Minority Report
de Philip K. Dick

critiqué par Kristophe, le 11 octobre 2005
(Besançon - 45 ans)


La note:  étoiles
Réalité réelle, réalité cachée...
C'est Minority Report qui donne son titre au recueil, mais les nouvelles ayant inspiré les classiques cinématographiques Total Recall, Imposteur, et planète Hurlante sont également incluses...
En tout, 9 nouvelles analysant l'étrange rapport entre notre réalité et celle des autres, thème cher à P. K. Dick...
La plupart de ces histoires auraient mérité un développement plus long, voire même un roman complet à elles seules tant elles sont ingénieuses et déroutantes...
Une lecture particulièrement originale et intéressante 8 étoiles

Je ne suis pas un grand amateur de SF mais de temps en temps j’aime bien me laisser tenter par ce type de lecture et ce recueil de neuf nouvelles a rempli toutes mes attentes. Il s’agit de ma première découverte de ce grand auteur de SF qu’est Philip K-Dick et je dois dire que je comprends tous les éloges qui lui sont faits.
L’originalité et la grande variété des situations, le grand sens de l’anticipation, l’imagination, le suspense, l’habileté des scénarios sont autant de points forts qui m’ont littéralement embarqué dans cette lecture ô combien intéressante.
Mes deux nouvelles préférées sont « Rapport minoritaire » et « Nouveau modèle », cette dernière, particulièrement angoissante étant celle qui m’a le plus marqué.
Une expérience à renouveler !

Sundernono - Nice - 41 ans - 7 décembre 2016


9 grandes nouvelles 10 étoiles

"Minority Report", "Planète Hurlante", "Total Recall" (à deux reprises), "Impostor" : quatre films adaptés de quatre des neuf nouvelles de ce recueil franchement remarquable de K. Dick, sans doute même son meilleur recueil.
Je ne vais pas les résumer une par une, juste préciser qu'aucune n'est mauvaise ou moyenne, et que la plus longue d'entre elles, "Ce que disent les morts", est une sorte de prélude à "Ubik" par moments.
Pour fan de SF, c'est incontournable.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 11 mars 2014


Pas parfait, mais cérébral 8 étoiles

Comme ça a été dit, le recueil contient des nouvelles ayant eu des adaptations cinématographiques géniales, raison qui m’a poussé à le lire. Je n’étais pas toujours d’accord à l’auteur, mais toutes les nouvelles m’ont fait retourner l’histoire dans ma tête longuement, c’est bon signe. Mais oui, il y avait beaucoup d’invraisemblance, de trous, je me frustrais de la naïveté de certains héros, mais les idées sont là et quand ça a du suspense, c’était fort. Lecture plus accessible que je l’avais imaginé avec un tel auteur, c’est un livre que je recommande aux fans de science-fiction et les curieux.

Rapport minoritaire : Depuis une trentaine d’années, avec des êtres qui entrevoient des réalités futures, Précrime arrête les criminels avant même qu’ils commettent leur forfait, il n’y a pas eu de meurtres dans le pays en 5 ans. Mais un jour notre héros, le directeur de Précrime, reçoit tout un choc, avant une semaine il est sensé tuer un homme qu’il ne connaît même pas... « C’était son nom que révélait la carte. La ligne un l’accusait d’un meurtre encore à venir. » J’ai beaucoup aimé, mais j’y ai trouvé plusieurs trous (comme le général qui n’avait pas visionné le rapport) et j’étais souvent en désaccord avec les réflexions (si on change le futur avec la connaissance des rapports, est-ce que éviterait de rendre quelques futurs criminels des criminels en leur montrant les rapports aussi ?), mais c’est un bon suspense et ça fait réfléchir. Ça fait me poser plein de questions (dont sur le libre arbitre) et c’est bien. Comparer à l’adaptation de Steven Spielberg en 2000, la nouvelle a un côté plus sociopolitique, mais j’aime et je recommande les deux. 4/5

