Certains négligent les objets, d’autres considèrent qu’ils sont inutiles, encombrants. Moi j’ai toujours pensé et penserai certainement jusqu’à la fin de ma vie, que certains se chargent de tout ce qui émane de nous jusqu’à être porteurs de la mémoire de la vie des hommes. Il suffit de savoir les regarder, de traverser l’image qu’ils représentent surtout ceux qui se sont transmis de mains en mains. Tel cet encrier ayant connu la plume des hommes ou femmes des siècles précédents ; telle cette lampe à huile ayant éclairé des soirées où les conteurs réunissaient les gens autour du feu ; tel ce dé à coudre des petites couturières d’antan, grêlé par les chats des aiguilles ; témoins du temps passé, passeurs d’histoires et d’émotions comme ceux évoquant des moments précis et dont le seul fait de les regarder stimule notre imagination ou appelle des souvenirs…
Le mien est un tambour…
« Pris à l’attaque du 26 octobre 1917, Fort de la Malmaison, B… Claudius caporal-tambour, 109 ème rang d’infanterie ».
25 ans ! Il avait 25 ans lorsqu’il récupéra ce tambour ! Prise de guerre ? Sûrement pas. Il dut avoir une pensée émue pour le jeune caporal-tambour ennemi certainement allongé à côté, le corps criblé de balles ou peut-être éclaté par l’obus d’un canon tirant à l’aveuglette.
L’inscription avait été gravée à la main sur le cerclage en cuivre. Un peu plus loin, une autre gravure en forme de médaillon indiquait l’origine du tambour : W. Moritz, Berlin, 1915. La peau était-elle déjà éventrée ou était-ce le temps qui l’avait fait craquer ?
J’avais découvert ce tambour au fond d’une soupente. La présence des baguettes bien protégées dans un fourreau cousu à la main m’avait laissée croire qu’il s’agissait du tambour de mon grand-père. Mais en nettoyant le cuivre cette inscription était peu à peu apparue et mon cœur s’était mis à battre d’un seul coup plus vite. C’était surtout les termes « à l’attaque », « l’année 1917 » et « Fort de la Malmaison » qui m’avaient émue. J’avais imaginé ce jeune homme à moustache et aux lunettes fines et rondes, dont les doux yeux bleus restaient encore ancrés dans mon souvenir, s’avançant sur le champ de bataille, enjambant les corps de ces hommes dont la mort allaient provoquer les pleurs et désespoirs de ceux qui les aimaient.
Claudius avait sûrement pensé à sa Louise et à son soulagement quand elle apprendrait que son homme était vivant. Jusqu’à quand ? Cette même année un petit garçon était né. Quelques jours avant l’attaque il avait reçu une carte dans laquelle Louise réclamait des nouvelles de « son grand ». Cette carte-photo aux couleurs sépia la représentait devant le magasin de ses parents. Il avait probablement souri en lisant qu’elle n’avait su que faire de ses bras lors de la prise de la photo, se trouvant comme une « bécasse empotée » un bras en l’air et l’autre sur une hanche. Elle était toute petite Louise, avec un visage de madone. Rien qu’un instant, il avait sans doute essayé de s’imaginer les amoureuses de ceux qui dormaient pour toujours dans ce lit meurtrier.
Ce tambour, il avait dû le repérer de loin ; il était devenu comme un phare au cœur de ce champ de morts. Il y en avait certainement d’autres mais c’était celui-là qui s’était imposé à lui, comme s’il était vital parmi cet univers d’anéantissement total et de négation de l’humanité, qu’un objet comme celui-là qui rythmait la marche vers la mort ou la chance, devienne source de mémoire.
Il avait sans doute marché, le cœur et le cerveau embrumés, sourd encore du bruit des combats, sur ce tapis de guerre avec pour seul objectif celui de rapporter ce tambour qui semblait l’appeler, comme s’il était la voix de tous ces morts. Il aurait pu être à la place de ce jeune homme qu’il découvrait étendu le tambour encore accroché à lui. Avait-il également récupéré les baguettes qui s’étaient échappées des mains au moment où le soldat avait été fauché ?
Je ne veux pas imaginer un visage éclaté mais une grande tache rouge sur la poitrine.
Je ne veux pas imaginer un corps disloqué duquel il aurait fallu arracher le tambour.
