Poétesses du monde entier - Une Anthologie
de Sylvie H. Brunet

critiqué par Septularisen, le 25 mars 2025
( - - ans)


La note:  étoiles
DES FEMMES, DES FEMMES ET ENCORE DES FEMMES… POÉTESSES!..
Sylvie H. BRUNET est l’auteure de romans et de livres sur le langage, et traduit des livres du japonais. Elle nous propose ici une petite anthologie (moins de 150 p.), réunissant des poèmes d’une trentaine de poétesses de tous les temps et du monde entier. C’est avant tout un hommage et une mise en lumière à ces audacieuses poétesses, qui souvent ont marqué leurs époques et qui encore aujourd’hui sont des «balises» dans l’histoire de la poésie au féminin.

Cette anthologie suit la ligne du temps de façon linéaire. C'est un voyage au travers des «temps» poétiques en quelque sorte!.. On commence donc ici par les «pionnières», avec notamment comme «tête de gondole», la poétesse grecque Sapphô [(fin VIIe – début Vie S. avant J.-C.). Vous pouvez lire sa poésie ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/68525].

On retrouvera aussi dans cette première partie l’italienne Gaspara STAMPA (1523 – 1554), la mexicaine Sor Juana Inés de la CRUZ (1648 - 1695), ou bien encore l’allemande Hildegarde De BINGEN (1098 – 1179)...

J’ai choisi, dans cette partie, de vous partager un poème de la poétesse chinoise Li Qingzhan (1084 – 1155), et sa façon unique de nous parler de l’être cher…

«Pu sa man» (Le Bouddha barbare)

Dans mes cheveux, aux tempes, la pie d’or tend ses deux ailes.
À mes sourcils froncés, le printemps jette une ombre frêle.
Le lotus s’enferme au pavillon embaumé.

Le froid de la fenêtre annonce l’aurore.
En cœurs unis, les deux flammèches viennent d’éclore.
Mes larmes ont laissé du fard sur ma robe de soie.
Quand sera ton retour? Ô Bien-aimé, dis-moi.

La deuxième partie s’intitule : «Les audacieuses», elle commence à la fin du XVIIIe S. époque où l’on commence enfin à admettre que l’on puisse être à la fois femme et poétesse.

Les grands noms qui reviennent pour cette période sont: L’anglaise Elizabeth BARRETT-BROWNING [(1806 – 1861), dont on retrouvera le sonnet «43». Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/60347], ainsi que l’américaine Emily DISKINSON [(1830 – 1886), ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/56195)].
Plus près de nous, la chilienne Gabriela MISTRAL [(1889 – 1957), dont on retrouvera le poème «Absence» (1938). Vous pouvez le lire sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/45812)], ou bien encore la russe Anna AKHMATOVA [(1889 – 1966), dont on retrouvera le poème «Épilogue» (1940). Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/47861)].

On retrouvera également aussi dans cette deuxième partie Emily BRONTË (1818 – 1848), l'autrichienne Ingeborg BACHMANN (1926 - 1973), ou bien encore la russe Marina TSVETAÏEVA (1892 – 1941). Vous pouvez la lire ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/69645

Dans cette partie je vous présente les vers uniques de la poétesse argentine Alfonsina STORNI (1892 – 1938). Se sachant atteinte d’un cancer, celle qui avait consacré de nombreux vers à la mer, choisit de mettre fin volontairement à ses jours en se noyant, comme elle l’annonce trois jours avant son suicide dans son dernier poème…

«Je vais dormir» (1938)

Dents de fleurs, coiffe de rosée,
mains d’herbes, toi ma douce nourrice,
mets-moi les draps de terre
et l’édredon de mousses purpurines.

Ma chère nourrice, je vais dormir, couche-moi.
Pose une lampe à mon chevet ;
une constellation, celle qui te plaira ;
elles sont toutes belles ; baisse-la un peu.

Laisse-moi seule : écoute l’éclosion des bourgeons…
un pied céleste depuis là-haut te berce,
un oiseau esquisse les volutes d’un ballet

pour que tu puisses oublier… Merci…
Ah ! une dernière chose :
s’il venait à me téléphoner de nouveau,
dis-lui de ne pas insister, que je suis sortie…

Dans la troisième et dernière partie, intitulée «Les ardentes», l'auteure nous propose les poétesses les plus proches de nous dans le temps. Celles qu’on a pu voir a la télévision, et celles que l’on peut suivre aujourd’hui sur les réseaux sociaux…

On retrouvera notamment dans cette partie l’américaine Sylvia PLATH [(1932 – 1963) dont on retrouvera le poème : «Arbres d’hiver» (1962). Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57018, ainsi que le poème «Papa». Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/45014)].
La luxembourgeoise Anise KOLTZ [(1928 – 2023) dont on retrouvera les poèmes : «Je suis juive avec eux» et «Je suis palestinienne avec eux» (2005). Vous pouvez les lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/61577)].
La grecque Kiki DIMOULA [(1931 – 2020) dont on retrouvera le poème : «Signe de reconnaissance Statue de femme aux mains liées» (1971). Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/46085)].

Mais aussi les deux grandes poétesses de cette époque qui ont été lauréates du Prix Nobel de Littérature, à savoir la polonaise Wislawa SZYMBORSKA [(1923 – 2012), dont on retrouvera le poème «Trois mots étranges» (2002). Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/53777)]. Et l’américaine trop tôt disparue: Louise GLÜCK [(1943 – 2023), dont on retrouvera le poème : «L’Iris sauvage» (1992). Vous pouvez le lire ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/60507)].

L’auteure nous présente aussi ce qu’elle considère comme le présent et pourquoi pas le futur de la poésie au féminin, avec p.ex. l’américaine Laura KASISCHKE [(*1961), dont vous pouvez lire la poésie ici sur CL : https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/56996], ou bien encore la canadienne Rupi KAUR [(*1992) dont vous pouvez lire la poésie ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/60428].

Dans cette dernière partie j’ai choisi pour vous, la plus grande poétesse russe actuellement vivante : Olga SEDAKOVA (*1949), avec ses ballades teintées de spiritualité…

«Le voyage en Chine» (2004)

Dès que je vois
un voyageur en vêtements clair, blanc :
que faire, où nous mettre ?

dès que je vois
un vêtement blanc, de vieilles épaules :
mieux vaudrait que mes yeux soient de la pierre,
mon cœur de l’eau.

dès que je vois
ce qui arrive à un homme,
je le suivrais en pleurant
tant qu’il va, j’irais, je marcherais
d’un même pas sans contestation.

Est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui. Sans l'ombre d'une hésitation. Et surtout prenez le temps de votre lecture. Chose très rare chez moi, je vous conseille même de ne pas lire toutes les pages les unes à la suite des autres, mais de «butiner» de-ci de-là au fil de vos envies et de votre humeur… C’est un voyage dans le temps et l’espace poétique au féminin, qui va vous surprendre, vous plaire et certainement vous enchanter…