Petites proses
de Abdallah Zrika

critiqué par Sahkti, le 10 octobre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Vision marocaine du monde
Abdallah Zrika est né en 1953 à Casablanca, il écrit ses premiers poèmes à 12 ans et publie en 1977 à compte d'auteur "Danse de la tête et de la rose". Le succès est au rendez-vous, une partie de la jeunesse marcoaine s'identifie à lui et les gens se pressent pour l'écouter. Il sera pourtant emprisonné pour atteinte à l'ordre public (parce qu'il parle de liberté?), avant d'être relâché des mois plus tard.

Personnellement, je n'ai pas éprouvé de frissons d'extase ou quoi que ce soit du genre à la lecture de ces Petites proses. Le texte est certes plaisant, les mots poétiques et certains passages méritent d'être relus. Je pense notamment à la cérémonie du thé ou à ces phrases par lesquelles l'auteur fait ressentir le vide et le néant qui se sont emparés de lui.
Pourtant, rien, pas d'étincelle ou de soupir de satisfaction à la fermeture de l'ouvrage. Plutôt une impression de lecture scolaire imposée et terminée.

Par contre, j'ai envie de tirer un grand coup de chapeau à ces initiatives éditoriales qui nous permettent de découvrir des auteurs étrangers bannis dans leur pays, censurés, cachés, ces écrivains qui écrivent en sachant que peut-être, jamais, ils ne seront lus. Pour cela, je félicite L'Escampette. Face à ce fossé que j'ai ressenti, je me suis demandée si la méconnaissance d’un pays peut empêcher à ce point la compréhension ou l’appréciation d’une oeuvre. Certainement. Cela peut nous empêcher de percevoir des subtilités, des tournures de langages ou la richesse de coutumes qui nous sont complètement étrangères. Mon interrogation va alors plus loin. L’éditeur qui offre à un public un tel recueil n’a-t-il pas pensé à ce phénomène lors de la publication ? Y a-t-il dans un tel cas besoin de préambule ou d’explications ?
Tout n’est peut-être que question de perception des éléments et de sensibilité. Il serait utile, dans le cas présent, de savoir ce que des écrivains marocains pensent de ce livre et de son auteur, cela apporterait sans doute un éclairage intéressant.