Je veux penser que lorsque mon grand-père s’est emparé de l’instrument il la fait délicatement comme s’il emportait un peu de l’âme de cet homme-enfant dont la cruauté, l’injustice et l’imbécillité de la guerre avaient fait une victime et un martyr.
Je suis persuadée que lorsqu’il a gravé cette inscription, Claudius a pensé à Franz, ou Peter, ou Karl… , à la petite fille ou le petit garçon qui restait peut-être orphelin, à la mère et à la femme ou la fiancée écrasées de chagrin. Je ne suis pas sûre qu’il ait déjà pensé à moi qui n’existais pas encore ; et même lorsque je suis née et qu’il fut adoré par tous ses petits enfants, je pense que le tambour était resté tout au fond de ses souvenirs d’horreur qu’il avait besoin de relater parfois en oubliant les gens qui l’écoutaient. Ses doux yeux bleus se chargeaient alors de visions dont la portée nous était inaccessible. Nous ne pouvions entendre comme lui les roulements des tambours parmi ceux des canons.
Il ne savait pas Claudius, que près de cent ans plus tard son tambour éventré, sur lequel il avait pris la peine de graver l’instant où la mort et la vie s’étaient rencontrées, allait battre un rappel dans la mémoire collective.
Ce tambour m’a parlé ; il a participé aux combats, compagnon d’un soldat qui avait dû le frapper avec ses baguettes de toutes ses forces pour oublier sa peur.
Quand mes doigts effleurent la peau fendue et encore marquée des noirceurs de la guerre, je caresse le visage de ce jeune homme, lui prends sa main encore chaude ; j’entends même le silence effroyable après les cris et les tirs et mes yeux rougissent du sang sur l’uniforme.
Abandonné à jamais au fond d’une soupente ou jeté à la décharge, ce tambour aurait alors fait taire les roulements de la marche des soldats-tambours du premier au dernier rang d’infanterie ; il aurait aussi contribué à l’oubli, cet ennemi du souvenir, en s’effaçant tel un coup d’éponge sur un tableau noir…
Le mien est un tambour…
« Pris à l’attaque du 26 octobre 1917, Fort de la Malmaison, B… Claudius caporal-tambour, 109 ème rang d’infanterie ».
25 ans ! Il avait 25 ans lorsqu’il récupéra ce tambour ! Prise de guerre ? Sûrement pas. Il dut avoir une pensée émue pour le jeune caporal-tambour ennemi certainement allongé à côté, le corps criblé de balles ou peut-être éclaté par l’obus d’un canon tirant à l’aveuglette.
L’inscription avait été gravée à la main sur le cerclage en cuivre. Un peu plus loin, une autre gravure en forme de médaillon indiquait l’origine du tambour : W. Moritz, Berlin, 1915. La peau était-elle déjà éventrée ou était-ce le temps qui l’avait fait craquer ?
J’avais découvert ce tambour au fond d’une soupente. La présence des baguettes bien protégées dans un fourreau cousu à la main m’avait laissée croire qu’il s’agissait du tambour de mon grand-père. Mais en nettoyant le cuivre cette inscription était peu à peu apparue et mon cœur s’était mis à battre d’un seul coup plus vite. C’était surtout les termes « à l’attaque », « l’année 1917 » et « Fort de la Malmaison » qui m’avaient émue. J’avais imaginé ce jeune homme à moustache et aux lunettes fines et rondes, dont les doux yeux bleus restaient encore ancrés dans mon souvenir, s’avançant sur le champ de bataille, enjambant les corps de ces hommes dont la mort allaient provoquer les pleurs et désespoirs de ceux qui les aimaient.
Claudius avait sûrement pensé à sa Louise et à son soulagement quand elle apprendrait que son homme était vivant. Jusqu’à quand ? Cette même année un petit garçon était né. Quelques jours avant l’attaque il avait reçu une carte dans laquelle Louise réclamait des nouvelles de « son grand ». Cette carte-photo aux couleurs sépia la représentait devant le magasin de ses parents. Il avait probablement souri en lisant qu’elle n’avait su que faire de ses bras lors de la prise de la photo, se trouvant comme une « bécasse empotée » un bras en l’air et l’autre sur une hanche. Elle était toute petite Louise, avec un visage de madone. Rien qu’un instant, il avait sans doute essayé de s’imaginer les amoureuses de ceux qui dormaient pour toujours dans ce lit meurtrier.
