Un souvenir
de Michel Déon

critiqué par Dirlandaise, le 28 septembre 2005
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Les souvenirs ne meurent jamais
Émouvant récit que celui de cet homme ayant dépassé la soixantaine et qui trouve une vieille photo toute jaunie et craquelée, perdue au fond d'un tiroir. Datant de 1936, la photo le représente enlaçant une jeune fille anglaise, Sheila, et a été prise à Westcliff-on-Sea, au bord de l'Essex en Angleterre. La mère de Sheila y tenait un bed and breadfast et Edouard y avait séjourné un été. Il n'en faut pas plus pour le décider à entreprendre le voyage en Angleterre, afin d'y retrouver les traces de Sheila et apaiser ses regrets de ne pas l'avoir épousée.

Tout au long du récit, le narrateur entretient un dialogue avec un personnage inventé prénommé Ted, qui n'est autre que lui-même, jeune. C'est un livre touchant, rempli de nostalgie et de tendresse. Il m'a profondément ému et le périple d'Edouard à Westcliff-on-Sea, est raconté avec beaucoup de sensibilité et d'émotion par l'auteur. Nous avons tous au fond de nous des souvenirs enfouis qui ne demandent qu'à ressurgir au grand jour en nous faisant revivre des émois douloureux ou au contraire, remplis de douceur et d'amour partagé. C'est le propos du livre et la passion d'Edouard pour Sheila ressurgit, intacte malgré les cinquante années écoulées, pour lui faire ressentir toute la beauté et la magie d'un amour de jeunesse.

Une très belle histoire d'amour qui fait ressortir tout ce que l'humain renferme de sensibilité et de nostalgie. À lire pour ceux qui considèrent que les souvenirs ajoutent une saveur particulière à l'existence humaine.
Fadasse 6 étoiles

Si les crititiques précédentes ont fait l'éloge de ce livre, il m'est bien difficile de les rejoindre. J'ai trouvé ce récit banal, ampoulé, artificiel au delà de l'évidente qualité d'écriture et de style. Mais peu accroche, peu montre que l'auteur a de l'empathie pour son personnage qu'il écrase sous une phraséologie pâteuse et des évènements improbables. On sent ici la fabrication du roman au delà du moindre sentiment personnel. Au fond, comme le disait autrement Pascal, la réputation joue ici un grand rôle.

Falgo - Lentilly - 85 ans - 23 août 2014


Quand "le vent du soir" se lèvera... 8 étoiles

Après avoir retrouvé une photo dans le fond d’un tiroir, Edouard, un célibataire endurci à la soixantaine tout juste dépassée effectue un retour pèlerinage sur les lieux où la photo fut prise : en 1936 à Westcliff-on-Sea, au bord de l'Essex en Angleterre, où le narrateur avait séjourné le temps d’un été dans le Bed and Breakfast de la mère de Sheila. Sheila qui accompagne tendrement Edouard sur la photo. Nostalgie… ? regrets… ?

Le narrateur entretient, tout au long du livre, un dialogue avec Ted : s’agit-il de sa conscience ? de lui même adolescent ? les deux ? Peu importe tant le procédé est efficace pour faire ressurgir les souvenirs et les regrets ; voire les remords…

Un ouvrage délicatement tendre qui vient juste après « Le vent du soir » où Michel Déon nous montrait un homme au soir de sa vie, constatant avec fatalisme et nostalgie la fuite de ses souvenirs. Il nous montre ici la nécessité de se constituer des « Arches de Noé » capables d’affronter « le vent du soir » quand inexorablement, il se décidera à se lever.

Lecassin - Saint Médard en Jalles - 68 ans - 3 mars 2012


Avant le souvenir 8 étoiles

Merci Dirlandaise pour votre très belle relation de ce livre que j'avais beaucoup aimé en son temps et que Michel Déon classait en 2001 parmi les quatre qui lui avaient procuré le plus de plaisir à écrire.

Vous m'avez donné envie de le relire.

Pour les fans de Déon ,à noter que ce livre "fait suite" au tout premier roman qu'il a écrit, en 1944, "Adieux à Sheila" et qu'il refuse de mettre maintenant dans sa bibliographie car probablement jugé trop roman d'apprentissage. Cependant si vous avez la chance de le trouver chez un bouquiniste, n'hésitez pas. vous y percevrez qu'un grand romancier est en train de naitre.

Jlc - - 81 ans - 28 septembre 2005