Un jeu guerrier : Des contrôleurs d’importation terriens doivent tester la dangerosité / subversivité des jeux ganymédiens, un peuple d’extraterrestres très créatifs dont on ne peut rien dire contre spécialement mais qu’on se méfie à cause de leur subtilité et la peur de leur expansionniste économique. Ils doivent en tester trois : des soldats miniatures qui essaient diverses techniques pour entrer dans une citadelle, un costume de réalité virtuelle et un jeu style Monopoly. « "Il doit y avoir quelque chose qui crève les yeux [...]. Sans que nous le remarquions. » Ça m’a pris un moment pour savoir où on voulait en venir, mais ça rend la nouvelle intrigante. Wow ! C’était vraiment palpitant, même moi je me suis prise au jeu et j’étais aussi perplexe que les testeurs. On VEUT savoir ce qui se cache derrière tout ça. J’aime le retournement, même si encore je me demande comment les humains ne peuvent pas voir les conséquences et ne portent pas plainte. Une petite nouvelle avec beaucoup de suspense. Intense. 5/5

Ce que disent les morts : Le patron de notre héros est maintenu en semi-vie, seulement les choses ne se passent pas comme prévu. Quelques temps après, une voix qui ressemble au défunt se fait entendre de l’espace, puis ensuite à la télé, à la radio et au téléphone... « Il se peut qu’il soit en mesure de faire des tas de choses. De nous influencer... d’agir sur nos actes, nos paroles, nos pensées. » Pas mal du tout, seulement j’y ai trouvé quelques longueurs, c’est la nouvelle la plus longue du recueil. Enfin, le retournement final en valait la peine et jette un regard différent sur l’histoire. Je crois que la seconde lecture serait meilleure parce qu’on connaît comment ça finit. Note : Je vois que les hommes du « futur » sont plutôt misogynes, ohhhhh ! 3.5/5

Ah, être un Gélate... : Un agent double retiré, qui a dû se mettre littéralement dans la peau (extraterrestre) de l’ennemi, souffre de sa condition et demande de l’aide à un psychanalyste. « "Vous savez ce qu’on devait faire à l’époque pour infiltrer avec succès un Terrien parmi les Gélates ?" » Intéressant et ironique (mais peut-être un peu trop, la fin est un peu forcée). 3.5/5

Souvenirs à vendre : Un petit fonctionnaire rêve d’aventures et d’aller sur Mars, il en fait une obsession. Un jour, il décide de se faire implanter le souvenir d’être un agent en mission sur Mars, sauf qu’il se trouve qu’il aurait déjà été un agent véritable... « Dans votre mémoire, ce sera un vrai voyage; nous vous le garantissons. » Nouvelle qui a été adaptée deux fois (Total Recall, en 1990 avec Arnold Schwarzenegger, en 2012 avec Colin Farrell). J’ai aimé généralement, mais c’est court et mal amené. Ce qu’on essaie de nous faire avaler est trop gros (surtout la révélation finale). 3.5/5

La foi de nos pères : Dans un monde dystopique où tout est contrôlé et tous doivent obéir au parti du Bienfaiteur, un homme qui veut monter les échelons découvre que l’homme auquel ils doivent obéir n’est pas ce qu’ils croient. Une histoire qui m’a fait penser aux films 1984 (les écrans télévisés à double sens) et They Live (les hallucinations collectives). Une histoire sombre. J’ai aimé, mais j’aurais préféré qu’on approfondisse, je trouve qu’il y avait quelques trous (comme comment c’est contrôlé, pourquoi on lui fait des révélations). 3/5

La fourmi électrique : Après un accident, le patron d’une compagnie se rend compte qu’il n’est pas humain et que tout ce qu’il croyait est un leurre. « [C’est] une illusion qui a été implantée en moi quand on m’a fabriqué... en même temps que l’illusion d’être humain et vivant. » Quelques réflexions intéressantes sur la réalité. 3/5