Ce tambour, il avait dû le repérer de loin ; il était devenu comme un phare au cœur de ce champ de morts. Il y en avait certainement d’autres mais c’était celui-là qui s’était imposé à lui, comme s’il était vital parmi cet univers d’anéantissement total et de négation de l’humanité, qu’un objet comme celui-là qui rythmait la marche vers la mort ou la chance, devienne source de mémoire.
Il avait sans doute marché, le cœur et le cerveau embrumés, sourd encore du bruit des combats, sur ce tapis de guerre avec pour seul objectif celui de rapporter ce tambour qui semblait l’appeler, comme s’il était la voix de tous ces morts. Il aurait pu être à la place de ce jeune homme qu’il découvrait étendu le tambour encore accroché à lui. Avait-il également récupéré les baguettes qui s’étaient échappées des mains au moment où le soldat avait été fauché ?
Je ne veux pas imaginer un visage éclaté mais une grande tache rouge sur la poitrine.
Je ne veux pas imaginer un corps disloqué duquel il aurait fallu arracher le tambour.
Je veux penser que lorsque mon grand-père s’est emparé de l’instrument il la fait délicatement comme s’il emportait un peu de l’âme de cet homme-enfant dont la cruauté, l’injustice et l’imbécillité de la guerre avaient fait une victime et un martyr.
Je suis persuadée que lorsqu’il a gravé cette inscription, Claudius a pensé à Franz, ou Peter, ou Karl… , à la petite fille ou le petit garçon qui restait peut-être orphelin, à la mère et à la femme ou la fiancée écrasées de chagrin. Je ne suis pas sûre qu’il ait déjà pensé à moi qui n’existais pas encore ; et même lorsque je suis née et qu’il fut adoré par tous ses petits enfants, je pense que le tambour était resté tout au fond de ses souvenirs d’horreur qu’il avait besoin de relater parfois en oubliant les gens qui l’écoutaient. Ses doux yeux bleus se chargeaient alors de visions dont la portée nous était inaccessible. Nous ne pouvions entendre comme lui les roulements des tambours parmi ceux des canons.
Il ne savait pas Claudius, que près de cent ans plus tard son tambour éventré, sur lequel il avait pris la peine de graver l’instant où la mort et la vie s’étaient rencontrées, allait battre un rappel dans la mémoire collective.
Ce tambour m’a parlé ; il a participé aux combats, compagnon d’un soldat qui avait dû le frapper avec ses baguettes de toutes ses forces pour oublier sa peur.
Quand mes doigts effleurent la peau fendue et encore marquée des noirceurs de la guerre, je caresse le visage de ce jeune homme, lui prends sa main encore chaude ; j’entends même le silence effroyable après les cris et les tirs et mes yeux rougissent du sang sur l’uniforme.
Abandonné à jamais au fond d’une soupente ou jeté à la décharge, ce tambour aurait alors fait taire les roulements de la marche des soldats-tambours du premier au dernier rang d’infanterie ; il aurait aussi contribué à l’oubli, cet ennemi du souvenir, en s’effaçant tel un coup d’éponge sur un tableau noir…
Ton texte m'a littéralement soufflé.
Quelle belle histoire, pleine d'émotion.
Moi qui suis attachée aux objets anciens chargés du temps qui passe, je n'ai rien à redire sur ce que je viens de lire. C'est parfait, juste comme il faut pour nous faire ressentir tout ce que porte l'histoire que tu partages, que ta famille partage avec ce tambour.
J'ose imaginer ce que tu ressens lorsque tu laisses courir tes doigts sur sa peau tirée.
Quelle écriture aussi. Comme une symphonie harmonieuse, entrainante, elle me laisse sans voix.
Merci pour ce petit récit.
Quelle belle histoire, pleine d'émotion.
Moi qui suis attachée aux objets anciens chargés du temps qui passe, je n'ai rien à redire sur ce que je viens de lire. C'est parfait, juste comme il faut pour nous faire ressentir tout ce que porte l'histoire que tu partages, que ta famille partage avec ce tambour.
