin.
Les néoconservateurs américains proposent donc de sortir Hussein de force et de faire entrer les majors américaines en Irak.
A Londres, BP s'inquiète de la part qui lui sera réservée. Dès octobre 2002, ses représentants font part de leurs craintes de voir la Maison Blanche concéder trop d'avantages aux compagnies pétrolières françaises, russes et chinoises en échange d'un renoncement de leurs gouvernements à user de leur droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU. Mais Chirac annonce son veto et la troisième guerre du Golfe se fera donc sans la couverture des Nations unies.
Le choc de l'invasion sur l'industrie pétrolière irakienne est dévastateur. Tout est pillé jusqu'aux appareils de forage. Et cela au nez et à la barbe de la Tak Force RIO (Restore Iraq Oil), encadrée par le corps des ingénieurs de l'armée. La baisse de la production représente un manque à gagner de plus de 13 milliards de dollars.
Comme les Etats-Unis se livrent à une chasse aux membres du parti Baas, ils se privent d'une grande partie des cadres du pétrole en Irak, et ouvrent la porte à des « conseillers », venus d'outre-atlantique, qui squattent les directions, produisent des notes mais ne se préoccupent pas trop de l'application sur le terrain.
A partir de 2008, Bagdad va offrir aux majors des contrats de service moins intéressants que prévu : 2 dollars par baril pour les plus grands gisements, et aucun droit sur les gisements eux-mêmes. On est loin des objectifs que s'étaient fixés les Etats-Unis. Dans le domaine pétrolier aussi, la guerre fut pour eux un énorme échec.
M. Alan Greenspan, qui a dirigé la Réserve fédérale, la banque centrale américaine, de 1987 à 2006, a sans doute formulé ce qui s'approche le plus de la vérité sur cette sanglante affaire : « Je déplore qu'il soit politiquement déplacé de reconnaître ce que tout le monde sait : l'un des grands enjeux de la guerre d'Irak était le pétrole de la région ».


« Gaz de schiste, la grande escroquerie » Nafeez Mosaddeq Ahmed, Institut for Policy Research and Development de Brighton
Si la révolution du gaz de schiste n'était qu'une bulle spéculative sur le point d'éclater ?
L'extraction pourrait se révéler moins facile et plus coûteuse que ce que prétendent les compagnies (sans compter la pollution massive).
La surestimation des gisements de gaz de schiste permet de faire passer au second plan les risques liés à leur exploitation. Or, la fracturation hydraulique n'a pas seulement des effets délétères sur l'environnement : elle pose aussi un problème strictement économique, puisqu'elle génère une production à très faible durée de vie. Le rendement d'un puits décroche de 60 à 90% au terme de sa première année d'exploitation.
Une chute aussi brutale rend illusoire tout objectif de rentabilité. L'extraction dévore le capital à une vitesse étonnante, laissant les exploitants sur une montagne de dettes lorsque la production s'écroule. Ils vont devoir sans cesse forer de nouveaux puits à un coût très élevé.
Mais cette bulle gazière devrait continuer de croître en raison de la dépendance des Etats-Unis à cette ressource.
L'argument selon lequel les gaz de schiste prémuniraient contre le « pic pétrolier » relèvent du conte de fée. Plusieurs rapports scientifiques indépendants le confirment aujourd'hui.
La bulle artificielle qui se crée risque d'affecter douloureusement l'économie mondiale.


