Factotum
de Charles Bukowski

critiqué par Pétoman, le 10 mai 2001
(Tournai - 49 ans)


La note:  étoiles
Le Gainsbourg américain
Tout le monde se souvient de Bukowsky fin saoul chez Pivot à la fin des années '70, c'est ce qui me fait dire, que d'un point de vue médiatique, il est un peu le gainsbarre des ricains.
Mais dans l'écriture aussi, on ressent un côté assez provoc', assez argotique qui a du en choquer plus d'un en outre-atlantique.
Factotum, c'est l'histoire - ou les histoires - d'une ou des errance(s) d'un homme qui voyage de ville en ville, qui fait de petits boulots en petits boulots en s'amusant bien: orgies sexuelles, alcooliques...
A tous ceux qui ont réalisé des jobs ingrats, à tous ceux-là, je leur conseille de lire ce livre, à tous ceux qui ne se prennent pas au sérieux, je conseille de lire ce livre... car ce livre, c'est métamorphoser la désinvolture en grand art... car dans quel style c'est écrit, magnifique... Charly fin saoul, c'est la culture dite "underground" américaine, enfin un anticonformiste dans le pays de la courbe de Gauss ..
Et oui, je crie au génie... 10 étoiles

Génial, voilà un auteur qui m'a bouleversé. Ce mec écrivait avec une énergie incroyable. Qui pourrait croire que son écriture est simpliste et sans relief; ce qu'il y a dans son écriture des caisses écrivains ne l'ont jamais atteint et se sont tournés vers une version alambiquée où on cherche à atteindre l'émotion à chaque tournure de phrase, où la beauté et la laideur des choses n'est pas dans la vérité mais dans les mots. Chez Bukowsky la vérité et l'émotion vous sautent à la figure quand on s'y attend le moins, c'est là que la beauté réside et non dans une métaphore...

Charlie6 - - 39 ans - 12 mai 2009


Poésie moderne? 8 étoiles

Bukowski montre que son écriture est atypique et singulière par une composition et une présentation crues des faits de la vie de tous les jours.
Là où n'importe quel auteur aurait romancé l'histoire de Chinaski, armé de belles métaphores, de descriptions poétiques des rapports humains et plus particulièrement sexuels, Bukowski nous la raconte le plus naturellement possibles.
Car non, le chômage ne peut pas être raconté poétiquement, ni la précarité des boulots misérables, ni les relations sales et sordides. On ne peut traiter de tels sujets que comme Bukowski les a traités.
Là réside la singularité de son écriture et on comprend qu'elle peut déranger chez les gens qui préfèrent les doux euphémismes là où ils sont inutiles et font perdre le sens du propos initial. L'onirisme soporiphique n'a pas sa place ici.
Avec Chuck Palahniuk (au style très proche), un des meilleurs auteurs américains.

Suspicious Character - - 39 ans - 24 mars 2008


Un très grand Bukowski 9 étoiles

Dans ce livre Bukowski construit sa légende, une légende boueuse et noire. On suit les pérégrinations d'un Chinaski quasi Christique et nietzschéen dans des États-Unis au bord de l'explosion. La société ne sort pas indemne d'un roman du vieux Buk, nous non plus. Le style est maîtrisé, pur, brutal comme un diamant brut. La rage de vivre du vieux dégueulasse est palpable plus que jamais avec factotum, ce livre est facile à lire, alors pourquoi s'en priver.

Bukowski est le Céline américain, sauf qu'il est humain, peut-être même trop dans cette société où l'humain et peu à peu effacé, où sa qualité d'humanité lui est enlevée, à travers l'aliénation au travail, à travers son rapport au sexe et à l'amour qui devient un produit de consommation comme un autre, et à travers son rapport à la littérature et à la poésie, qu'on ne reconnaît plus qu'à la médiatisation d'un personnage qu'est un auteur.

Les lectures s'enchaînent, Buk nous a quitté, ses écrits sont là pour nous rappeler avec violence que la réalité concrète était bien souvent plus proche d'un étron qui flotte dans la cuvette des toilettes que des comédies sentimentales américaines.

À lire ABSOLUMENT

Gramsci - - 39 ans - 27 juillet 2007


Sssss lvvvvvr tn cccccp ppppppgh dsstt mmmmmmmmaaarghh 8 étoiles

Sssss lvvvvvr tn cccccp ppppppgh dsstt mmmmmmmmaaarghh

Pffff, je reprends mon souffle.