J'ose imaginer ce que tu ressens lorsque tu laisses courir tes doigts sur sa peau tirée.
Quelle écriture aussi. Comme une symphonie harmonieuse, entrainante, elle me laisse sans voix.
Merci pour ce petit récit.
Il est puissant, ce texte, il prend aux tripes...histoire d'objet, objet d'Histoire. Ton texte raconte une histoire, une histoire relatée mais aussi commentée et surtout ressentie. Il y a les trois: les faits, les pensées que ça t"inspire, et les sentiments qui t'animent.
Les trois se mélangent, dans une juste proportion, et c'est ça qui en fait toute la beauté et la force. bravo.
Les trois se mélangent, dans une juste proportion, et c'est ça qui en fait toute la beauté et la force. bravo.
Magnifique histoire, Piero, ton texte est très émouvant.
Le thème y est pour quelque chose, bien sûr, les images que tu relates sont dans toutes nos mémoires, tirées de ce qu'on a pu voir dans des documentaires ou des films...
Mais pour tous ces gens qui l'ont vécue, la grande guerre, comme ton grand-père... Que ce devait être difficile d'évoquer ces souvenirs atroces !
Merci de nous avoir partagé ton histoire.
Le thème y est pour quelque chose, bien sûr, les images que tu relates sont dans toutes nos mémoires, tirées de ce qu'on a pu voir dans des documentaires ou des films...
Mais pour tous ces gens qui l'ont vécue, la grande guerre, comme ton grand-père... Que ce devait être difficile d'évoquer ces souvenirs atroces !
Merci de nous avoir partagé ton histoire.
Au fait un petit truc, parce que je le sais depuis pas longtemps et ça m'avait étonnée: le C-H-A de l'aiguille s'écrit le "chas", c'est pas un minou :-)
Merci Sissi pour le "chas" (je ne m'en rappelais absolument plus!:-)
Je précise qu'avant de découvrir ce tambour je n'en n'avais jamais entendu parler ni par mon grand-père ni par ma famille. Mais quand je repense maintenant à mon grand-père ce tambour est présent avec tout ce qu'il porte en lui. Quand il racontait la guerre j'étais petite et rien n'était vraiment concret pour moi, même si j'étais impressionnée (au point d'en faire une rédaction en classe...); ce tambour a tout révélé d'un seul coup et je ne regarde plus le jeune soldat à moustache avec ses compagnons sur une photo sépia, de la même façon...
Merci les filles !
Je précise qu'avant de découvrir ce tambour je n'en n'avais jamais entendu parler ni par mon grand-père ni par ma famille. Mais quand je repense maintenant à mon grand-père ce tambour est présent avec tout ce qu'il porte en lui. Quand il racontait la guerre j'étais petite et rien n'était vraiment concret pour moi, même si j'étais impressionnée (au point d'en faire une rédaction en classe...); ce tambour a tout révélé d'un seul coup et je ne regarde plus le jeune soldat à moustache avec ses compagnons sur une photo sépia, de la même façon...
Merci les filles !
Piero et l'humain, ce très, très grand sens de l'Homme, cette générosité infinie: comme je t'ai retrouvée, là, dans cette belle et douloureuse évocation!
Tu sais-mais ce n'est qu'une projection personnelle, évidemment!- je ne doute pas que ton grand-père ait souhaité qu'un homme puisse survivre au champ de bataille et c'est ce tambour qui l'a fait survivre...
Et j'aime toujours autant ton écriture, tes récits: quelle humanité dans tes textes!
Réécris-nous le monde, Piero!!!!!!
Tu sais-mais ce n'est qu'une projection personnelle, évidemment!- je ne doute pas que ton grand-père ait souhaité qu'un homme puisse survivre au champ de bataille et c'est ce tambour qui l'a fait survivre...
Et j'aime toujours autant ton écriture, tes récits: quelle humanité dans tes textes!
Réécris-nous le monde, Piero!!!!!!
très beau texte et très sensible aussi.. et qui veut que son grand-père ait eu les mêmes pensées que toi lorsqu'il s'est emparé du tambour d'un soldat ennemi.. car chaque être humain aime la même chose : l'amour, la famille, l' enfant qui va naître..