« Vivre seul, mais pas solitaire » Eric Klinenberg, sociologue, université de New York
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un nombre élevé d'individus de tous âges et de toutes conditions ont décidé de vivre en solitaire ; la structure familiale n'occupe plus qu'une place temporaire ou conditionnelle.
Cette mutation est plus intéressante que l'image de désolation que lui renvoie l'espace médiatique.
Les pays statistiquement les plus favorables à la vie en solitaire sont la suède, la Norvège, la Finlande et le Danemark, où les « singletons » représentent 40 à 45% des foyers (au Japon, 30%). En Allemagne, en France et au Royaume-Uni, la proportion est plus élevée qu'aux Etats-Unis. Le nombre de singletons explose dans le monde entier : une augmentation de 33% en dix ans.
De toute évidence, cela est lié au développement économique : il faut pouvoir se le permettre. Mais l'économique n'explique pas tout : les déterminants culturels ont profondément changé.
Aujourd'hui, ce que l'on met en avant, c'est la capacité à sortir du lot et à saisir les meilleurs occasions. Liberté, embarras du choix, épanouissement personnel : autant de vertus chères à la sagesse contemporaine. On s'attache beaucoup moins à ses lieux de vie, à son travail.
Le culte de l'individu bouleverse en profondeur les sociétés industrialisées, à la faveur de quatre changements sociaux majeurs :
- L'émancipation des femmes. Elles accèdent à l'éducation, au travail et maîtrisent leur vie sexuelle. Pour une femme, quitter son conjoint ou choisir de vivre seule, ce n'est plus, comme avant, synonyme d'abstinence à perpétuité, bien au contraire. Vivre seule donne du temps et de l'espace pour jouir de la compagnie des autres.
- La révolution des communications. Elle permet de goûter aux plaisir d'une vie sociale sans sortir de chez soi : téléphone, télévision, internet.
- L'urbanisation. On peut fréquenter facilement ses semblables dans le grand fourmillement citadin.
- L'extension de l'espérance de vie. Vieillir seul n'est pas facile sans doute. Mais ce n'est pas nécessairement un supplice pour autant. Une étude menée au Royaume-Uni a démontré que les singletons âgés menaient une existence plus heureuse et entretenaient de meilleures relations avec infirmiers, médecins, aides à domicile...que leurs semblables vivant en couple.

Les personnes qui vivent seules ont un objectif. Cela permet à chacun de faire ce qu'il veut, quand il le veut, à sa manière. De se concentrer sur soi.
De nombreuses études indiquent que c'est la qualité et non la quantité des interactions humaines qui fait rempart à la solitude. Peu importe si les gens vivent seuls : ce qui compte, c'est qu'ils ne se sentent pas esseulés.


« La croisade oubliée du cardinal Ratzinger » Maurice Lemoine, journaliste
Années 1960, l'archevêque de Recife, dom Hélder Câmara : « Quand je donne à manger aux pauvres, on dit que je suis un saint ; quand je demande pourquoi ils sont pauvres, on me traite de communiste ».
L'encyclique Populorum progressio apporte, en mars 1967, la caution de Rome aux prises de position du clergé progressiste, en particulier brésilien.
En décembre 1968, la deuxième conférence générale de l'éppiscopat latino-américain se réunit à Medellin (Colombie). Le document final, après avoir affirmé que le continent est victime du « néocolonialisme », de « l'impérialisme international de l'argent » et du « colonialisme interne », reconnaît la nécessité de « transformations audacieuses, urgentes et profondément rénovatrices ». Cette profession de foi marque l'acte de naissance de la théologie de la libération.
Dans les campagnes, les quartiers populaires, les bidonvilles, une génération de membres du clergé s'engagent concrètement, et donc politiquement, aux côtés des plus démunis.
Mais, à partir de 1973, le Conseil épiscopal latino-américain (Celam) dénonce une « infiltration marxiste » de l'Eglise. Il va bientôt recevoir un fameux coup de pouce du Vatican.
Quand Jean-Paul II préside la troisième conférence de l'épiscopat latino-américain à Puebla (Mexique), en 1978, tous les pays de la région, sauf quatre, sont soumis à des régimes militaires. Le pape s'abstient de les dénoncer. Puis il appelle à Rome un théologien allemand avec qui il a noué des liens personnels, le cardinal Ratzinger. Ce dernier est nommé préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi – l'ancienne Inquisition.
Lors d'une conférence prononcée au Vatican, en septembre 1983, Ratzinger se livre à un violent réquisitoire : « L'analyse du phénomène de la théologie de la libération fait apparaître clairement un danger fondamental pour la foi de l'Eglise », « Le monde en vient à être interprété à la lumière du schéma de la lutte des classes (...) Le 'peuple' devient ainsi un concept opposé à celui de 'hiérarchie' et antithétique à toutes les institutions qualifiées de forces d'oppression ».
Dans la foulée, Rome va démanteler les acquis de Medellin, nommant des évêques conservateurs et des membres de l'Opus Dei, favorisant le Renouveau charismatique, etc, renforçant partout la tendance conservatrice. Certains diocèses sont même savamment redécoupés.
Jean-Paul II donnera la communion au couple Pinochet au Chili (et Benoït XVI tentera de le faire libérer lorsque Pinochet fut détenu à Londres entre 1998 et 2000).
Benoît XVI qui, le 5 décembre 2009, maugréait toujours, évoquant la théorie de la libération, parlant d'un « comportement caractérisé par la rébellion, la division, le désaccord, l'offense et l'anarchie ».
On peut être Saint-Père et peu enclin à la repentance ou au pardon.

