La légende d'une servante
de Paula Fox

critiqué par Zondine, le 24 septembre 2005
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Une femme brisée
Superbe roman que celui-ci qui semble pourtant passer innaperçu au yeux de la presse. L'auteur s'inspire de sa propre vie pour en faire un personnage attachant, déboussolée, droite et sincère. L'exil dans ce grand pays qu'est l'Amérique ne sortira pas cette petite Luisa de la servitude qui fut celle de sa propre mère sur leur petite île. Ce père méprisant d'un milieu supérieur ne lui donnera pas l'image d'une gagnante alors Luisa sera servante, regardera sa vie s'échapper sans avoir la force de sortir de cette image dégradante qui est la sienne. La faute à qui ? C'est tout le sujet du livre, c'est criant de vérité, d'une justesse implacable et l'écriture est d'une fluidité qui ne nous autorise a quitter ce livre que lorsqu'il est terminé.
Je reviendrai à San Pedro ! 8 étoiles

Qu'ajouter de plus au résumé d'Aria ?
Tout est dit.... ou presque .
Luisa Sanchez ( la narratrice ) passe une partie de son enfance dans le village de Malagita sur l'île de San Pedro ( Caraïbes )
Elle habite avec sa mère dans la " maison du Chinois " .
Comment oublier la terre rouge de Malagita , les bosquets de manguiers , le parfum sombre du jus de canne ,les senteurs du jasmin ?
Qui survivrait sans les odeurs de haricots noirs,le vol des oiseaux Tacos aux ailes jaunes brillantes ?
Comment se passer des parties d'échecs et de dominos; des combats de coqs ; des baisers et des câlins de Nana ?
Même les pires cyclones ne pèsent pas grand chose face à ces splendeurs...

Et pourtant , la " Révolution " pousse à l'émigration involontaire.Un exil vers les Etats-Unis ," un grand trou qui allait m'avaler !"
Luisa , l'enfant illégitime du propriétaire de Malagita, l'Orpheline , la bâtarde !
Elle vivra sa vie de femme , travaillant comme domestique ( une promesse de liberté ) , témoin silencieuse d'une société bourgeoise new yorkaise cynique .
Entre une mère qui n'aura jamais accepté l'exil et un père dont elle ne se rappelle pas qu'il lui ait jamais dit bonjour ; Luisa va connaitre les bonheurs et les gifles de la vie.
Quand à son retour à San Pedro après le terrible cyclone qui a ravagé l'île et son passé....... il faut le découvrir !

Je partage l'avis de Zondine . Etonnant que cet écrivain ne soit pas davantage connue .
Ce roman est magnifique ( surtout la 1ère partie ; son enfance à San Pedro )
L'étude psychologique des personnages est pointue. Une effrayante lucidité sur la vie , la mort et le changement .
Paula Fox signe un superbe roman.

Frunny - PARIS - 58 ans - 28 novembre 2011


Une vie de résignation 10 étoiles

Un livre magnifique.
La petite Luisa Sanchez vit dans une grande plantation de canne à sucre, sur une île des Caraïbes espagnoles. Elle est le fruit des amours d’une domestique de la plantation et de l’un des fils de la propriétaire, Beatriz de la Cueva.
Paula Fox décrit merveilleusement bien la vie d’une enfant insouciante au milieu des difficultés de la vie des adultes. Pendant que sa mère travaille pour Madame de la Cueva, elle retrouve chaque jour sa grand-mère, Nana, qu’elle aime d’un amour inconditionnel.
Son père, Orlando de la Cueva, un bon à rien, finit par épouser sa mère. Il décide d’emmener sa famille à New York. Le déracinement est terrible pour Luisa et sa mère ; là commence une longue galère pour la maman qui doit faire les petits boulots qu’elle trouve pour nourrir la famille. Orlando se contente de dénicher des appartements sordides assez grands pour pouvoir en louer une ou deux pièces à d’autres latino-américains. Luisa survit grâce à son amitié pour Ellen, une jeune noire qui a plus d’ambition qu’elle mais avec qui elle partage un sentiment d’exclusion par rapport aux Américains blancs et aisés.
Pour soulager sa mère, Luisa abandonne l’école et devient domestique à son tour, comme si c’était son destin.
Le roman couvre quarante ans de la vie de Luisa. Il est passionnant.
Paula Fox a un vrai génie pour nous entraîner dans le récit de la vie de cette femme intelligente et fine psychologue, qui ne plaint jamais. Ce qui est particulièrement intéressant c’est le regard à la fois aiguisé et compatissant qu’elle porte sur la vie de ses patrons. Pour certains, elle est presque une amie, pour d’autres, elle restera toujours la bonne.
« Mon métier ne m’a jamais paru dégradant ; j’y trouvais certaines satisfactions. Mais dépendre de la conscience qu’avaient mes employeurs de ce que je continuais à vivre hors de leur vue, de ce que l’argent qu’ils cherchaient dans le désordre de leur sac ou de leur portefeuille était pour moi vital me remplissait de rancœur refoulée ».
Comme une leçon de vie…

Aria - Paris - - ans - 24 janvier 2006