Nouveau modèle : Les Etats-Unis et les Russes sont en guerre et détruisent tout sur leur passage. Les américains eux ont créé des petits robots, de plus en plus intelligents et qui n’ont comme but que de tuer tous les vivants, les américains ayant un bracelet pour les tenir à distance, mais si les robots évoluent, leur mission reste la même... « - Si nous ne les avions pas inventés, les Russes s’en seraient chargés. » Un bon suspense et des réflexions sur la course aux armement, sauf qu’à certains moments j’ai trouvé ça prévisible (je ne sais pas si c’est parce que j’ai vu l’adaptation de 1995 avec Peter Weller et Roy Dupuis) et je me frustrais de la naïveté du héros, j’aurais voulu lui dire de se réveiller ! 4/5

L'imposteur : Notre héros se fait arrêter subitement car les gens le prennent pour un androïde qui est sensé faire explosé une bombe en disant des mots clés. Il s’échappe pour prouver son innocence. « Tout le monde était prêt à sacrifier l’individu à la panique collective. » Pas mal, mais encore des trous, je me demandais pourquoi ne pas le mettre sous tranquillisant et faire des tests dans un environnement silencieux ou lui couper le bras pour voir si c’est un robot, ils croient un message de l’ennemi sans avoir vu / essayé de chercher le corps de l’autre, ils l’arrêtent mais ne mettent rien sur sa bouche pour le faire taire ou le mettre dans un espace isolé. Bizarre, je ne sais pas, j’ai trouvé ça invraisemblable, mais à part ça ce n’était pas pire. Je n’ai pas encore vu l’adaptation de 2002 avec Gary Sinise, mais ça me tente. 3/5

Nance - - - ans - 5 septembre 2013


Qui est derrière ?? 9 étoiles

Minority Report est l'anticipation la plus aboutie jamais écrite - n'en déplaise aux autres. Toutefois hormis le fait que le livre n'a rien à voir avec le film, on sera très troublé par le coté actuel du récit, qui évoquera certains chefs d'oeuvres de la SF mais surtout une actualité omniprésente (et tous ses détails, dont une surveillance du peuple totalement organisée pour faire naître de nouveaux crimes et non le contraire) On peut donc noter que dû à la plume aride de l'auteur jointe à sa sensibilité innée pour la dramaturgie, on a, à certains chapitres, l'impression de lire un de ces articles sécuritaires comme en consacre désormais chaque semaine en leur une, les grands quotidiens mondiaux et contemporains. D'autant plus que le récit au noeud tragique complexe nous sert un incroyable complot au quotidien basé sur un impressionnant et scandaleux harcèlement psychologique et moral contre tout "électron libre" (qui rappellera l'ancienne Stasi) par d'innombrables lâches petits bureaucrates plutôt minables; afin que le vrai ne passe pas un seul instant.

N'ayons pas peur des mots: cette oeuvre de ce génie de Philip K. Dick est aussi une des meilleures paraboles au sujet de l'Etat policier et du pouvoir excroissant des trusts et multinationales qui nous concerne tous chaque jour, c'est sans doute pour cette raison que l'intrigue amène d'ailleurs une réflexion finale à propos du statisme de l'humain et autres perles (il est vrai que d'aucuns parleront de cette métastase fonctionnaire qui ruine et tue immédiatement dans l'oeuf toute action positive, mais c'est selon moi très objectif.)
Etrange fait décidément que des morts qui parlent...

Si je ne me trompe les autres nouvelles les plus intéressantes de cet ouvrage sont La fourmi électrique (The Electric Ant), Souvenirs à vendre (We can remember it for you wholesale), et, bien sûr, L'imposteur (Impostor.)

