Chems
de Johann Zarca

critiqué par Septularisen, le 7 août 2022
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
CHEMS : Chemical Sex. Sexe sous drogues.
Au début du roman, nous faisons la connaissance de Zède. C’est un jeune journaliste free-lance, d’une trentaine d’années, reconnu pour ses articles sur le milieu «underground» parisien, spécialisé notamment dans le monde de la nuit et les pratiques sexuelles qui s’y déroulent. Si Zède n’a pas toujours été un saint, il a notamment consommé pendant longtemps de la cocaïne, il mène aujourd’hui une vie à peu près rangée, auprès de sa compagne espagnole Mia, enceinte de leur deuxième enfant, et de leur fils de deux ans, Aron.

Devant écrire un article sur Jérôme Dumont, un artiste homosexuel ayant connu son heure de gloire dans les années 80, mais complètement ignoré depuis pour avoir prôné, pratiqué et défendu le «Bareback» (sexe sans protection), alors qu’il était séropositif, Zède réussit à le contacter et à décrocher une entrevue pour faire son portrait. Après l’entrevue, celui-ci fait alors découvrir le Chems à Zède. Fasciné par ces substances psychoactives et autres mélanges synthétiques destinés à stimuler les performances sexuelles, à atteindre la jouissance sexuelle et l’extase, Zède décide d’écrire une série d’articles sur ce sujet, et bien sûr de les essayer pour mieux savoir de quoi il parle dans ses articles.

Commence alors pour Zède une lente mais brutale descente aux enfers. Addiction, plans douteux, comportement compulsif, manque de contrôle, comportement autodestructeur, plans a trois, quatre ou plus, fist, orgies bisexuelles, prostituées, trans, scatologie, partouzes, sexe sous drogues… Sa vie bien rangée vole en éclats…

Un mot sur l’écriture tout d’abord. C’est un style écrit comme on parle, avec des mots d’argot, c’est simple, cela se lit très bien, très vite (moins de 200 pages), c’est très direct et très cru! Il n’y a pas de fioritures, puisque vraiment le sujet ne s’y prête pas ! Au contraire je dirais que c’est plutôt heurté et rugueux.
L’histoire, elle, est basée sur un schéma plus classique, c’est celle du «héros noir», égocentrique, autodestructeur, et de sa descente aux enfers, dans laquelle il va bien sûr entraîner toutes les personnes qui lui sont proches… Pour ceux qui les ont lus cela ressemble cela ressemble très fort à «Retour à Brooklyn» d’Hubert SELBY Jr. (1) ou bien à «Junky» de William S. BURROUGHS (2).

Ce livre est sans doute très clivant. Il y a ceux qui (comme moi vous l’aurez compris…) aimeront à la folie et ceux qui seront choqués, rebutés et… détesteront! C’est un livre qui est dur, très dur à lire, très particulier, et je n’hésite pas à dire que je me suis senti parfois très mal à l’aise durant ma lecture. J’avais souvent envie de crier à Zède d’arrêter ses conneries, de se ressaisir, tellement je souffrais avec lui!

Je conseille aussi à ceux qui lisent ce livre de garder leur Wiki à portée de mains. Partant du principe que, si comme moi, vous êtes novices dans le «monde» des stupéfiants, et même si vous avez sans doute déjà entendu parler du GHB (dite «drogue du violeur»), vous ne savez sans doute pas ce que sont le M-cat 3MMC, 4MEC (noms donnés à la méphédrone, drogue de synthèse apparue dans les années 2010 et dont l'effet est proche de celui de la MDMA et des amphétamines)...

Je termine ce livre sur le c*l! Scotché! Quel livre! Quelle claque! Très franchement c’est vraiment le livre le plus puissant, le plus dérangeant et le plus «Burné» que j’ai lu depuis longtemps!.. J’ignore quelle est la part exacte d’autobiographie et de fiction dans ce livre, mais une chose est sûre, après cette lecture, je vais lire d’autres livres de Johann ZARCA (*1984), le plus «underground» des auteurs parisiens, et suivre attentivement sa carrière...

P. S. : En raison des descriptions très explicites des scènes de sexe présentes dans ce livre, on évitera de mettre celui-ci entre les mains des plus jeunes et des plus sensibles… Ce livre est réservé à un public adulte et averti.

(1) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/13913
(2) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4624