SpaceCadet
avatar 13/03/2013 @ 05:06:34
Bonjour Bolcho :-)

"Dix ans après que devient l'Irak?": la revue 'The Economist' publiait un article sur ce sujet dans son numéro du 2 mars. Grosso modo, on y évoque les changements observés au niveau de la balance du pouvoir ainsi que les enjeux régionaux (notamment relations avec la Syrie et avec la Turquie).

"Echec d'une guerre...": pour ce qui est de l'enjeu du pétrole, on peut encore spéculer sur les retombées réelles de cette invasion, mais une chose est certaine, les fameuses armes de destructions massives, elles n'ont toujours pas été retrouvées!

"Vivre seul mais pas..." : ces observations sont intéressantes mais je me demande quel impact ce changement dans les modes de vie, un changement qui prévilégie ou présuppose des valeurs individualistes, peut avoir au niveau sociologique, parce que forcément, le 'tissus social' dans nos sociétés n'a plus la même texture disons, que ce que l'on observe au niveau des sociétés dites traditionelles.

Mr.Smith

avatar 13/03/2013 @ 09:06:36
Bon boulot.

Donatien
avatar 13/03/2013 @ 10:14:11
A propos de l'Afrique du Sud:

Y-a-t-il une fatalité menant à la cupidité et à la corruption des dirigeants Africains?

Voilà un magnifique pays libéré de l'apartheid (mais non du pouvoir économique des "blancs") depuis vingt ans, et déjà les "élites" ont été achetées pour les pouvoir d'argent, le chômage et la criminalité sont en hausse, l'exploitation de la main d'oeuvre dans les mines est inhumaine et toutes les vélléités de revendication ou de mouvements syndicaux sont réprimés dans le sang!!!

L'avenir est sombre pour cet immense pays et cela m'attriste. Comment empêcher la corruption , l'exploitation, la domination des pouvoirs d'argent, etc..?
Quand je pense que certains prétendent que les conditions de vie ne cessent de s'améliorer, que le progrès et la globalisation sont inéluctables et qu'il faudrait se réjouir et faire taire tous les pessimistes!
Qui est naïf?

Tous aux abris!

Pieronnelle

avatar 13/03/2013 @ 15:56:53
Tous interessants ces articles Bolcho !
Une petite préférence pour le premier et le dernier...

Saint Jean-Baptiste 13/03/2013 @ 16:34:07
Tiens, tiens, Bolcho, je ne savais pas qu'il y avait un saint homme sur le site.