Antihuman - Paris - 41 ans - 29 septembre 2012


9 nouvelles 7 étoiles

Philip K. Dick, qui ne connut pas réellement le succès de son vivant, est maintenant parfaitement reconnu, les adaptations cinématographiques de nombre de ses œuvres le démontrent, tel « Minority report », nouvelle éponyme de ce recueil.
« Rapport minoritaire » est un véritable cauchemar du futur, basé sur des réactions qu’auraient des individus de notre époque confrontés à des situations anticipatrices imaginées par P. Dick, et c’est bien là que se situe l’apport « science-fictionnel » de l’auteur. « Rapport minoritaire » où comment exploiter de futures technologies ou dispositions découlant de nouvelles technologies pour réaliser un détournement de pouvoir, une des éternelles sources des conflits humains … Et à en croire P. Dick on n’est pas sorti des ronces ! Cette nouvelle (pas vu le film tiré de cette nouvelle) démontre encore la vivacité d’esprit l’imagination solidement implantée dans de l’humain de cet auteur.
« Un jeu guerrier » est symptomatique aussi. Le cadre n’a rien de réellement futuriste : une société de commerce qui se préoccupe de sélectionner les jeux qui plairont aux clients ainsi qu’un père de famille avec ses enfants. Ca c’est pour le cadre. L’apport science-fictionnel est dans la nature du jeu et les supposées évolutions technologiques qui permettraient l’existence de tels jeux. Ca donne une histoire dénuée de petites hommes verts débarquant d’une soucoupe, … ou ce genre de choses.
Dans « Ah, être un Gélate … » (un gélate = a blobel, dans le texte original), c’est encore le cas. C’est le progrès ( ?) technologique qui suscite de nouvelles situations inimaginables, situations auxquelles P. Dick applique des sentiments rien de plus qu’humains, nous secoue tout ça pour en sortir un mélo sauce S.F.
« Nouveau modèle » est à mon sens la plus terrifiante. Histoire de guerre, qui pourrait être banale comme le sont les histoires guerres ; des gentils, des méchants, des drames, de l’espoir … mais l’apport par P. Dick d’éléments d’anticipation rend la situation encore plus anxiogène si la chose est possible s’agissant de guerre …
Neuf nouvelles qui se lisent d’une traite et qui mettent en évidence la virtuosité créatrice de Philip K. Dick.

Tistou - - 68 ans - 24 octobre 2010


Excellent recueil 9 étoiles

Sorti à l'occasion du film éponyme, certaines nouvelles de cet excellent recueil de Philip K Dick ont servi de base à des films (Rapport minoritaire, Souvenirs à vendre…). Les scénarios sont subtilement tordus (Rapport minoritaire, Jeux guerriers, Nouveau modèle…) à l’exception de Ah, être un Gélate la seule que j’ai trouvée un peu facile. La foi de nos pèresressemble à du Lovecraft. Dans La fourmi électrique et L'imposteur les héros découvrent ce qu'ils sont réellement.
Un concentré de qualité et de plaisir, à recommander à ceux qui veulent découvrir Philip K Dick.

Romur - Viroflay - 51 ans - 17 août 2010


Importantes nouvelles 7 étoiles

Ce recueil de nouvelles de Philip K. Dick contient plusieurs importants textes traduits au langage cinématographique: Minority Report, Second Variety (Screamers), Imposteur. Donc, parmi les courtes nouvelles de Philip K. Dick c'est là probablement ses textes les plus importants.


D'autres belles surprises- y sont présentes à part des textes que les fans de Dick connaissent bien. War Games, Oh! To be a Blobel, The Electric Ant, donnent une vision de Dick beaucoup plus cynique et éclaté. Un humour noir strident ayant comme thème majoritairement la différence et son éternel combat pour établir une ontologie de la perception.

Le style de Dick se prête mal à la traduction, parce qu'écrit vite et basé sur une action directe, poussée à sa plus simple expression. Mais n'est-ce pas là sa richesse? N'est-ce pas son moyen fétiche pour systématiser le nombre effarant de lectures à ses oeuvres?

FightingIntellectual - Montréal - 42 ans - 2 mai 2007