La narratrice, une journaliste de la revue Somos, est chargée de rédiger un article sur les anges colombiens qui occupent l'imaginaire et les croyances de ces habitants plongés dans un pays marqué par la violence. Dans une banlieue de Bogotá, un ange attirerait les foules, lui qui éblouit par sa beauté angélique et qui effraie par ses colères et ses transes. Le lecteur suit le cheminement de cette femme confrontée à un univers, au départ inconfortable. Elle croise toutes sortes de personnes qui deviennent sous la plume de Laura Restrepo des personnages de roman intéressants, originaux et au caractère trempé. Et quand cette femme tombera sous le charme de cet ange, la situation risque de se complexifier ...
Ce court roman prend racine dans le réalisme magique si cher aux auteurs sud-américains. On suit avec un grand plaisir ce personnage féminin dans ses découvertes. Certains passages sont quelque peu inquiétants lorsque l'auteur installe un suspense lié à la découverte de cette créature divine, d'autres sont amusants. Laura Restrepo s'est amusée à trouver des noms significatifs et comiques à ses personnages. Certaines scènes sont clairement risibles et l'on en vient à penser à certaines situations loufoques dans les romans de Zoé Valdés, comme dans "Miracle à Miami". Certains passages, extraits des textes écrits sous la dictée de l'Ange, possèdent un lyrisme et une poésie qui semblent magnifier ces croyances. Le roman se lit avec plaisir, c'est un bon divertissement qui permet tout de même de s'imprégner de l'atmosphère colombienne et du comportement des habitants.
Le titre du roman provient du début d'une prière qu'apprennent les enfants en Espagne et en Amérique du sud : «Mon ange gardien, douce compagnie, ne m'abandonne pas ni le jour ni la nuit.»
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 7 novembre 2014 |