Mais, donc, avant qu'il ne se prononce sur le dernière article, j'ai lu le premier.
Première constatation, Le Monde n'a pas changé son couplet anti-américaniste-primaire depuis le temps lointain où je gaspillais mon temps à la lecture de ce monument journalistique qui dit à ses lecteurs : voilà comment vous devez penser !

Régis Debray est bien dans la ligne de De Gaulle qui n'avait pas compris que la France n'est plus la première puissance mondiale qu'elle a été au XVIIème siècle avant que Louis XIV ne perde toutes ses batailles.
Si le Roi Soleil avait réussi ses projets, la France aurait possédé les Pays-Bas et s'étendrait aujourd'hui jusqu'au Rhin ; elle aurait possédé la première flotte mondiale et réalisé l'empire que les Britanniques ont réalisé à sa place : aujourd'hui l'Amérique et le monde parlerait français (même les Flamands !)

Aujourd'hui les USA sont nos alliés. Et ça ne plaît pas à Régis Debray mais moi je m'en félicite ; imagine qu'ils soient les alliés de la Chine par exemple, la petite Europe serait écrasée d'un coup de talon !

Contrairement à ce que dit Debray, l'OTAN constitue toujours la défensive de l'Atlantique Nord. Si la France fait la guerre au Mali, il est bien dommage qu'elle ne soit pas suivie par un OTAN unanime ; au Mali on fait la guerre au Terrorisme, et peu importe le nom qu'on lui donne ! Ces terroristes, qui ont un Coran qu'ils ne savent pas lire dans une main, et une kalachnikov dans l'autre, nous ont déclaré la guerre, nous avons le devoir de nous défendre !

Quand la Méditerranée était infestée de pirates, Charles-Quint est allé les pourfendre chez eux, à Alger. Aujourd'hui, si il y a des Pirates qui pillent nos navires dans l'océan Indien, nous devons les pourchasser chez eux, en Somalie.

Pour lui, la présence de la France dans l'OTAN est une soumission ! Parce que la France n'y tient pas la première place. Et, s'il n'y a pas de véritable commandement intégré, comme il le regrette, c'est parce que la France ne se résigne pas à être commandée par les USA.

Je suis heureux d'avoir lu cet article, et je t'en remercie, parce que le dernier paragraphe m'a mis en joie : « si la France dominait l'Occident elle récolterait de l'amour... » A mourir de rire !
Régis Debray est né binounours et le restera toute sa vie ! Quand il a été prisonnier dans sa jeunesse en Colombie, sa famille-qui-avait-des-relations, a fait intervenir De Gaulle et, moyennant un gros magot, le fiston a été libéré à condition qu'il se taise à tout jamais. Que n'a-t-il tenu sa promesse ! Il aurait laissé une place au Monde pour un autre, qui n'aurait pas pu eut ce bon mot, mais qui n'aurait pas pu être plus mauvais que lui !

Pieronnelle

avatar 14/03/2013 @ 00:37:10
Prisonnier en Bolivie !!

Donatien
avatar 14/03/2013 @ 08:51:45
Que le Monde Diplo soit anti-Américain, d'accord mais il faut admettre que les pro-Américains occupent le devant de toutes les scènes médiatiques.

Entre le Monde Diplo et Fox News, mon choix est fait.

Pourquoi serait-il interdit ou incongru de remettre leurs politiques en question? Parce qu'ils nous ont sauvés en 1944?

Est-il interdit de constater que le niveau de vie a baissé aux EU,
mais que la Bourse de NY bat tous les records de hausse ces derniers jours?

A+

Tistou 14/03/2013 @ 11:39:28
Bolcho, une balise non-conventionnelle dans ce monde (sans jeu de mots !) formaté ... Merci de nous résumer le Diplo.
SJB, je ne vois pas où est le mal de dire à nos amis, nos alliés, quand il font des c... ? Car ils en font.
Et se féliciter que les Américains ne soient pas les alliés de la Chine, c'est bien. Mais j'ai peur qu'ils en soient, ou qu'ils deviennent, leurs otages économiques. Vivement l'écroulement économique - ou la révolution sociale - en Chine et l'avènement de l'Inde à sa place !