Je disais : Ce livre est un coup de poing dans l’estomac.

Parti de nulle part, revenu de tout. Les pérégrinations de Henry Chinaski entre boulots de merde et piaules minables ne mènent à rien. Mauvais whisky, mauvais sexe, mauvais vin se succèdent. Cela pourrait se résumer à pas grand-chose, mais c’est parfois dans ces petites choses minables que se découvre la nature humaine.

Un factotum c’est un homme à tout faire, un va-chercher (du latin facere totum, j’ai regardé dans le dico). Le mot m’avait fait penser aussi à « facts », les faits. Et le style de Bukowski est en effet très factuel. J’aime ce genre de style direct et vivant, presque oral, qui colle bien au personnage. Il y a un art véritable dans cette technique épurée, qui va à l’essentiel. Par petites touches, l’air de rien, Bukowski arrive à nous faire pénétrer ce personnage et ressentir son fatalisme.

Le personnage de Chinaski, bien que peu aimable, a manifestement touché un point sensible chez moi. Bon, j’ai toujours eu de la sympathie pour les paumés, c’est vrai.
Pour Chinaski, les gens réels (comme il dit), la vie réelle sont un univers parallèle qu’il perçoit comme dans un rêve et pour lequel il n’a aucune attirance. Et il nous embarque dans son rêve (ou son cauchemar si vous voulez), une sorte de perpétuelle fuite en avant.

En lisant ce bouquin, j’ai été pris d’une envie irrépressible de boire du whisky. Peut-être parce que Bukowski rime avec Whisky ? Non, trop facile ! Plutôt parce que cette lecture réveille le Mister Chinaski qui sommeille chez le Docteur Zaphod. On se donne des raisons (famille, travail, …) de continuer à lutter pour surnager au jour le jour, mais ces raisons seront-elles toujours suffisantes ? Rien ne dit qu’un jour, on ne lâchera pas prise, et quand on commence à couler, ça peut être très dur de revenir à la surface.

Mais vous savez le pire ? A un moment, il y a une scène avec les parents de Henry, et en tant que parent moi-même, je me suis mis à compatir au sort de ces deux ringards coincés ! C’est bien la première fois que ce genre de truc m’arrive en lisant un bouquin. C’est le début de la vieillesse. Putain !

Zaphod - Namur - 60 ans - 16 février 2006


tant qu'à faire 8 étoiles

Au vu de toutes les critiques éclairs déjà écrites, je ne puis résister au plaisir d'y ajouter la mienne... De Bukowski, j'ai lu Hollywood, les Contes de la Folie Ordinaire et sa suite, les Nouveaux Contes... et force m'est d'admettre que j'aime bien. C'est simple et facile à lire, mais on y retrouve malgré tout une certaine profondeur, une vision claire de la société dans laquelle il vit. N'ayant pas lu Gainsbourg, j'aurais plutôt tendance à rapprocher Bukowski d'Henri Miller ou de Donleavy (dans l'Homme de Gingembre, très bon roman). Tous cultivent en effet ce goût pour la provocation, ils sont les meilleurs, ont eu toutes les femmes du monde, etc... c'est simpliste, oui, bien sûr... et c'est limitatif ! Mais cela n'enlève rien à la qualité de l'écriture.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 21 mai 2001


Tout à fait d'accord quant aux auteurs français 5 étoiles

J'opine et applaudis des deux mains quant à la pauvreté actuelle de la littérature française... Elle peine à ne plus en pouvoir à force de tourner en rond ! A quelques rares exceptions près, on dirait que ces auteurs se grattent jusqu'au sang pour finir par découvrir qu'ils saignent et décrire ce merveilleux mystère...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 20 mai 2001


Un humble avis 7 étoiles

Je n'ai pas lu Factotum, mais je suis en train de terminer les Contes de la folie ordinaire, et je dois dire que j'aime bien l'écriture de Bukowski.
Ce n'est peut-être pas un "grand écrivain", dans le sens puriste du terme, mais la société qu'il décrit est vachement bien caricaturée, et surtout, l'humour et l'auto-dérision sont tout le temps présents.
Et puis, certaines phrases, cachées au milieu de mots ou de scènes obscènes, sont vraiment poétiques! Oui oui, vous avez bien entendu: Bukowski, c'est un poète. Un poète un peu bizarre, mais un poète quand même. Et puis, quand on voit les auteurs qui reçoivent des prix littéraires en France, à l'écriture pâlichonne et dont les histoires font bailler d'ennui, on se dit que Bukowski, lui au moins a du relief!

