Le Violoniste
de Max Genève

critiqué par Sahkti, le 30 août 2005
(Genève - 50 ans)


La note: étoiles
Un nègre est-il un écrivain?
Thomas est un jeune homme tranquille et sans soucis, qui travaille dans une compagnie d'assurances tout en étant écrivain. Un auteur pas vraiment connu auquel une maison d'édition propose un jour de devenir le nègre d'un célèbre violoniste, Sacha Winter, aussi connu pour son talent que pour ses caprices. L'artiste vit à Rolle, au bord du Léman. Thomas prend congé des assurances et s'installe dans la demeure du musicien, il consigne ses souvenirs d'enfance, découvre la famille mi-allemande mi-polonaise qui a émigré à Zurich et tombe sur un carnet de notes ayant appartenu à Joseph, le frère de Sacha, un écrivain sans gloire admirateur de Nabokov.
Court roman plein de vie et d'interrogations, en particulier celle de la frontière entre écrivain pour soi et écrivain pour les autres. Est-ce vraiment écrire que raconter à la place de quelqu'un d'autre? Doit-on considérer cela comme une création littéraire? Un nègre est-il un écrivain? Thomas se pose beaucoup de questions, réfléchit sur son statut et sa carrière, d'autant plus que l'éditeur lui ayant commandé son travail ne lui facilite pas la tâche. Les désavantages du métier sans la reconnaissance, cela peut- être frustrant.
Deux vies s'entrecroisent, celle de Sacha Winter racontée par Thomas et celle de l'auteur-nègre. Deux parcours qui se mêlent en de nombreux aller-retours (accentués par les aller-retours que Thomas effectue entre Rolle et Paris, cela crée un incessant effet de va et vient qui apporte une certaine force au texte) et un écrivain qui ne l'est plus vraiment et le redevient en même temps. Max Genève a une écriture dense et légère qui sied parfaitement à cette histoire et lui permet de ne pas tomber dans la confusion entre deux personnalités.
J'ai apprécié le propos sur ces écrivains de l'invisible, aussi puissants que ceux qui passent à la télé.