Poème rouge, tome 1 : Eliska
de Joëlle Savey (Scénario), Pierre Wachs (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 11 septembre 2005
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Voyage dans l'espace, voyage dans le temps, voyage au fond de soi-même
A Prague, de nos jours, des journalistes interrogent la belle Eliska, une jeune romancière. Mais qui est donc cette belle jeune femme dont les romans témoignent de tant de connaissances ésotériques, de la Kabbale à l'alchimie? Et qui est son maître du temps, l'horloger Hans Botva? Eliska et Hans s'aiment, du plus profond de leur âme dans le vieux Prague, au son du quatuor "La jeune fille et la mort" de Schubert. Leurs liens semblent remonter à plusieurs siècles, à l'époque où dans le ghetto de la ville, un rabbin créa le Golem, une statue de boue animée de la vie. A cette lointaine époque, elle s'appelait Elina, et était la fille d'un alchimiste...
Quel rôle joue dans cette histoire la montre ancienne qui revient hanter Hans à chaque époque?
Sur ces thèmes assez mystérieux, Joëlle Savey réussit non seulement à nous passionner par une belle histoire, mais encore et surtout, par le biais des symboles, à nous transmettre un message spirituel. La tombe dans laquelle Hans est jeté par un rabbin, et dont il doit sortir sans cesse, cette montre qui le poursuit ne sont-ils pas les symboles du karma?
Certains dialogues sont d'une richesse qu'on a peu l'habitude de trouver dans une bédé. Exemple, le dialogue entre le roi et l'alchimiste:
"Que connaissez-vous de la sagesse?"
- Je ne connais d'elle, Sire, que toute la souffrance qui la précède.
Le dessin de P. Wachs est beaucoup plus beau que ce que la couverture laisse supposer, et personnellement, je le trouve très proche de celui de Juilliard.
Une bédé de grande qualité.