Mais lorsqu'on voit comment un soldat se comporte de par le monde face à l'ennemi, on peut se poser la question de savoir s'il voit encore en face de lui un être humain fait de chair, d'os et de sentiments ? Et non pas un monstre qu'il faut détruire..
Merci Pieronnelle pour ton texte et ta sensibilité..
Mais lorsqu'on voit comment un soldat se comporte de par le monde face à l'ennemi, on peut se poser la question de savoir s'il voit encore en face de lui un être humain fait de chair, d'os et de sentiments ? Et non pas un monstre qu'il faut détruire..
Merci Pieronnelle pour ton texte et ta sensibilité..
Une belle madeleine de Proust qui te renvoie dans des souvenirs... imaginés (même si tout cela reste réel, ce ne sont pas tes propres souvenirs)
Belle histoire d'objet qui nous remet dans l'Histoire et qui nous rappelle que oui, le temps passe mais la mémoire reste. Et la nostalgie aussi. Belle évocation !
Belle histoire d'objet qui nous remet dans l'Histoire et qui nous rappelle que oui, le temps passe mais la mémoire reste. Et la nostalgie aussi. Belle évocation !
Tu sais Darius, sachant ce qu'il s'est passé avec les poilus (leur rébellion) à la fin de la guerre de 14, et connaissant mon grand-père, il me semble évident que ce genre de pensées (peut-être pas vraiment les mêmes bien-sûr) se rapprochent assez bien de la réalité. Car un tambour ne peut être une prise de guerre comme le serait un fusil ou autre arme. C'était bien pour moi un signe de reconnaissance entre frères de combats qu'ils soient d'un côté ou de l'autre...
JEyre, les souvenirs imaginés concernent uniquement le champ de bataille; les autres sont bien mes souvenirs d'enfance:-)
merci à vous deux de m'avoir lue !
JEyre, les souvenirs imaginés concernent uniquement le champ de bataille; les autres sont bien mes souvenirs d'enfance:-)
merci à vous deux de m'avoir lue !
tu as raison Pieronnelle, tu connais mieux ton grand-père que moi.. et de plus je viens d'en parler ce matin à qqun qui a fait la guerre, pas celle-là,mais une autre - il y en a tellement de par le monde - et qui m'a dit avoir ressenti plein d'émotion à la vue d'un soldat de l'autre camp fait prisonnier qui tenait serré sur lui la photo de sa femme et de son enfant .. et il lui a tenu la main et promis que tant qu'il serait là, il ne lui arriverait rien..
Très beau texte humaniste, Pieronnelle, et qui m'a immédiatement mis en tête ces vers de Lamartine :
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?"
Une belle illustration, je dirais ...
On te sent très posée, très installée, dans ce texte maîtrisé dont j'aurais peine à croire qu'il ne soit que de fiction ... Maéis on sait déjà qu'il ne s'agit pas de fiction, bien entendu.
C'est clair, explicite, laissant passer l'émotion par des interstices ...
Que dire d'autre ?
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer?"
Une belle illustration, je dirais ...
On te sent très posée, très installée, dans ce texte maîtrisé dont j'aurais peine à croire qu'il ne soit que de fiction ... Maéis on sait déjà qu'il ne s'agit pas de fiction, bien entendu.
C'est clair, explicite, laissant passer l'émotion par des interstices ...
Que dire d'autre ?
Ah Tistou je cherchais ces vers, n'arrivais pas à me rappeler le poète ! C'est exactement ce que je voulais exprimer. Merci!!!
Ton dernier post me touche beaucoup Darius !
Un beau texte, en effet maîtrisé et plein d'humanisme. Trop peut-être. Je n'ai pas pu m'empêcher, comme Darius, en lisant cette phrase "Prise de guerre ? Sûrement pas. Il dut avoir une pensée émue pour le jeune caporal-tambour ennemi certainement allongé à côté", de me demander si, vraiment, il l'avait eu cette pensée. Je ne sais pas : je n'ai jamais fait la guerre. Je sais que j'ai eu un grand-père que j'admirais et qui en a fait plusieurs. Je ne sais pas ce qu'il a fait. Il n'a certainement pas été un boucher, mais il a très certainement tué. Peut-être un peu plus. Et comment savoir les sentiments qu'on peut nourrir à l'égard d'un homme qu'on sait innocent, mais qui nous aurait tué si on ne l'avait pas tué avant ? La situation du prisonnier de Darius est différente : ce n'est plus un ennemi, c'est un homme vulnérable, apeuré et désespéré, on éprouve de l'empathie. En éprouve-t-on pour les gens sur lesquels on tire quand on charge et qu'on tire pour tuer ?
