La collection disparue
de Pauline Baer de Perignon

critiqué par Septularisen, le 9 avril 2022
( - - ans)


La note:  étoiles
UNE ENQUÊTE HISTORIQUE OU UNE HISTOIRE FAMILIALE?
Pour Pauline BAER de PERIGNON, tout commence banalement un soir à un concert. Un lointain cousin, - courtier dans le milieu de l'art -, perdu de vue depuis de nombreuses années, lui parle d’une dizaine de tableaux, dont la vente par son arrière-grand-père, Jules STRAUSS (1861 – 1943), au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, pose problème et aurait fait l’objet «d’irrégularités».

Il n’en faut pas plus pour Pauline, qui part à la recherche des moindres détails de la vie de cet aïeul, banquier d’origine juive et grand collectionneur de tableaux impressionnistes, dont il ne reste plus aujourd’hui aucune trace de la collection, et dont la famille se rappelle à peine.
Commence alors pour elle - qui est novice dans le domaine de l’art - une longue, très longue quête dans sur la trace des tableaux ayant appartenu à sa famille, et aujourd’hui dispersés dans les plus grands musées de France et d’Europe.

Pendant trois ans, avec pour tout bagage sa volonté et sa ténacité, elle va mener une enquête sur la trace de ses ancêtres, et de leur histoire dont elle ignore tout. Que s'est-il vraiment passé en 1942? Qu’est-il advenu de la collection de son arrière-grand-père, lorsque l'appartement familial fut perquisitionné par les nazis? Pauline va aller de découverte en découverte, de bataille en bataille, de déception en déception, de démarche en démarche, afin de savoir si des œuvres d’art ayant appartenu à sa famille ont traversé le chaos de l'histoire…

«La collection disparue» (2020) est le premier roman de Pauline BAER de PERIGNON (*1973) et en a tous les défauts! Citons pêle-mêle des redites à ne plus en finir, des histoires et des détails dont on se demande ce qu’ils viennent faire là, une histoire un peu brouillon dans laquelle ils faut se retrouver, des chapitres qui frisent le ridicule - voir l’épisode de la voyante - des chapitres de «philosophie de cendrier» - voir le chapitre sur le judaïsme -, etc etc…

On a parfois l’impression de suivre plus un vaudeville qu’une véritable enquête pour retrouver des tableaux spoliés il y a environ 80 ans… Je comprends que l’auteur soit à la recherche de ses origines, d’essayer de comprendre l’histoire sa famille pendant l’occupation, de «l’âme» de son arrière-grand-père, etc…
Mais cela ne «colle» pas vraiment avec le reste de l’histoire, qui est une recherche des œuvre disparues, avec les fouilles dans les archives des musées, des ministères, des maisons de vente, mais aussi les demandes de restitutions, les actions légales en France et à l’étranger, etc…
Je dirais que Mme. BAER de PERIGNON est trop «concernée», trop «impliquée» (et je peux bien sûr le comprendre, puisqu’il s’agit ici de sa famille…) pour traiter le sujet de la manière correcte. Ainsi, ce qui aurait dû être une histoire, se transforme ici en un banal «journal intime»... Et cela n’a d’autre intérêt que de nous raconter la vie d’une parisienne mariée, avec deux enfants, stressée en permanence, qui un jour décide de savoir ce qu’il est advenu de la fabuleuse collection de tableaux de sa famille!

Mais ce qui m’a le plus déçu c’est sans aucun doute l’écriture, sans style, sans beauté, sans originalité, banale, très heurtée, hachée, comme chahutée! Vraiment une écriture de «Monsieur tout le monde»! Le tout en tenant compte du fait que son auteur anime des ateliers d’écriture, j’en suis plus que surpris… D’ailleurs, je me pose des questions quant à l’intérêt et à la valeur ajoutée de tels ateliers?..

La spoliation et la restitution des œuvres d’art volés par les nazis durant la Deuxième Guerre Mondiale étant un sujet qui m’intéresse depuis fort longtemps, c’est avec beaucoup d’attentes (trop peut-être?..), que je me suis lancé dans la lecture de ce livre. Pour en ressortir plutôt très déçu!
Ce n’est pas franchement mauvais, mais c’est loin, très loin du chef d’œuvre que l’on vend un peu partout sur la toile et dans les médias français. Donc, si vous voulez lire un bon roman parisiano-parisien (ma meilleure amie, l’écrivain français Prix Nobel de Littérature que je connais très bien, mon frère acteur…), pourquoi pas? Après tout le livre se lit facilement et en quelques heures…
Mais si vous êtes vraiment intéressé par le sujet des œuvres d’art volés aux collectionneurs juifs durant la période 1940 – 1945 alors, c’est le livre d’Hector FELICIANO (*1952) «Le musée disparu» (1), qu'il faut lire! Vous découvrirez le même sujet, mais traité de façon tout à fait différente…

(1) : Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/32662