Feint

avatar 14/03/2013 @ 11:45:17
Première constatation, Le Monde n'a pas changé son couplet anti-américaniste-primaire
Rappelons aussi que cette expression est le fruit d'une OPA du capitalisme triomphant sur la défunte expression "anti-communisme primaire" qui ne gêne tellement plus personne qu'on ne l'entend plus du tout.

Saint Jean-Baptiste 14/03/2013 @ 12:13:39

Pourquoi serait-il interdit ou incongru de remettre leurs politiques en question?

Donatien, il n'est certes pas incongru de discuter du pour et du contre de leur politique et de leur culture.
Mais taper dessus, comme le fait le Monde, toujours et toujours, sans nuance et sans subtilité, ça finit par m'être insupportable !
Après tout, ce sont nos alliés historiques, alors, qu'on fasse la part des choses, ce serait plus intéressant quand même.

Pieronnelle

avatar 14/03/2013 @ 16:12:52
Les ennemis d'hier peuvent être les amis de demain et vice-versa...Exemple les anglais nos ennemis historiques qui ont été nos alliés en 44 ; faut-il leur pardonner d'avoir brûlé notre Jeanne? :-) et de se désolidariser de l'Europe?
Debray fait simplement ressortir notre impuissance face aux E U, sommes-nous condamnés à cette sorte de soumission même si les désaccords sont profonds? Devons-nous payer éternellement cette dette de 44 au risque d'être inexistants en tant que force européenne?

Donatien
avatar 14/03/2013 @ 17:54:49
Je défends le Monde Diplo, parce qu'à ma connaissance, c'est la seule publication sérieuse qui tente de montrer un autre visage de
l'occident sans édulcorer ses travers!

Quels sont les autres médias qui tentent d'informer de manière aussi approfondie?

Je rappelle que le Monde Diplo n'hésite jamais à enquêter sur la Russie, la Chine, la Corée du Nord.

C'est la lecteur qui finalement doit essayer de faire la part des choses.

A+

SpaceCadet
avatar 15/03/2013 @ 03:27:08
D'un média à l'autre, il me paraît au contraire intéressant d'explorer divers points de vue et cela d'autant plus qu'une presse 'neutre et objective', sauf erreur de ma part, ça n'existe pas.

Mais au final, comme le dit Donatien, il en revient au lecteur et de se renseigner et de faire la part des choses.

Saule

avatar 15/03/2013 @ 08:52:39
Il ne faut pas parler d'anti-américanisme primaire chaque fois qu'on critique l'Amérique, ça n'empeche rien au fait qu'ils sont nos alliés.

Rien dans le monde diplo sur les élections en Italie ? Un populiste qui prend 25% des voix alors que le technocrate banquier placé par l'Europe ne reçoit que 10%, le retour de Berlusconi,.. A force d'austérité imposée de l'extérieur et d'ignorer toute une génération (chomage des jeunes), on se prépare un avenir explosif à mon avis.

Saint Jean-Baptiste 15/03/2013 @ 16:47:55
« Le saint homme du site » ne s'étant pas encore manifesté, j'y vais de mon petit couplet à propos du dernier article, celui de Maurice Lemoine :
« La croisade oubliée du cardinal Ratzinger »

On a l'impression que la direction du Monde a demandé, une fois de plus, à son journaliste de pondre un pamphlet contre le Vatican, spécialement contre Jean-Paul II et Benoît XVI.

