Hollywood : La Mecque du cinéma
de Blaise Cendrars

critiqué par Sahkti, le 5 septembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
L'autre visage du cinéma
Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric-Louis Sauser, a toujours eu le goût du voyage et le sens de l'observation. En 1936, il passe deux semaines à Hollywood en vue d'y réaliser un reportage sur le milieu du cinéma. Ses notes et autres commentaires se trouvent réunis dans cette édition des Cahiers Rouges (Merci Grasset!). Une mine d'or et une foule de renseignements en tous genres relatifs à cette immense industrie du cinéma qu'est Hollywood. Cendrars parle de tout ou presque et de tout le monde, des petits boulots mal payés aux grandes stars capricieuses. Il met en évidence, si besoin en était, l'implacable mécanique qui régit ce domaine: la technique et l'argent, ingrédients indispensables pour le succès.
Pas de rêve raconté ici, pas de paillettes et d'American dream, mais une société où tout est basé sur le profit, le copinage et l'absurde. Le mythe en prend un coup mais après tout, doit-on vraiment être étonnés par ce que Cendrars nous raconte. Les faits se déroulent en 1936, il y a eu bien pire depuis dans ce milieu. Témoignage intéressant, entre autres, avec cette volonté de Cendrars de rencontrer Lubitsch au moment où la Paramount veut le virer et où le tournage de "Hotel impérial" est en grande difficulté.

"Lubitsch était le directeur de la production à la Paramount et trois jours plus tard, il était tombé en disgrâce. (...) Si un homme d'un tel poids ne pèse pas plus lourd que plume dans les décisions que peuvent prendre sans préavis les dirigeants financiers d'un trust cinématographique, vous imaginez aisément les efforts surhumains qu'un débutant doit faire pour soulever ce monde qui l'écrase et arriver à percer au cinéma."

Une autre rencontre intéressante est celle avec Wally Westmore, spécialiste de l'esthétique des visages pour le cinéma et fabricant de sex-appeal en quelque sorte.
Cendrars raconte, bien et en détails, cet univers peu glorieux qui ne l'a pas vraiment déçu mais l'a cependant refroidi. Son texte est vif et pétillant, ça fait du bien.
Envers du décor 7 étoiles

En janvier 1936, Blaise Cendrars est envoyé par P.Lazareff à Hollywood. Il rapporte de son voyage la description inattendue d'une Mecque du Cinéma dépouillée de son mythe, à cette époque où Hollywood nourrit toutes les imaginations.

Dans un texte préliminaire, Cendrars donne sa définition du bon reporter :

''Je ne prends jamais de notes en voyage. Je ne veux pas m'encombrer l'esprit de détails contradictoires. Je ne veux rapporter que l'essentiel des choses vues.''

Dans son esprit, un reporter n'est pas un simple chasseur d'images; il doit savoir capter les vues de l'esprit. Selon Cendrars, le journalisme mène à tout à condition d'en sortir.

Hollywood : La Mecque du Cinéma marque, comme Rhum (1930), Aujourd'hui (1931) et Histoires vraies (1937-1940), marque une époque de transition dans son oeuvre. Le poète se fait davantage raconteur, témoin de ce qui l'entoure dans la vie. Peu à peu, sa littérature se tourne vers l'oralité.

Et pour notre plus grand plaisir, il dévoile, ici, l'envers du décor de Hollywood à travers de multiple portraits et caricatures.

DomPerro - - - ans - 2 novembre 2006