La moisson rouge
de Dashiell Hammett

critiqué par Olivier Michael Kim, le 10 octobre 2005
(Nantes - 48 ans)


La note:  étoiles
Fallait pas l'énerver...
Un détective privé arrive dans une ville qui lui est inconnue pour un contrat. Son employeur se fait descendre avant même qu’il ait pu le rencontrer. Parfait étranger dans cette cité contrôlée par la mafia et autres personnalités corrompues, il va commencer par enquêter sur ce meurtre. Doublé et trompé par une police véreuse, il va se mettre en colère et décide de se venger. En parfait renard de jungle urbaine, il va vite apprendre les us et coutumes de la ville ; il va élaborer manipulations et stratagèmes pour la nettoyer.

Un polar noir, avec une narration argotique à la première personne, ce livre nous montre dès le départ qu’il donne dans le « mauvais genre ». Les cadavres s’empilent, les enquêtes s’enchaînent, les coups fourrés volent... Ca va vite, un peu trop vite. Les personnages sont nombreux ; j’ai un regret quant aux personnalités des gangsters, pas assez riches et colorées, seules les physionomies semblent les différencier.
L’histoire est bien foutue, et tout s’imbrique correctement. Quelques hasards dans le récit me paraissent peu crédibles. Des personnages rencontrés fortuitement deviennent par la suite des éléments clés...
Un bon moment de lecture, divertissant
Le premier roman de Dashiell Hammett 10 étoiles

Daté de 1929 et pas une ride. Cette histoire de Personville, rebaptisée Poisonville, garde toutes ses couleurs. Le héros est une sorte de Zorro ou de Chevalier Blanc qui, dans des conditions sordides, ébranle la fourmilière criminelle du lieu pour que "placée sous la loi martiale, [elle] se changeait en un jardin de roses et sans épines."
Tout l'art de Hammett est déjà là dans ce premier opus. Il dépeint avec une terrible acuité, une violence à peine atténuée par son éditeur et une grande crudité l'univers d'une petite ville américaine soumise à la loi de la pègre au temps de la prohibition. Ce détective sans nom et sans prénom exerce son métier en dehors des règles de son agence et des lois de l'Etat pour briser les chaînes entrelacées autour de la ville. Il s'agit d'un héros anonyme, quasiment sans vie ni sentiments personnels, qui n'est qu'action, et particulièrement violente, ponctuée par d'innombrables cadavres, coups de feu et autres formes criminelles. Et le plus étonnant, c'est que Hammett nous entraîne là-dedans sans que le lecteur ne ressente de dégoût ni de lassitude. Du grand art. Il faut ajouter que la nouvelle traduction de Bondil et Beunat fait l'économie de la surabondance d'argot des années 1930 soulignée par les critiques précédentes.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 17 mai 2013


Guerre de Gangs à Poisontville ! 7 étoiles

Ca y est, je viens de m'affranchir du terrible roman de Dashiell Hammett " La moisson rouge" rentré tout droit au panthéon des 100 meilleurs livres de tous les temps.
Classé également parmi les plus grands livres cultes du siècle, et sans l'ombre d'un doute, pionnier du roman noir qui a donné ses lettres de noblesses à la fameuse Hard boiled school.

On suit le parcours sanglant du détective privé, à la première personne, déterminé à venger la mort violente de son client à Personville.

Sa méthode : le nettoyage ... à grand coup d'arrosoir aux pruneaux, sans pitié, sans morale, sans droit ni justice.

Son remède : le chantage, la trahison, la corruption, faisant parler son feu. La peur, j'connais pas !

Persontville ou devrais je dire Poisontville, farci de mafioso, de truands, de petites frappes, de flics véreux, de femmes fatales , c'est sûr, c'est un nid à serpents ... mortels !

Les personnages défilent aux rythmes des pages que l'on tourne, meurent aux cadences de courts chapitres, l'enquête s'envenime devenant suspecte, perdant le sens du bien du mal, et du sang s'imprègne sur nos doigts tout le long de ce récit.

L'écriture est taillée au scalpel, bourrée d'argot d'époque nostalgique des années 30, bourrue et glaciale comme son héroïne.

L'histoire se tient malgré tout ces coups foireux et cette ribambelle de cadavres mais il est vrai que les personnages n'ont pas le temps de s'identifier réellement, tellement que ça va vite.

Un seul intérêt, qui a buté qui ?, pour rendre à son tour la monnaie, à coup de pétoire.

Un seul but, transformer Poisontville en un paisible lit douillet de roses sans épines.

Dommage que le final demeure sans surprise, mais au moins on reste de marbre sur l'ensemble des macabés empilés.

Brut, féroce, limpide et direct comme un coup de poing en plein plexus, voilà la définition de ce roman qui laissera des traces !!!

A lire donc, avant de clapser !

Pakstones - saubens - 58 ans - 3 juillet 2011