Sorcius - Bruxelles - 54 ans - 18 mai 2001


précision 10 étoiles

juste une précision, j'ai dit que gainsbourg et buk se ressemblaient D'UN POINT DE VUE MEDIATIQUE, et puis l'un et l'autre peuvent avoir du talent!!!!!!!!!!!!!!

Pétoman - Tournai - 49 ans - 18 mai 2001


Assez d'accord 5 étoiles

Je suis d'accord avec Leura quant à sa façon de voir un éventuel rapprochement entre Gainsbourg et Bukovski. Dans "Le Postier" j'avais trouvé une certaine description de la société qui n'était pas sans intérêt. Il y a aussi un profond désespoir chez lui, mais dans ses autres livres,il ne se transforme qu'en propos de sexe, de bidet et d'alcool... C'est assez vite lassant. Gainsbourg nous a donné des poèmes aussi beaux que "Amour des feintes", "L'anamour", "Les dessous chics" et combien d'autres ! John Fante a fasciné Bukowski, lui a révélé une autre façon d'écrire, mais il avait un bien plus grand talent ! La rage et le désespoir ne créent pas automatiquement des Fante, des Céline, des Rimbaud. Bukowski n'avait pas beaucoup plus que son désespoir et son goût pour la provocation. Un style, oui, mais faut-il encore avoir du génie et des choses à communiquer. Céline haïssait autant la société que Bukowski, mais avec combien plus de talent !... Combien plus de choses à en dire... On palpe ses colères, on les vit de l'intérieur, avec Bukowski on se contente de refermer le livre avec une gueule de bois comme celle qu'il trimballait en permanence.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 18 mai 2001


Mais non, rien à voir avec Gainsbourg! 2 étoiles

La comparaison entre Bukovski et Gainsbourg ne tient pas la route. Bien sûr, ils étaient tous les deux alcoolos, et ils aimaient faire étalage d'un certain côté crado, mais est-ce que cela suffit pour comparer un authentique artiste comme Gainsbourg à un personnage comme Bukovski? Gainsbourg a composé de véritables chefs d'oeuvres de la chanson française, qui sont des petites merveilles de poésie, alors que l'autre se vautre dans le glauque et le sordide, sans la moindre nuance d'humour qui le rendrait supportable.
Gainsbarre était un provocateur, ce qui était pour lui l'ultime élégance d'un dandy vieillissant, là où Bukovski n'est qu'un... pétomane d'arrière salle de bistrot.

Leura - -- - 73 ans - 18 mai 2001


Un style ? 6 étoiles

Selon moi, il est exact que Bukowski a vraiment un style. Je n'ai pas lu le livre dont il est question ici, mais j'en ai lu plusieurs autres dont "Pulp" (son dernier livre) où il est question de Louis-Ferdinand Céline. On aime ce style ou non, mais pour moi il y en a vraiment un. C'est comme pour Céline, ça passe ou ça casse !... Même si je ne mets pas du tout ces deux écrivains sur le même pied dans l'ordre de mes préférences.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 17 mai 2001


steal style 10 étoiles

Comment pas de style??? n'importe quoi, justement même si il ne plait pas, il y en a un...comment peut-on dire cela? Bukowsky nécessite qu'on le lise avec autre chose qu'une lecture primaire: avant tout, quelque part, c'est la société américaine qu'il décrit...

Pétoman - Tournai - 49 ans - 17 mai 2001


c'est nul 1 étoiles

C'est nul, c'est archi nul, et c'est trop nul! Je ne comprends pas comment on peut aimer ce livre. C'est écrit de façon vulgaire, Bukowsky n'arrête pas de lâcher des gros mots dans son texte, et en plus, c'est écrits dans un style lourd et lent. Quand j'ai du lire ce livre pour l'école, j'ai cru ne jamais arriver au bout.

En plus, l'histoire est pas géniale. Il ne fait que raconter ses petites mésaventures dans ses boulots. Il n'y a pas d'intrigue, pas de suspens et pas de style.

Julie - Mussidan - 46 ans - 17 mai 2001