Le Passant du bout du monde
de Francisco Coloane

critiqué par Idelette, le 11 septembre 2005
( - 60 ans)


La note:  étoiles
En passant, en écrivant
Ici, pas de roman ni de nouvelle, il s'agit d'un récit, d'une vie. Francisco Coloane se raconte à 90 ans, son enfance sur les îles Chiloé (englouties depuis par un tremblement de terre), sa vie en Patagonie, les voyages puis l'exil et la reconnaissance internationale.

250 pages de liberté, Coloane est un "personnage", il est fidèle à la nature, à des paysages, à la mer, toujours hors des sentiers battus, toujours prêt à partager avec celui qui arrive à son bout du monde à lui (car il sait comme ça peut dur, dangeureux ou long). Il ya, en plus, dans ce livre, une émotion. Il est le dernier témoin d'un monde englouti où on allait à l'école en bateau, où les troupeaux s'étalaient sur un immense territoire délimité par la mer et battu par les vents, où la découverte et le dépaysement commençaient juste derrière la colline. Ca fait du bien !

Ce récit permet aux aficionados de retrouver un univers, une source d'inspiration et il donne une furieuse envie d'aller jusqu'en Terre de Feu !
Décevant 3 étoiles

Autant la lecture des oeuvres de fiction de Coloane m'avait enthousiasmé, autant celle du présent ouvrage m'a déçu.
On y retrouve certes quelques belles pages sur la nature grandiose et hostile du sud du Chili mais, en fin de compte, on apprend bien peu de chose sur le moi intime de l'auteur qui demeure toujours sur une prudente réserve et ne nous ouvre guère les portes de son monde intérieur. Ainsi la mort de sa mère (alors qu'il est encore très jeune) est-elle expédiée en cinq ou six lignes et celle de sa première femme ne suscite-t-elle guère davantage d'épanchements.
En revanche, Coloane ne nous épargne aucun détail d'une visite au Chili du poète russe Evtouchenko auquel il servit de mentor en la circonstance: une vingtaine de pages d'une épouvantable banalité lui sont consacrées. Et que dire des récits convenus qu'il faits de son séjour en Chine (pas la moindre réflexion politique originale) ou d'un voyage en Inde qu'on ne peut que qualifier de touristique.
Bref, lecteur passe ton chemin et ouvre plutôt les romans ou recueils de nouvelles de Coloane.

Guermantes - Bruxelles - 76 ans - 31 mai 2007