De petits incendies
de David Means

critiqué par Eireann 32, le 20 octobre 2005
(Lorient - 77 ans)


La note:  étoiles
De petits incendies, de grands incidents.
Premier recueil de nouvelles pour ce jeune américain, récits très noirs, pleins de morts, souvent violentes. Une lecture qui n’est pas de tout repos, limite déprimante.
Vous ne verrez plus le train de la même façon après avoir percuté un corps dans un tunnel, le chauffeur est traumatisé, pour rien peut-être ? Comment un homme faisant l’amour à sa maîtresse peut-il être amené à penser à la noyade de son frère ? Un chantier, pour raison d’économie peut-il être responsable de la mort d’une fillette ? Une veuve de fraîche date est embarrassée par un souvenir de sa nuit de noces ou dans la dernière nouvelle, un bûcheron vétéran du Vietnam coupe du bois comme exutoire mais le suicide sera sa thérapie ultime, sont les thèmes de quelques-unes de ces histoires.
Le récit en parallèle d’un second mariage et de la mort d’un clochard dans «Interruption» est assez déroutant. «Petits incendies» est effrayante, ces petits Néron de banlieue américaine font froid dans le dos.
J’ai particulièrement apprécié «L’élégie de Sleeping Bear» et les problèmes de conscience d’un jeune homme vis à vis de son comportement d’enfant, ainsi que «Le Chasseur de gestes» cet homme guettant sans relâche le mouvement absolu de la beauté.
«La prise» est également un très beau récit, le personnage principal, un jeune vagabond se remémore au moment de décéder, les heures passées, coincé entre 2 wagons d’un train de marchandises lancé à travers les USA.
J’aime beaucoup l’écriture, la précision des descriptions, le petit détail qui fait mouche et ses longues phrases entre parenthèses. Ces histoires ne sont pas joyeuses, loin s’en faut, les personnages sont atypiques au bord de l’abîme et de la folie. J’ai réellement apprécié ce livre après l’avoir rendu à la médiathèque une première fois sans l’ouvrir, un peu d’obstination que je ne regrette pas.