Je ne sais pas les sentiments de ton grand-père et en effet, tu le connais mieux que moi. Je ne sais pas non plus pourquoi il ne t'a jamais montré ce tambour auquel tu prêtes un si fort symbolisme... Cependant, qu'elle qu'ait été son état d'esprit, même si ce tambour était une prise de guerre, même si c'est lui qui en avait, de sa baïonnette, fendu la peau et celle de l'homme qui le portait, ça n'enlèverait rien à la douceur de ses yeux bleus. Ce sont des circonstances exceptionnelles et on ne peut pas juger les hommes qui les vivent.
C'est un beau texte qui pose des questions. Qui interpelle sur notre façon de voir ou de ne pas voir ceux qu'on aime, surtout quand ils ne sont plus là et que leurs défauts ont disparu avec eux.
Je ne sais pas les sentiments de ton grand-père et en effet, tu le connais mieux que moi. Je ne sais pas non plus pourquoi il ne t'a jamais montré ce tambour auquel tu prêtes un si fort symbolisme... Cependant, qu'elle qu'ait été son état d'esprit, même si ce tambour était une prise de guerre, même si c'est lui qui en avait, de sa baïonnette, fendu la peau et celle de l'homme qui le portait, ça n'enlèverait rien à la douceur de ses yeux bleus. Ce sont des circonstances exceptionnelles et on ne peut pas juger les hommes qui les vivent.
C'est un beau texte qui pose des questions. Qui interpelle sur notre façon de voir ou de ne pas voir ceux qu'on aime, surtout quand ils ne sont plus là et que leurs défauts ont disparu avec eux.
RAVIE, je suis ! Ce texte est fort, imprégné d'histoire et bougrement bien écrit ! Piero tu me fais découvrir une facette de ton écriture que je ne connaissais pas mais qui me fait vibrer d'émotions !
Une phrase magnifique (parmi d'autres) :
Un passage intense superbe :
Wouah, mazette, sciée je suis ! Au dernier appel à texte c'est Sissi qui m'avait le plus scotchée, là, c'est toi (pour le moment déjà, car pas encore tout lu). Chapeau bas !
Une phrase magnifique (parmi d'autres) :
Il ne savait pas Claudius, que près de cent ans plus tard son tambour éventré, sur lequel il avait pris la peine de graver l’instant où la mort et la vie s’étaient rencontrées, allait battre un rappel dans la mémoire collective.
Un passage intense superbe :
Quand mes doigts effleurent la peau fendue et encore marquée des noirceurs de la guerre, je caresse le visage de ce jeune homme, lui prends sa main encore chaude ; j’entends même le silence effroyable après les cris et les tirs et mes yeux rougissent du sang sur l’uniforme.
Abandonné à jamais au fond d’une soupente ou jeté à la décharge, ce tambour aurait alors fait taire les roulements de la marche des soldats-tambours du premier au dernier rang d’infanterie ; il aurait aussi contribué à l’oubli, cet ennemi du souvenir, en s’effaçant tel un coup d’éponge sur un tableau noir…
Wouah, mazette, sciée je suis ! Au dernier appel à texte c'est Sissi qui m'avait le plus scotchée, là, c'est toi (pour le moment déjà, car pas encore tout lu). Chapeau bas !
Merci à vous deux !
Stavro, il est clair qu'il m'est absolument insupportable d'envisager que ce tambour ait pu être éventré par mon grand-père. Mais l'horreur de la guerre peut effectivement permettre d'envisager cette éventualité. Si je l'avais su, s'il avait raconté cet "exploit" comment aurais-je vu ce tambour ? J'en frémis d'avance...Impossible, pas avec ces yeux bleus :-))) ; pour la petite histoire on appelait mon grand-père "pépé bibi" ! Non impossible! Mais c'est bien moi qui suis allée chercher sur le champ de bataille ce tambour en écrivant ce texte...Lui, je ne saurais jamais ; mais je remercie ce tambour de m'avoir permis de retrouver mon grand-père et de l'auréoler de ce geste à vocation humaniste.
