L'antilope blanche
de Valentine Goby

critiqué par Clarabel, le 30 septembre 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Beau et simple
En 1949, Charlotte Marthe débarque à Douala au Cameroun pour diriger une école moderne pour jeunes filles. Elle a trente-cinq ans et le coeur en miettes, brisé par un chagrin d'amour, qu'elle fuit, quitte à aller jusqu'au bout du monde, comme c'est le cas présent. L'histoire de cette "Antilope blanche" est la sienne, qu'on lit à travers ses cahiers, depuis 1949 jusqu'à 1961! Un bien beau parcours par cette femme volontaire et dynamique, résignée à pousser "ses filles" vers un avenir meilleur que celui d'épouse dotée et mère d'une ribambelle d'enfants.

Au début du roman, j'ai un peu peiné pour m'intégrer à l'histoire. J'avais le même sentiment qu'éprouvait le personnage - poisseux. La jeune femme débarquait là un peu contre son gré, donc n'était pas fatalement fascinée par la nouveauté, l'exotisme ni niaise sur ce dépaysement, les habitants du Cameroun, les coutumes des peuples et le microcosme de la société coloniale des années 50. A l'image de son récit, l'histoire commençait donc de manière un peu mélancolique et résignée. Les difficultés s'empilaient, le moral pas au beau fixe.. Pourtant j'ai lu jusqu'au bout car je me suis attachée à l'héroïne. Je pensais qu'il s'agissait d'un personnage réel et j'ai ainsi effectué quelques recherches avant la fin du livre. Et bien entendu, Charlotte Marthe est bien fictive, par contre son inspiratrice se nomme Charlotte Michel, tout aussi anonyme dans les manuels d'histoire, pourtant ce bout de femme a contribué modestement à l'épanouissement et l'évolution de la situation des jeunes filles au Cameroun.
Ainsi, Valentine Goby a creusé dans les archives, visité le pays et remué ciel et terre pour aller au devant de ce fascinant personnage ! Elle crée ainsi une Charlotte Marthe prise au coeur des tourmentes, qu'elles soient légères ou graves, dans un paysage post-colonnial de plus en plus vacillant. Pour moi, en fin de compte, j'ai beaucoup aimé ce roman, pourtant très différent de ce que l'auteur proposait jusqu'à présent. Je me suis installée progressivement dans l'histoire, j'ai vécu les hauts et les bas des personnages, preuve que ce roman est réussi car il a su incroyablement m'attacher ! De plus, la relation entre Charlotte et "ses filles", les fameuses Antilopes, est aussi le noyau dur du roman - c'est beau et c'est simple. Moi je n'en demande pas davantage !