Le crime était presque sexuel : Et autres essais de casuistique juridique
de Marcela Iacub

critiqué par Mieke Maaike, le 2 septembre 2005
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Masturbations juridiques
Vous savez certainement que les personnes valides peuvent avoir des relations sexuelles entre elles. Vous savez peut-être que les personnes handicapées mentales peuvent également avoir des relations sexuelles entre elles. Mais savez-vous qu’une relation sexuelle entre une personne valide et une personne handicapée mentale est d’office considérée comme un « viol aggravé » ? Au regard de notre droit, dans ce cas, ce qui rend le crime possible, ce n’est ni l’absence de consentement, ni la surprise, ni la contrainte, ni la menace, ni la violence. Ce qui rend le crime possible, c’est… la différence de quotient intellectuel entre les deux partenaires.

Marcela Iacub, juriste et chercheuse au CNRS, nous livre un essai rassemblant une série d’articles sur la façon dont le droit régit (mal…) le sexe. A travers l’histoire juridique du viol, le mariage des impuissants, le sexe des imbéciles, la prostitution, l’interdiction de la procréation pour les couples homosexuels ou encore l’analyse des campagnes contre le sida, M. Iacub démonte pièce par pièce notre assemblage juridique qui semble a priori être pétri de bon sens, pour en arracher l’exception mettant en lumière ses contours les plus liberticides. A partir des lois et de la jurisprudence, elle démontre que notre société, pourtant individualiste et héritière de la Révolution sexuelle, ne s’est pas débarrassée d’une morale sexuelle à certains égards digne de l’Ancien régime. Elle s’intéresse également aux questions bioéthiques, domaine dans lequel le législateur a beaucoup de mal à légiférer sereinement, raisonnablement et, surtout, courageusement.

Ce livre est passionnant et interpellant, mais malheureusement écrit sur le mode « les juristes parlent aux juristes », ce qui le rend très difficile d’accès aux non-juristes, du moins aux personnes n’étant pas familières des concepts juridiques et du langage abscons des théoriciens du droit.

Mais, heureusement, Marcela Iacub a écrit d’autres livres aussi passionnants et bien plus accessibles, que je me ferai un plaisir de vous présenter…
Le sexe et le droit 8 étoiles

L'auteure compile une série d'articles qu'elle a consacrés au traitement de la procréation et des relations sexuelles dans le droit, afin de nous interroger sur la symbolique et l'effet du droit sur nos comportements.
Ainsi des questions sont posées à cette fin. Les couples non fertiles ont-ils droit au mariage, puisqu'ils ne peuvent pas procréer ? et faut-il distinguer les hétérosexuels infertiles des homosexuels ? Qu'en est-il ainsi de la procréation médicalement assistée et de la gestation pour autrui ?
La prostitution doit-elle autorisée ? et sous quelles conditions ? La contraception et l'avortement doivent-ils être autorisés ?
Ainsi quand la vie et la mort doivent-elles considérées ? et le clonage doit-il être autorisé, notamment dans son versant reproductif ?
Quel crédit faut-il apporter, dans chacun de ces débats aux féministes et pro-LGBT ?

L'auteure assume, dans chaque article, ses prises de positions, souvent singulières, toujours sincères et respectueuses, et permet à chacune et chacun de se positionner en connaissance de cause, via des lectures argumentées. C'est assez bien fait, outre le fait que tout n'est pas actualisé.

Veneziano - Paris - 46 ans - 22 juillet 2023