Dolmen, suivi de La demeure phréatique
de Thierry Metz

critiqué par Sahkti, le 11 septembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Beauté immobile
"Nébuleuse du poisson
La source ondule dans le fleuve
Fleuve
Nous raillions tes mutineries
A la lisière du sel
Et de la boue.
Fleuve
Dans la confluence des laves
Et du glacier.
Fleuve-méridien
Des sept continents de la nuit"

Une certaine notion de froideur, non pas dans l'émotion ressentie mais dans les mots employés par Brémond.
En premier, le titre : Dolmen
Ensuite, les mots se suivent au fil des poèmes : moraine, archive, vents, chardons, silex, craie, nuage...
A chaque texte correspond son caractère inanimé, cet immobilisme que l'auteur a figé au milieu d'êtres vivants : aimants, tambour, oiseaux, braise, étincelles...
Les textes sont beaux, fins, vivants, humains... un assemblage de pensées qui aèrent l'esprit et lui permettent de s'évader. Malheureusement, ce plaisir trop fugace ne suffit pas à emporter la mise et l'enthousiasme s'efface rapidement. Ce livre devient un livre parmi d'autres, rangés dans une bibliothèque. Je devrais, avec lui, comme avec ceux qui lui ressemblent, créer une bibliothèque spéciale "lecture d'un soir", des ouvrages qu'on ouvre à une page incertaine, des textes courts choisis au hasard, la lecture d'un poème avant de fermer les yeux pour la nuit ou avant de s'embarquer dans une journée harassante.
En ce qui concerne le travail d’édition, la qualité du papier est à souligner mais nombreux sont les dérapages d’encre, les caractères moins marqués, ce que je déplore car sur un si beau papier, épais et rugueux, empli de caractère, il me semble plus adéquat d’y marier une jolie police et une encre douce. C’est comme la couverture, on peut mieux faire, mais sur ce point, je laisse le bénéfice du doute à l’éditeur. Un dolmen, c’est gris, c’est froid, sans âme apparente, il faut le sonder. La couverture est à cette image.