Corps étranger
de Didier Van Cauwelaert

critiqué par Bluewitch, le 9 mai 2001
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Un très bon roman!
Pris dans les engrenages du désespoir à la mort de sa femme, un critique littéraire se recrée une autre personnalité au travers du pseudonyme de son unique roman, oublié depuis 20 ans.
Frédéric Lanhberg, critique littéraire grinçant et redouté, voit sa vie perdre tout son sens lorsque sa femme Dominque décède suite à un accident de voiture. N’acceptant pas cette brutale solitude, il tente par tous les moyens de la garder aussi réelle que possible, cultivant son souvenir comme une présence diaphane dans leur appartement.
Jusqu'à ce qu'il découvre cette enveloppe jaune dans sa boîte aux lettres. adressée à Richard Glen. Ce brusque rappel du passé lui est flanqué au visage comme une douche froide. Richard Glen, c'est le pseudonyme que lui et Dominique avaient utilisé pour leur roman à quatre mains « la Princesse des sables », écrit il y a plus de 20 ans et passé presque inaperçu.
L’auteur de cette lettre est une jeune étudiante brugeoise, Karine. Frédéric est étrangement ému par cette lettre, rattrapé par un passé dont Dominique lui reprochait implicitement de s’être si facilement détaché, dénaturé.
Absorbé par la tentation d’offrir son corps à une autre personnalité, celle de Richard Glen, Frédéric se laisse envahir par cet autre lui qui prendra peu à peu le dessus et l’aidera à se créer tel que Karine l'imagine.
Cette dernière lui est-elle envoyée comme un signe par Dominique ? A la découverte d'une autre partie de lui-même et d'un nouvel amour, Frédéric/Richard va se retrouver au centre d'une réelle remise en question.
Comme on le sait, la première ligne d’un roman est souvent le signe annonciateur de ce qu’il nous apportera. Souvent banale, elle est pourtant pleine de finesse et se fait élément accrocheur chez quelques bons écrivains, comme c'est le cas ici : « Depuis que j'avais renoncé à faire quelque chose de ma vie, je me contentais d'être quelqu'un. Autrement dit, je renvoyais l'image qu’on m'avait collée ». Cette phrase en dit beaucoup sur ce livre passionnant qui mérite vraiment qu’on s'y attarde.
Parcheminé de phrases subtiles qui valent réellement la peine d'être lues, relues même, ce roman émouvant (attention, je ne parle pas de verser dans le sentimentalisme !) sur la quête d'une identité perdue est un bonheur de lecture. Intelligent, vrai et juste, il se lit vraiment sans le moindre ennui, chaque page est un plaisir.
Les personnages sont intéressants, attachants. Frédéric se drapant de ces particularités de Richard qu'il crée au gré des situations qui s'enchaînent, chaque complexité de sa nouvelle personnalité trouvant un sens dans la vie et l'amour qu’il a menés jusqu'alors, voilà tout un ensemble de détails qui font de ce livre un excellent roman que je n'hésiterai pas à conseiller. Il faut se créer sa propre personnalité avant que la vie ne s'en charge pour vous, et pas forcément par le scénario idéal.
Quoi que l’on dise, quoi que l’on pense, Didier Van Cauwelaert est un écrivain de talent !
Beau à en pleurer.. 10 étoiles

Je n'ai pas osé terminer la lecture de ce livre dans le métro, au vu de tous mes congénères, parce que je sentais que la fin allait être tragique, et que, sentimentale comme je suis, j'allais verser ma petite larme.
Bien installée sur mon lit, chez moi, j'ai donc terminé les dernières pages qui me restaient...
Quel talent ! Merci Mr van Cauwelaert, pour ce moment de pur bonheur que vous m'avez fait vivre, merci pour ce roman si bien écrit, pour ces mots que vous mettez sur les sentiments.
J'en suis encore toute retournée. Rares sont les livres qui me font cet effet-là...
Un chef d'oeuvre !

Muchado - Paris - 43 ans - 6 septembre 2006


Un livre vraiment bien rempli d'émotions! 8 étoiles

J'ai vraiment adoré ce livre. On se plonge facilement dedans et le style de l'auteur me plaît vraiment. Je n'ai aucun mal à me sentir "dans" le livre.
Je trouve qu'on ne s'attend pas du tout à la fin... Il nous écrit ça comme ça... J'ai du relire deux fois pour être sûr de ne pas avoir loupé quelque chose. J'aurais préféré une fin différente. Mais celle-ci est très bien... Et elle tout aussi émotive... Et au moins on n'a pas la fin que l'on croit mais une fin tout aussi bien...

