1979
de Jean-Philippe Blondel

critiqué par Clarabel, le 30 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Un roman - puzzle
Dans un quartier paisible, le voisinage se surprend un matin à lire l'inscription "1979" sur le mur d'une maison abandonnée depuis le décès de son propriétaire. A quoi correspond 1979 ? Une date ? Pour qui, par qui, pourquoi ? Autour de ce symbole peint en rouge, neuf personnes vont se souvenir et aussi paniquer, divaguer, refuser ou envisager un avenir différent. "Pourquoi une date, soudain, s'enfonce dans leur peau jusqu'à faire sortir le sang" ?

En 1979, année politiquement et socialement creuse, une année vraiment insignifiante, sauf pour neuf personnes car pour eux elle rappelle un mariage, une mort, un accident, un abandon, une naissance, qu'importe... Ce sont des petits riens de la vie, et aujourd'hui ces quarantenaires se retrouvent dans un pub pour une espèce de commémoration à cette année désormais symbolique, jusque là refoulée dans les esprits. J'apprécie ce principe de partager les pensées et le bout de vie de plusieurs personnages, comme pour "Accès direct à la plage". Au départ le principe est déroutant car le panel est large, confus avant d'être adopté. Puis, ce roman se lit et est construit comme un puzzle, et c'est au fil des pages qu'on effeuille les couches dont s'enveloppent les hommes et les femmes de ce roman. Ils sont tous plus ou moins attachants, entachés de secrets - on s'en rend compte. Et finalement ce qui paraissait anodin devient, au fur et à mesure, consistant et crucial pour l'épilogue ! J'étais une nouvelle fois charmée par cette histoire de Jean-Philippe Blondel, un auteur décidément généreux et qui ne roule pas des mécaniques - j'apprécie beaucoup !
un roman puzzle bien ficelé 8 étoiles

La construction de ce roman rappelle celle d’Accès direct à la plage : au départ on se sent un peu perdu, on passe d’un personnage à un autre, on change d’époque, mais on sait que peu à peu le puzzle va se reconstruire. Et à la fin on relit le 1er chapitre, oui, tout se tient, et c’est bien mené !
Quand un beau matin les habitants découvrent qu’un mur du quartier a été tagué de cette seule date : 1979, ils s’interrogent : qu’est-ce que cela signifie ? Qu’a-t-on voulu leur rappeler ? Quels fantômes vont ressurgir ? Et chacun de revenir sur son passé, ce qu’il faisait, en 1979. Blondel a cette capacité toujours étonnante et réussie d’endosser la peau de personnages différents, hommes, femmes, et de créer une histoire à partir de tranches de vie très variées.
Encore un roman que j’ai beaucoup aimé !

Laure256 - - 52 ans - 15 juillet 2008


Une ville de province... 6 étoiles

Construction similaire à son premier roman, Accès direct à la plage, 1979 nous entraîne plutôt dans une sorte de jeu de piste.
Qui a donc tagué cette année sur le mur d'une maison de Troyes en 2003, et pourquoi ?
Et pourquoi également tant de gens se sentent-ils interpellés par cette date pourtant tout à fait anodine, pas représentative de quelque évènement important que ce soit ?...
Vous le saurez à la toute fin du roman, sans qu'à aucun moment vous ayez pu l'anticiper.
Pour autant avez-vous vraiment besoin de le savoir ?.... Rien n'est moins sûr, tant le charme du livre réside uniquement dans le ton de Jean-Philippe Blondel, dans sa narration hachée et triste.
Petit livre qui se lit très vite, mais qui dégage beaucoup de gris, qui n'est pas ma couleur préférée...

Cuné - - 57 ans - 25 octobre 2005


Fidélité de construction 6 étoiles

On pourrait penser qu’il s’agit d’un recueil de nouvelles liées juste à cette année 1979.
Ce livre est en effet une succession de petites histoires, non dépourvues d’humour pour certaines, de personnages totalement différents qui se remémorent respectivement des évènements de leur vie durant cette année 1979.
Ce que le lecteur va faire aussi si tant est qu’il la vécût et qu’il s’y passât quelque chose.
Petit à petit ces histoires successives finissent, pour certaines, par se relier alors que d’autres resteront totalement parallèles même si l’une d’elle les réunit.
Dans cette construction, certains retours en arrière s’imposent afin de ne pas se perdre et de retrouver le fil.
Bien que l’épilogue soit effectivement assez intense, l’ensemble me paraît tout de même plus décousu et moins consistant que “Accès direct à la plage” (un des précédents livres de J.P. Blondel). Il est probable aussi que de lire ce deuxième livre relevant du même type de construction on veuille trop vite lier l’ensemble ce qui est peut-être une erreur. Il serait bon d’avoir l’avis d’un lecteur n’ayant pas lu le précédent.
Un bien bon moment tout de même, fidèle à l’écriture très plaisante de cet auteur et à ses constructions originales !

Voni - Moselle - 64 ans - 26 septembre 2005