Alors tous les moyens sont bons et le procédé est toujours le même : on larde des textes, on caricature des situations et on invente des choses que le lecteur pressé n'ira jamais vérifier.
Pour ne prendre qu'un exemple : le journaliste a trouvé dans l’encyclique Populorum Progressio, que Paul VI disait ceci (copier-coller) :

« L'encyclique Populorum progressio apporte, en mars 1967, la caution de Rome aux prises de position du clergé progressiste, en particulier brésilien. »

D'abord, le mot Brésil et brésilien ne sont jamais prononcés dans cette encyclique.
Ensuite, nulle part dans cette encyclique, je n'ai vu que Rome cautionnait le clergé progressiste d'Amérique latine.
A propos de ce clergé progressiste, l'encyclique dit ceci (copier-coller) :

« Dans ce désarroi (d'Amérique latine), la tentation se fait plus violente qui risque d’entraîner vers les messianismes prometteurs, mais bâtisseur d'illusions. Qui ne voit les dangers qui en résultent, de réactions populaires violentes, de troubles insurrectionnels et de glissement vers des idéologies totalitaires ».

Plus loin, l'encyclique met encore en garde les « progressistes » (copier-coller) :

« L'insurrection révolutionnaire engendrerait de nouvelles injustices, de nouveaux déséquilibres et de nouvelles ruines. On ne peut combattre un mal réel au prix d'un malheur plus grand »

En fait de cautionner les progressistes, c'est donc tout le contraire.
Et tout est à l'avenant dans cet article !


D'une manière générale, en Amérique latine, l’Église tente de réaliser une de ses missions principales qui est de venir en aide aux plus pauvres.
La Théologie de la Libération dit ceci : il est impossible d'annoncer les Évangiles à des gens qui meurent de faim. Il faut d'abord les nourrir et les relever.
Mais dans un pays totalitaire, ça consisterait à prendre un contre-pouvoir face à la dictature. Or l’Église ne peut pas faire de politique ! Toute la difficulté est là.

Après coup, il y a des petits malins qui diront : l'Eglise n'a rien fait pour les pauvres, donc, elle s'est mise du côté des dictateurs. Le procédé est trop facile, il est même immorale parce que faux et mal intentionné.

Je préfère une presse qui m'informe plutôt qu'une presse qui tente de me me manipuler.


Jean-Paul II et Benoît XVI n'ont fait que remettre l'église au milieu du village, c'est à dire en dehors de la politique. Et Benoît XVI, dans son encyclique Caritas et Veritate, l'a fait avec beaucoup de compréhension et de compassion pour les prêtres de terrain en Amérique latine.
On n'est très loin « d'un violent réquisitoire » comme l'article du Monde le prétend.

Et, pour finir, je me demande vraiment ce que vient faire cette dernière affirmation : « On peut être Saint-Père et peu enclin à la repentance ou au pardon » !
Franchement, à qui donc ce censeur de pacotille voudrait-il que le Saint Père se répande en repentance et en pardon !

Saule

avatar 15/03/2013 @ 22:59:59
Pourquoi ne pas dire la vérité ? Il y avait chez Jean-Paul II une peur atavique du communisme (on sait pourquoi), et lorsque les théologiens de la libération ont eu une connotation marxiste ils ont été purement et simplement lâchés par Rome (remplacement des évêques par des conservateurs de l'opus déi proches des dictateurs). C'est dramatique, malgré tout les jésuites qui ont voeux d'obéissance spécial au pape ont obéis (on peut le regretter).

Il y a eu une guerre idéologique très dure dans ces années, entre le néo-libéralisme pur et dur prôné par les américains et des politiques économiques plus sociales. La théologie de la libération a été victime de cette guerre, tout ce qui était apparenté au marxisme a été diabolisé (il suffisait de critiquer les inégalités pour être considéré marxiste). Je connais un prêtre ouvrier qui a été condamné au silence par exemple (interdit de prêcher, de publier). C'est un épisode incroyablement noir de l'Eglise (pas le premier ni le dernier).

Tout doucement les mentalités changent, mais on ne pouvait pas espérer de J-P II (ni de SJB oserai-je dire) un peu de compréhension de ce qu'était la théologie de la libération.

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