Merci de cette belle critique...
Antinéa, tu me surprends toujours dans tes remarques :-)) ! Te dire que j'apprécie particulièrement celle-ci ne te surprendras pas ! Ravie de t'avoir ravie !:-)
Stavro, il est clair qu'il m'est absolument insupportable d'envisager que ce tambour ait pu être éventré par mon grand-père. Mais l'horreur de la guerre peut effectivement permettre d'envisager cette éventualité. Si je l'avais su, s'il avait raconté cet "exploit" comment aurais-je vu ce tambour ? J'en frémis d'avance...Impossible, pas avec ces yeux bleus :-))) ; pour la petite histoire on appelait mon grand-père "pépé bibi" ! Non impossible! Mais c'est bien moi qui suis allée chercher sur le champ de bataille ce tambour en écrivant ce texte...Lui, je ne saurais jamais ; mais je remercie ce tambour de m'avoir permis de retrouver mon grand-père et de l'auréoler de ce geste à vocation humaniste.
Merci de cette belle critique...
Antinéa, tu me surprends toujours dans tes remarques :-)) ! Te dire que j'apprécie particulièrement celle-ci ne te surprendras pas ! Ravie de t'avoir ravie !:-)
Je viens de relire les phrases soulignées par Antinea et c'est qu'elle sont vraiment très belles et très fortes...
Et, tout comme Antinea, je suis heureuse de découvrir une autre "facette de ton écriture", je m'étais dit ça également mais j'avais oublié de le dire.
Et, tout comme Antinea, je suis heureuse de découvrir une autre "facette de ton écriture", je m'étais dit ça également mais j'avais oublié de le dire.
Une belle et dense histoire dans l'Histoire!
J'ai beaucoup aimé la façon dont tu as imaginé cette scène en respectant la personnalité de ce grand-père dont tu aimais la délicatesse et la douceur... Et le regret universel de n'avoir pas assez échangé avec les gens qui nous étaient chers...
J'ai beaucoup aimé la façon dont tu as imaginé cette scène en respectant la personnalité de ce grand-père dont tu aimais la délicatesse et la douceur... Et le regret universel de n'avoir pas assez échangé avec les gens qui nous étaient chers...
Il existe aussi le tambour chamanique qui au lieu de sonner la guerre donne au genre humain la possibilité de se reconnecter avec le monde divin de par son rythme. Le tambour dont tu parles est celui des champs de bataille avec les horreurs associées que tout le monde connaît.
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Malmaison, B… Claudius caporal-tambour, 109 ème rang d’infanterie ».
25 ans ! Il avait 25 ans lorsqu’il récupéra ce tambour ! Prise de guerre ? Sûrement pas. Il dut avoir une pensée émue pour le jeune caporal-tambour ennemi certainement allongé à côté, le corps criblé de balles ou peut-être...)))
Les morts et l'infâmie de la guerre dont le tambour est le hérault
Je récuse ces faits qui ont donné tant de peine à des familles dont le seul vouloir était de vivre en paix. Pères, frères et amis sont morts pour les pécadilles d'une patrie devenue la proie de mécréants à la recherche de profits. Ils auraient tant aimé que cette guerre dure toujours tants ils s'enrichissaient. Cette guerre grâce au ciel est bien finie et le tambour du shaman continue son éternelle mélopée.
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Malmaison, B… Claudius caporal-tambour, 109 ème rang d’infanterie ».
25 ans ! Il avait 25 ans lorsqu’il récupéra ce tambour ! Prise de guerre ? Sûrement pas. Il dut avoir une pensée émue pour le jeune caporal-tambour ennemi certainement allongé à côté, le corps criblé de balles ou peut-être...)))
Les morts et l'infâmie de la guerre dont le tambour est le hérault
Je récuse ces faits qui ont donné tant de peine à des familles dont le seul vouloir était de vivre en paix. Pères, frères et amis sont morts pour les pécadilles d'une patrie devenue la proie de mécréants à la recherche de profits. Ils auraient tant aimé que cette guerre dure toujours tants ils s'enrichissaient. Cette guerre grâce au ciel est bien finie et le tambour du shaman continue son éternelle mélopée.
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