Quand j'étais sumo
de Philippe Blasband

critiqué par Kinbote, le 15 mai 2001
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Huit tranches de cake
« Le point commun de toutes ces nouvelles, c’est que ce sont des tranches de cake » nous confie Philippe Blasband, né en 64 à Téhéran, auteur de scénarios avec Frédéric
Fonteyne (« Une liaison pornographique »),de pièces de théâtre et de quatre romans.
Il nous en fait savourer huit parmi lesquelles quelques perles du genre, émouvantes et légères.
« Quand j'étais sumo » raconte la vie de l’aspirant sumo que fut le narrateur avant qu’il embrasse la carrière d’écrivain. Il établit un parallèle entre les deux activités qui jouent sur la faiblesse et le style.
« Une histoire privée » raconte les peurs d'un futur père qui apprivoise ses craintes en la matière, les dépasse pour finalement apprendre qu'il ne le sera pas.
« En exil véritable » nous raconte l'état d’esprit de ceux qui , ayant depuis trop longtemps quitté leur pays natal ne sont plus ni d’ici ni d'ailleurs mais en exil véritable. La prise de conscience se fait, d’après Blasband qui connaît bien le sujet, lorsque les melons d'Iran longtemps vantés pour leur goût unique et soudain disponibles « ne sont plus les meilleurs melons du monde, mais de bons melons parmi d’autres bons melons ».
Enfin, il y a la cerise sur le gâteau, qui s’intitule « Le nègre ». C'est en même temps qu’un portrait du monde de la bande dessinée façon Tintin un tour de force littéraire qui rendra un Noir à qui Henri Roumont, un dessinateur de renom (on pense bien sûr à Hergé), a donné sa chance deviendra le Nègre de son employeur, celui qui prête son talent afin qu’un autre paraphe ses oeuvres en se les attribuant.
A s’en régaler !
Petit bijou... 9 étoiles

Huit nouvelles s’enchaînent dans ce recueil, formant un joli collier de perles fines.
L’auteur lui-même en dit : « Ces nouvelles ont été écrites sur quinze ans.
Certaines sont de pures fictions, d’autres sont plus autobiographiques.
Ce sont les fictions qui me décrivent et me trahissent sans doute le plus ».
Nous prendre à contre-pied, voilà sans doute l’un des plaisirs de Philippe Blasband.
Cela va du sumo européen qui livre un combat au Japon, un combat « pour perdre », au policier qui se fait percer à jour par un suspect, en passant par quatre pages d'un récit qu'on assimile à un rêve et qui finalement ne l’est pas…

Huit perles que l’on caresse d'un regard attiré par leurs reflets multiples : sous le couvert de l'humour, la gravité nous surprend…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 14 juin 2003


Etre en accord avec son style 8 étoiles

Un Sumo européen se prépare à affronter les japonais chez eux. C'est courageux, d'autant qu'il ne se fait pas trop d'illusions sur ses chances de vaincre, contrairement à son entraineur qui voudrait le voir humilier les japonais. Heureusement le sumo a une bonne philosophie, qu'il applique au sumo comme à la littérature; "être gagnant ou perdant est moins important que d'être en accord avec son style".
Cela lui permet de rester digne dans la défaite et de gagner le respect du public et de ses concurrents.
Je n'ai lu que cette seule nouvelle, publiée par la communauté française dans un petit fasicule et j'apprends grace à la critique qu'il en existe un receuil. Le fait qu'elle soit autobiographique rends l'auteur bien sympathique.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 20 mai 2001