Benoit00770 - - 35 ans - 26 juillet 2006


accroche difficile 6 étoiles

Fan de cet écrivain que j'ai découvert depuis peu, je découvre ses romans dans le désordre mais avec "corps étranger" j'ai eu un peu de mal à accrocher et me suis ennuyée sur certains passages au début. J'ai quand même eu beaucoup de plaisir à le lire , la facilité à laquelle Frédéric devient Richard et glisse d'une vie à l'autre au gré de ses envies et de ses états d'âme. Beaucoup d'émotion au final et une très belle histoire d'amour.

Chrisair - Yvelines - 47 ans - 13 septembre 2005


Splendeur 10 étoiles

Voici le deuxième livre que j'ai lu de Didier Van Cauweleart et je suis à nouveau sous le charme de la plume. J'ai profité de mes vacances pour le lire et je l'ai dévoré en deux jours. Les mots sont spontanés, l'histoire spéciale et belle, les personnages intéressants... Bref un livre qui a satisfait ma faim de lecture et qui en satisfera certainement d'autres.

Calou - - 36 ans - 30 août 2005


Il m'a encore captivée... 8 étoiles

... DWC. C'est le 3ème roman que je lis de lui et il y a toujours cette subtilité à décrire les sentiments et rapports amoureux. Tout est juste, émouvant.
Par contre, contrairement à d'autres personnes d'après ce que je lis sur les critiques, c'est tout le début qui m'a un peu endormie. L'histoire avec Karine arrive finalement très tard, et par moment je trouve qu'il y a du blabla inutile. Mais passé ça, l'histoire m'a captivée et j'ai encore eu du plaisir à lire cet auteur.

Kreen78 - Limours - 46 ans - 3 mars 2005


Un début superbe... 7 étoiles

Je suis une inconditionnelle de Didier Van Cauwelaert, et pour une raison ou une autre, je n'ai lu "Corps étranger" que très tard.
Les cinquante premières pages de ce roman sont bouleversantes de justesse. On devient Frédéric Lahnberg à travers la souffrance causée par la perte de sa femme. C'est une excellente introduction à un roman qui aurait pu devenir une merveille façon de traiter le deuil d'un être cher. Mais voilà, pourquoi vouloir que Frédéric se transforme en Richard, un personnage qui devient détestable, voire malsain avec les pages. Je ne crois pas que c'est ce que Dominique voulait... pourquoi ne pas avoir exploité l'ingénieuse idée de la mémoire de la machine à écrire d'une façon différente ?
Malgré le talent indéniable d'écrivain de Didier Van Cauwelart, ce roman me laisse une impression de "où voulait-il en venir ?". Peut-être le début était-il trop beau pour avoir une suite à sa hauteur ?

Lynn78 - - 46 ans - 12 février 2005


Trop lent à mon goût 5 étoiles

Les quelques 60 premières pages du roman, exceptionnelles de justesse, de rythme et de style, m'ont amèrement fait regretter que les 360 qui les suivaient ne fussent pas du même tonneau. Est-ce pour nous préparer à certaines longueurs qu'il fait référence aux « jeunes filles » de Montherlant ? Van Cauwelaert est un des auteurs les plus doués de sa génération, c'est le premier de ses textes qui m'ennuie, ce qui n'enlève rien à ses qualités.

Miriandel - Paris - 63 ans - 17 août 2004


Un peu déçu 6 étoiles

Oui, un bon écrivain, mais maintenant il se répète. Je ne retrouve pas ici l’ampleur du propos qu'il y avait dans « La vie interdite » et je me permettrai de citer une phrase d’un autre de ses livres, « Les vacances du fantôme », pour signifier ce qui m'énerve un peu chez lui : « (…) rien n'étant plus monotone que l'extravagance attendue ».

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 4 décembre 2001


On voudrait y croire... 6 étoiles

Que faire après la mort d'un être cher ? Mourir ou renaître ? Se trouver ou se fuir ? Frédéric choisit de se fuir. On suit d'abord le héros dans ses atermoiements. Accomplit-il un travail de deuil ou glisse-t-il dans la schizophrénie ? Car à force de marcher à côté de ses pompes, on risque de rencontrer une âme-soeur qui en fait autant. Que faire alors ? S'échanger les pompes ou vivre un amour de substitution, voir l'être disparu dans le regard de l'autre en prétextant qu'on n'est pas soi-même ? Dangereux dédouanement... Un peu trop romanesque à mon goût. Sans aller jusqu'au rejet, je n'ai pas totalement pu assimiler ce "corps étranger". Il reste que, pour un auteur, imaginer que son héros en imagine un autre, cela rappelle au lecteur le trouble que l'on ressent lorsqu'entre deux miroirs, on voit son image reflétée à l'infini.

Persée - La Louvière - 73 ans - 6 août 2001