Le diable en personne
de Robert Lalonde

critiqué par Vigno, le 27 septembre 2005
( - - ans)


La note:  étoiles
Coureur des bois
Dans un roman à la forme éclatée, Robert Lalonde nous présente l’irruption de l’étranger, héritier du coureur des bois, dans le petit monde frileux du Québec au début du siècle dernier. D’entrée, disons que le sujet a été largement exploité par toute une littérature du terroir, du Survenant à Maria Chapdelaine, en passant par Les Belles Histoires des pays d’en-haut, les oeuvres de Leclerc et Vigneault, pour ne nommer que les plus connues. Le mérite de Lalonde, c’est de renouveler la figure du coureur des bois. Ici, c’est un métis bisexuel. Il a fui une société amérindienne incapable d’évoluer mais sera rejeté par sa société d’adoption, elle aussi en deçà des aspirations du nomade.

Contrairement à certains coureurs des bois, il ne réussit guère à remettre en question un temps soit peu l’ordre établi. D’ailleurs, et c’est là une faiblesse du roman, Lalonde ne réussit pas vraiment à faire vivre ces sociétés qui l’ostracisent. Elles demeurent toujours en arrière-plan, en fond de décor tout au plus, ce qui rogne le pouvoir incisif du roman

Le Diable en personne a tout pour plaire à l’Européen qui se fait une image romantique du Québec. Bien entendu, on a l’Amérindien qui vit près de la nature, donc qui ne peut être méchant... Et il y a la nature québécoise que Lalonde décrit avec beaucoup de sensualité et de poésie. C’est bien écrit, très habilement construit et assez audacieux dans la description de l’homosexualité du héros. Ce n’est pas un grand livre, mais un bon roman qui se lit facilement.
Le jugement 9 étoiles

Une oeuvre lyrique aux chapitres éparpillés qui pourtant se tient parfaitement pour raconter le tumulte causé par l’arrivée d’un étranger marginal dans un village reculé et fermé sur lui-même. De beaux personnages ; un adolescent poète, une cousine jalouse et évidemment cet étranger métis au magnétisme puissant contraint à l’errance. Un beau roman du terroir québécois.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 31 décembre 2005